Africa-Press – Gabon. Après le «prison break» mettant en scène, le 25 juillet à Tchibanga, près d’une cinquantaine de policiers ayant sorti de prison par la force un officier de police, le Commandement en chef des Forces de police nationale a très vite commencé à en tirer les conséquences. Si Les premières têtes sont tombées quelques heures après ces échauffourées d’«un autre genre», des questions surviennent également quant au timing de ces sanctions.
Dans la perspective des procédures disciplinaires initiées à l’encontre des officiers des Forces de police nationale en fonction dans la province de la Nyanga (Tchibanga), et tenant compte des nécessités de service, le Commandant en chef des Forces de police nationale (FPN), Serge Hervé Ngoma, général de division, a adopté des mesures conservatoires en suspendant de leurs fonctions, le 25 juillet, quatre hauts gradés. Ce, dans l’attente des conclusions du Conseil d’enquête sur les faits s’étant déroulés dans la province australe du pays.
Le colonel Abraham Elanga, directeur régional des Polices urbaines sud, les commandants Jean Martin Litouki et Hugues Noël Ekang Ekomie, respectivement Commissaire central de Tchibanga et Chef d’antenne Police judiciaire (PJ) de Tchibanga, ainsi que le Chef d’antenne de l’Office central de lutte anti-drogue (Oclad), Levy-Gaël Moussavou-Mbongo, sont les premières victimes des mesures provisoires adoptées. La hiérarchie des FPN précise que «les policiers visés (…) sont mis, toutes affaires cessantes, à la disposition de l’Inspection générale des Forces de police nationale pour les besoin des enquêtes en cours»
Il est en effet question de faire la lumière sur le grabuge orchestré, dimanche à Tchibanga, par un commando d’une cinquantaine de policiers ayant fait évader, coups de feu à l’appui, le patron local du Cedoc (ancienne appellation des services de la Documentation et de l’immigration) du pénitencier de la Nyanga. Patrick Moubogha, chef d’antenne des services de la DGDI dans la localité avait en effet été placé sous mandat de dépôt, le 23 juillet, par le procureur de la République de Tchibanga pour complicité de violence et voies de faits. (Lire, «Western époustouflant à Tchibanga : Prison Break pour un commandant de Police»)
En attendant les conclusions de l’enquête l’ayant lui-même conduit à faire le déplacement de Tchibanga, le Commandement en chef a annoncé que l’intérim du directeur régional des Polices urbaines sud, du Commissaire central de Tchibanga et des Chefs d’antenne de la Police judiciaire et de l’Office central de lutte anti-drogue (Oclad) devront incessamment être annoncés par la Direction générale de l’organisation et des personnels en vue de la continuité du service.
Des questions se posent tout de même : Serge Hervé Ngoma, le chef de la police nationale, n’est-il pas allé trop vite en besogne ? Sa note a été signée le dimanche 25 juillet, donc le jour même des évènements déplorés, alors qu’il avait entrepris de descendre sur Tchibanga. Pourquoi avoir sanctionné les hiérarques de la police provinciale nynoise sans les avoir au moins entendus au préalable ? Le commandant en chef des FPN cherche-t-il à se couvrir ou à se donner bonne conscience ? Le commando de la prison de Tchibanga a-t-il vraiment pu s’organiser et agir sans ordre des plus hautes autorités ? Que dit le ministre de l’Intérieur ? Va-t-il laisser faire ?