Santé mentale : Elle se bat pour ‘Une nouvelle vie’ des malades psychiatriques

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Santé mentale : Elle se bat pour ‘Une nouvelle vie’ des malades psychiatriques
Santé mentale : Elle se bat pour ‘Une nouvelle vie’ des malades psychiatriques

Africa-Press – Gabon. Figure emblématique dans le combat pour la reconnaissance et le traitement approprié des troubles mentaux au Gabon, Marie Wilma Sickout Assele est porteuse d’une histoire personnelle avec la dépression. Elle a notamment initié l’ambitieux projet «Une nouvelle vie», étouffé dans l’œuf malgré une convention signée avec le ministère de la Santé. Alors que la Journée mondiale de la Santé mentale approche, elle partage avec GabonReview son expérience personnelle, ses observations sur la situation au Gabon, et ses ambitions pour une meilleure prise en charge des malades mentaux trop souvent marginalisées.

Les arts décoratifs africains la fascinent mais la santé mentale cristallise son attention. Ayant souffert de dépression, elle en a écrit le livre «Au nom de la vie» et créé la fondation Gertrude François. Lancée pour aider les personnes en situation de grande fragilité, la fondation est porteuse du projet «Une nouvelle vie». Ambitieux, il fut étouffé dans l’œuf pourtant une convention avait été signée avec le ministère de la Santé. Y consacrant toujours son énergie, elle espère avoir l’appui des autorités de la transition pour son éclosion tant il se positionne comme une réponse à la prise en charge des malades mentaux au Gabon. En prélude de la journée mondiale de la Santé mentale, Marie Wilma Sickout Assele a répondu nos questions. Interview.

Gabonreview : Vous avez souffert de la dépression, partagez-nous votre expérience.
Marie Wilma Sickout Assele : Oui j’ai souffert d’une longue et forte dépression pendant plus de 7 ans. L’expérience j’en parle, en long et en large, à travers les réseaux dans mon livre «Au nom de la vie». Une expérience assez douloureuse et pénible avec laquelle on vit chaque jour. 7 ans c’est beaucoup, les souvenirs sont présents. C’est quelque chose que je ne souhaite à personne. C’est une expérience qui marque à vie.

La seule évocation de la santé mentale peut faire peur. Quel message adressez-vous aux personnes qui n’osent pas en parler et qui n’osent pas consulter ?

Aujourd’hui encore malheureusement la dépression, la santé mentale se veut tabou. Mais je pense sincèrement qu’on fait un peu exprès de mettre ces mots à l’avant : peur, tabou etc. Tout le monde aujourd’hui est conscient, quelque part, de ce mal qui est un fléau mondial. Tout le monde en parle quel que soit le milieu où nous évoluons. Je voudrais dire tout simplement à ceux qui ont peur et honte d’en parler qu’au contraire ils ne devraient pas. La dépression est une maladie comme toutes les maladies et c’est presque normal avec ce que la société nous impose comme chocs et douleurs. Ils devraient en parler, se faire aider pour ne pas la (la dépression) laisser prendre possession de leurs esprits. Mais plutôt l’affronter !

Considérez-vous les personnes dépressives comme des malades mentaux ou, de façon triviale, comme des fous ?

Je n’utilise pas le mot fou. C’est très dérangeant. Pour moi le fou n’existe pas. Avez-vous vu un fou ne pas traverser la rue sans regarder à gauche et à droite ? Ne pas reculer ? Car même ceux qui marchent nus sur la route ont encore le réflexe de faire attention. Quelque part dans leurs esprits perdus, il reste une part de conscience qui réagit toujours. J’en suis certaine. La dépression a plusieurs stades et peut facilement, si on laisse, aller à ladite folie. Alors c’est différent à mes yeux car j’en parle à cause de mon expérience, sans être docteur ou coache, mais par mes propres analyses à travers mes combats quotidiens depuis 2015.

Comment appréciez-vous leur prise en charge au Gabon ?

La prise en charge est survolée si je peux m’exprimer ainsi. De plus tout est mélangé. Les dépressifs n’ont pas leur place. A Melen (hôpital psychiatrique – ndlr) par exemple, ils sont automatiquement considérés comme lesdits fous. Or, ce sont des personnes qui ont besoin d’attention, d’affection, de considération réelles, de soins, d’un cadre de vie plus saint pour trouver le chemin vers la guérison. Ma foi, ils font avec ce qu’ils ont et comme ils peuvent. Je pense que ce sont des gens du métier.

Le 10 octobre prochain sera célébrée, justement, la journée mondiale de la santé mentale. Quel avis avez-vous de cette instauration de l’OMS ?

L’OMS a eu raison d’instaurer une telle journée et, d’ailleurs, chaque pays devrait avoir en plus sa propre journée afin de porter une attention particulière à ce sujet important. Particulièrement en Afrique où le chemin est encore très loin et c’est inquiétant !

«La santé mentale est un droit humain». C’est le thème de cette année. Que vous inspire-t-il ?

Le «droit humain» comme thème cette année m’interpelle particulièrement car ça fait partie de mes slogans depuis la création de la Fondation. Tout être humain a droit à sa dignité à travers une nouvelle chance, une nouvelle vie.

Qu’en est-il donc du projet «Une nouvelle vie», à quoi renvoie-t-il, où en est-il ?

Le projet « Une nouvelle vie » est un projet de la fondation Gertrude François qui a bossé longtemps dessus avec tout ce que ça comporte puis s’est vu mis sous silence après une convention signée avec le ministère de la Santé, malgré de nombreuses questions et relances. Il a pris du retard aussi par faute de la période Covid qui a entrainé pas mal de problèmes et d’arrêts.

J’ai refait mon projet autrement, évidemment perdu de nombreux partenaires constatant ce silence. Je le remets en place depuis l’année dernière… sans bruit. Telle est ma devise de travail dorénavant, en espérant avoir l’appui des nouvelles autorités de la transition pour ce projet fabuleux et plein d’espoir.

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