Africa-Press – Gabon. Premier constat de l’enquête CLCV (Consommation, logement et cadre de vie): le consommateur est très mal informé sur la véritable composition de ces produits industriels que sont les substituts du pain.
Allégations nutritionnelles
Les allégations nutritionnelles de type « pauvre en sel », « riche en fibres », « sans sucres ajoutés », « riche en phosphore » ou « source naturelle de magnésium ou de fer » sont très présentes sur les emballages. « J’ai constaté que sur les paquets de biscottes, il pouvait y avoir jusqu’à cinq allégations nutritionnelles pour un produit qui, finalement, avait un Nutri-score D car ces substituts sont aussi riches en sel », explique Lisa Faulet, responsable de cette étude.
Du point de vue légal, les fabricants n’ont rien à se reprocher puisque, généralement, les allégations présentes sur les emballages sont vraies. « Si le produit est dit riche en fibres, il contient bien le taux de fibres obligatoires prévu par la réglementation, soit 6%. Cependant, cette information peut masquer une autre donnée, comme une composition riche en sel, et donc un produit qu’il vaut mieux éviter de consommer quotidiennement », détaille notre interlocutrice.
C’est là une des lacunes de la législation européenne. Bien qu’elle encadre les allégations nutritionnelles, elle ne les interdit pas sur les denrées alimentaires au profil nutritionnel mauvais. « Notre association milite pour une modification de cette réglementation, afin qu’il soit interdit d’apposer ce type d’information sur les aliments ayant un Nutri-score D ou E », précise l’enquêtrice.
Pourquoi consommer du pain frais ou un substitut?
Le Programme National Nutrition Santé (PNNS), qui donne les recommandations françaises pour une meilleure alimentation, rappelle que chez nos concitoyens la consommation de fibres est faible: seules 8 % des femmes adultes et 17 % des hommes atteignent la recommandation d’au moins 25 g de fibres par jour.
Le pain frais ou ces substituts peuvent apporter ces fibres nécessaires à une alimentation équilibrée. Cependant, il faut préférer les aliments à base de farine complète à ceux à base de farine blanche.
La farine blanche est issue de céréales auxquelles on a enlevé le germe et l’enveloppe, ce qui la rend plus pauvre en fibres, en minéraux et en vitamines. En revanche, les pains ou substituts complets contiennent tous les éléments nutritifs du grain.
Méfiez-vous du « clean label »
Un autre défaut d’information concerne la présence d’additifs dans ces substituts au pain. On observe actuellement une forte tendance au « clean label », qui consiste à supprimer les additifs conventionnels et à les remplacer par des « ingrédients technologiques ».
La législation impose aux fabricants de signaler au consommateur la présence d’additifs en indiquant leur rôle (antioxydant, émulsifiant…) ainsi que leur nom ou leur numéro de code européen (comme E 471, par exemple). En les remplaçant par des « ingrédients technologiques » tels que des extraits végétaux, ils échappent ainsi à cette réglementation.
Sous couvert d’une image plus naturelle, ces extraits sont appauvris, enrichis ou modifiés de manière à obtenir les mêmes fonctionnalités que les additifs conventionnels. Mais n’étant pas répertoriés comme tels, ils ne sont pas non plus évalués par l’Efsa (Autorité européenne de sécurité des aliments).
Ce « clean label » entretenu par les fabricants a été dénoncé par l’Agence fédérale belge pour la sécurité de la chaîne alimentaire, qui a rappelé que si une substance produite à partir d’un extrait végétal a des fonctions d’additif, elle doit être nommée comme telle.
Ensuite, l’enquête souligne la grande hétérogénéité de la qualité nutritionnelle de certains substituts du pain. Pour les biscottes, le Nutri-Score peut varier de A à E, comme le confirment les données de la base Open Food Facts (tableau 1): ainsi les biscottes qui ont le meilleur profil nutritionnel sont sans sel et fabriquées à partir de farine complète, tandis que celles briochées, au chocolat ou aux raisins sont moins intéressantes du point de vue de la santé. Finalement c’est l’ajout de sel ou d’agents sucrants qui fait baisser le Nutri-score des biscottes.
TABLEAU 1: Les biscottes vendus en France, classés en fonction de leur Nutri-score et du nombre d’additifs présents dans leur composition
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On observe la même tendance pour les pains grillés, qui contiennent beaucoup d’agents sucrants (type sirop de glucose…). Ces produits sont souvent fabriqués avec de l’huile de palme, riche en acides gras saturés, dont la consommation doit être limitée. De plus, ils sont souvent préparés avec des farines raffinées, moins riches en fibres. Les tartines croquantes présentent également ces caractéristiques, étant riches en sucre et faibles en fibres.
« En revanche, les pains de mie montrent des variations de qualité nutritionnelle moins prononcées. Ils obtiennent en moyenne un Nutri-Score C, principalement en raison de la présence de sucre. Cependant, ils sont souvent plus riches en additifs, tels que les texturants, qui leur confèrent leur moelleux caractéristique » analyse Lisa Faulet.
Ce que l’on observe avec les données de la base Open Foods Facts: une importante partie des pains de mie Nutri-Score A sont riches en additifs (3 ou 4).
TABLEAU 2: Les pains de mie vendus en France, classés en fonction de leur Nutri-score et du nombre d’additifs présents dans leur composition
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« Notre enquête montre que les substituts de pain ne se valent vraiment pas tous. Pour ceux qui les consomment quotidiennement, il est important de prendre le temps de les comparer et d’acheter ceux avec le Nutri-score le plus favorable (A ou B) et avec le moins d’additifs possibles », conclut la responsable de cette enquête. Qui ajoute: « Je sais que cette comparaison est difficile car seuls 57% de ces denrées alimentaires affichent le Nutri-score, c’est pourquoi nous militons pour qu’il soit rendu obligatoire. » En attendant, il est toujours possible d’utiliser des applications comme Open Food Facts ou Yuka pour vérifier le Nutri-score et la liste des ingrédients de votre substitut de pain préféré.
Comment lire ces graphiques?
Ils sont élaborés à partir des données de la base en libre accès Open Food Facts. Chaque point sur le graphique représente au moins un type substitut au pain frais répertorié dans cette base et vendu en France.
Sur l’axe horizontal, les chiffres correspondent au score attribué au produit selon l’algorithme du Nutri-score. Un point vert indique un Nutri-score A, un point jaune pour B, orange pour C, rose pour D et rouge pour E. Le Nutri-score permet aux consommateurs de comparer la qualité nutritionnelle des produits alimentaires de la même catégorie. Les denrées au Nutri-score A ou B sont celles qui ont le profil nutritionnel le meilleur (ni trop grasses, ni trop salées, ni trop sucrées, ni trop caloriques). Les produits moins bien notés ont graduellement un Nutri-score C, D, E. Il ne faut pas s’interdire de les acheter mais en petite quantité et de temps en temps.
Sur l’axe vertical, les chiffres correspondent au nombre d’additifs indiqués par le fabricant sur la liste des ingrédients.
Avertissement: les données recueillies dans la base Open Food Facts sont principalement fournies par des bénévoles, des erreurs minimes peuvent donc se glisser dans ces tableaux. De plus le tableau ne propose qu’un échantillon des produits répertoriés sur la base.





