Sommeil : se préparer à aller au lit, un instinct de survie essentiel pour bien dormir

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Sommeil : se préparer à aller au lit, un instinct de survie essentiel pour bien dormir
Sommeil : se préparer à aller au lit, un instinct de survie essentiel pour bien dormir

Africa-Press – Gabon. Un coup d’œil sur la montre, il est l’heure d’aller se coucher. A part enfiler un pyjama, se brosser les dents et sans doute “scroller” un peu dans le noir sur son smartphone, l’humain ne possède pas de rituels de coucher très élaborés (excepté ceux conseillés pour le jeune enfant). Pourtant, se préparer à aller au lit fait partie de notre instinct de survie, comme le démontre une étude publiée le 21 septembre 2023 dans la revue Nature Neuroscience. Et suivre un protocole identique tous les soirs pourrait même améliorer la qualité de notre sommeil.

Se préparer à aller au lit, un réflexe qui se lit dans le cerveau

Chez les animaux, il est essentiel de trouver un endroit chaud et à l’abri des prédateurs avant de s’autoriser à dormir. En observant ce comportement chez la souris, les chercheurs de l’Imperial College de Londres (Royaume-Uni) ont pu observer un comportement instinctif : celui de se préparer à aller au lit. Ce réflexe primaire se retrouve jusque dans le cerveau – où plusieurs aires communiquent entre elles – et est très probablement partagé par tous les mammifères, dont nous les humains.

Les chercheurs ont commencé par priver les souris de sommeil en leur présentant des briques de Lego ainsi que d’autres jeux toutes les demi-heures pendant cinq heures en tout. Intéressées, elles sont restées éveillées pour jouer avec les objets au lieu de faire la sieste. Au moment où elles pouvaient enfin dormir, les souris ont d’abord commencé par consciencieusement préparer l’endroit où elles allaient se coucher. “Elles se sont tout de suite intéressées aux matériaux qu’elles pourraient utiliser : du papier déchiqueté et des mouchoirs en papier. Puis elles se sont choisi un endroit où installer leur nid, de préférence pas trop loin d’un accès à l’eau. Après avoir creusé, trié et porté les matériaux à l’endroit choisi, les souris se sont aménagé un petit duvet en 3D, de la forme d’un nid d’oiseau, avec un trou au milieu, exactement à la taille de l’animal. On remarque d’ailleurs que ce qu’on peut appeler leur “lit” sont parfaitement bordés de mouchoirs et un peu de nourriture est souvent entreposée sous leurs pieds. En tout, cela leur prend environ 30 minutes”, explique à Sciences et Avenir le Pr Bill Wisden, titulaire de la chaire de neurosciences moléculaires à l’Imperial College.

Un circuit neuronal solidement établi

Surtout, l’optogénétique – grâce à laquelle il est possible d’observer et d’activer grâce à un flash de lumière – a permis d’observer les circuits du cerveau activés à ce moment-là. Les neurones du cortex préfrontal s’activent et envoient des signaux à l’hypothalamus pour lui ordonner de préparer le nid. Chez les souris comme chez les humains, le cortex préfrontal aide à planifier et à rationaliser les événements, ou à activer les fonctions exécutives du cerveau essentielles à la survie. L’hypothalamus, lui, situé à la base du cerveau, est le centre de régulation de nombreux processus de survie essentiels à l’organisme, comme manger, boire et dormir.

Finalement, au même titre que trouver de la nourriture, se reproduire, se camoufler (comme les caméléons par exemple), dormir fait aussi partie de notre instinct de survie. Aussi ennuyeux et peu impressionnant que cela puisse paraître. “Le sommeil est essentiel à la survie, même si certains animaux dorment bien plus que d’autres. Dans de précédents travaux, nous avions déjà montré que la privation de sommeil affecte le moral et nos capacités cognitives. Ne pas dormir pendant 24 heures affecte bien plus notre capacité à conduire une voiture que lorsque nous avons bu la limite d’alcool légalement autorisée. Le manque de sommeil détériore clairement notre cerveau”, explique le Pr Wisden.

Aller dormir à heure fixe, sans téléphone en main

Ces expériences ont beau avoir été menées sur des souris, leurs résultats éclairent aussi les comportements humains. En effet, l’étude souligne que tous les mammifères possèdent probablement les mêmes circuits neuronaux que celui observé chez les souris. Et l’habitude de faire son lit, où en tout cas de se préparer au sommeil, pourrait aussi nous être bénéfique. “Se préparer à aller au lit à une heure fixe en soirée pourrait améliorer la qualité de notre sommeil. D’autres chercheurs à l’Université du Michigan (Etats-Unis) ont déjà montré que lorsque l’on empêche les souris de préparer leur nid, elles mettent beaucoup plus de temps à s’endormir et ont par ailleurs un sommeil de moins bonne qualité”, précise le Pr Bill Wisden.

Mais alors, à quoi pourrait ressembler une routine du sommeil pour nous, les humains, qui avons déjà un lit tout fait et un endroit où dormir en sécurité ? A ceux qui veulent s’inspirer des souris pour améliorer la qualité de leur sommeil, le chercheur conseille de se choisir une heure de coucher et de la respecter. En plus d’un bon matelas, d’une température agréable dans la chambre et d’un duvet approprié à la saison, il est conseillé de ne pas utiliser de téléphone ni de tablette. Un bain chaud peut aider à se mettre sur la voie du sommeil. Enfin, chez les personnes âgées, le port de chaussettes peut faciliter l’endormissement.

Dans de futurs travaux, l’équipe de l’Imperial College prévoit de s’attaquer à la question colossale suivante : à quoi sert le sommeil et pourquoi les humains passent-ils un tiers de leur vie à dormir ?

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