Africa-Press – Gabon. Quels sont les risques pour la santé lorsqu’on vit à proximité de parcelles agricoles ? Jusqu’à présent, les études réalisées sur la survenue de cancers pédiatriques après exposition aux pesticides portaient surtout sur l’usage de pesticides par la mère pendant et après la grossesse.
La viticulture, gourmande en pesticides
Aucune étude ne s’était donc penchée sur le risque encouru par les enfants vivant à proximité des vignes. Ce type d’étude est difficile à réaliser, compte tenu du manque de données précises sur la localisation des enfants, l’étendue exacte des parcelles agricoles à proximité et la quantité de pesticides utilisées. Dans la revue Environmental Health Perspectives, l’Inserm a publié le 18 octobre 2023 de nouveaux travaux montrant une association entre la taille des vignes et la survenue d’une leucémie chez les enfants.
Avec une incidence de l’ordre de 45 cas pour 1 million d’enfants par an, la leucémie est une maladie rare de l’enfant : en France, environ 500 leucémies pédiatriques sont diagnostiquées chaque année. Pour savoir si certains cas peuvent être liés aux pesticides, l’Inserm a choisi de se pencher sur la vigne. « Cette première étude porte spécifiquement sur la viticulture car elle est très identifiée en France, avec des données disponibles et on sait également qu’elle a un usage important de pesticides », explique Stéphanie Goujon, ingénieure de recherche Inserm au CRESS (Inserm/Université Paris Cité) et autrice de cet article. L’augmentation des cas reste toutefois modeste. « Il faut rappeler que le risque de leucémie, même dans les zones où la densité de cultures est plus importante, reste faible. La leucémie, c’est 40 cas pour 1 million d’enfants. Même avec 5% d’augmentations, le risque reste bas. »
Il a, pour cela, fallu comparer deux groupes d’enfants. Le premier groupe était constitué de 3.711 enfants atteints de leucémie et diagnostiqués entre 2006 et 2013. Le deuxième groupe était composé de 40.000 enfants non malades, sélectionnés sur la base des données socio-économiques leur famille. Pour chacun des groupes, l’équipe a pu récupérer l’adresse de résidence précise, afin de constater si elle est proche ou non d’une parcelle de vigne. Toutes les adresses ont été géolocalisées et combinées avec différentes bases de données cartographiques de la France. L’idée étant de voir quels enfants vivaient à moins de 1.000 mètres des vignes.
Plus la vigne est étendue, plus le risque augmente
En observant les données, les chercheurs ont constaté que la présence de vignes à moins de 1.000 mètres ne semble pas être associé à une survenue accrue de leucémie. Sur les 40.000 enfants non malades, environ 10% d’entre eux vivaient à cette distance des vignes. En parallèle, 9,3% des enfants atteints de leucémie vivaient aussi à cette distance des cultures.
L’étude ne permet pas de lier un cas particulier aux vignes, mais les données restent « significatives ». Crédits : Georges Gobet / AFP.
Il n’existe donc pas de différence significative entre les deux. Par ailleurs, les travaux suggèrent une légère association entre le risque de développer une leucémie et la taille des vignes à moins de 1.000 mètres du domicile de l’enfant. Plus la surface est importante et plus le risque augmente. « Pour chaque augmentation de 10% de l’étendue des vignes, le risque de leucémie augmente de 5% », étaye Stéphanie Goujon. Mais impossible de conclure à la lumière de ces travaux qu’un enfant qui vivrait entouré de vignes a plus de risques de développer une leucémie qu’un enfant qui ne vit pas dans une région viticole. Les chercheurs parlent d’un risque « global » et non « individuel ».
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