Wejden Jlassi
Africa-Press – Guinee Bissau. L’Union africaine (UA) dispose officiellement de son siège de « membre permanent » du G20, depuis samedi dernier, à l’invitation du Premier ministre indien Narendra Modi, actuel président du sommet tenu à New Delhi.
Il existe plusieurs moyens par lesquels le G20 peut avoir un impact significatif sur l’Afrique, selon Enock Nyorekwa Twinoburyo, économiste principal au Centre des objectifs de développement durable pour l’Afrique à Kigali, la capitale du Rwanda.
“Étant donné que les pays du G20 contribuent de manière significative à l’activité économique mondiale, si le G20 se concentre sur la promotion d’une croissance économique inclusive et durable, il a le potentiel de créer davantage d’opportunités d’investissement et de fournir aux pays africains un accès accru aux marchés mondiaux”, a déclaré Nyorekwa à Anadolu.
« En créant un environnement propice à l’investissement, le G20 peut attirer davantage d’investissements étrangers directs en Afrique. Cet afflux d’investissements pourrait se traduire par une amélioration des infrastructures, des progrès technologiques et une augmentation des capacités de production », a-t-il ajouté.
Le G20 a été créé en 1999 à la suite de la crise financière asiatique et est essentiellement un forum intergouvernemental principalement préoccupé par les questions économiques, regroupant les 20 plus grandes économies du monde – 19 Etats en plus de l’Union européenne (UE).
« On dit souvent que si vous n’êtes pas à la table, c’est que vous êtes au menu. Il est essentiel de s’impliquer activement dans les discussions, car votre absence n’est pas en votre faveur», a lancé Nyorekwa.
– Une voix pour l’Afrique
Teddy Kaberuka, un analyste économique basé au Rwanda, a souligné que rejoindre le G20 « signifie beaucoup » pour le continent.
« La présence de l’UA au G20 est d’une importance capitale car elle donnera l’occasion au bloc africain d’exprimer les défis auxquels le continent est confronté », a-t-il déclaré à Anadolu.
Il sera également judicieux de « contribuer à l’orientation mondiale sur la manière dont les problèmes doivent être abordés… en tant qu’acteur clé du développement mondial », a-t-il indiqué.
“L’Afrique sera à la table des négociations sur des stratégies, des approches et des politiques axées sur certains aspects qui ne présentent pas nécessairement un intérêt commun pour les autres mais qui sont très pertinents pour le continent en particulier”, a-t-il expliqué.
“Si l’on considère le commerce mondial et les accords bilatéraux entre l’Afrique et le reste du monde… il y a beaucoup de choses à améliorer, ce qui signifie que le G20 offre un forum de discussion.”
Le G20 représente actuellement 80 % de l’activité économique mondiale, 75 % du commerce international et les deux tiers de la population mondiale, ce qui en fait le premier forum de coopération économique internationale.
Cependant, pour Nyorekwa, la question fondamentale est désormais de savoir si l’Afrique aura un « véritable siège » à la table, et son mot à dire.
« Si des amitiés plus authentiques naissent grâce à ce nouvel engagement, cela pourrait alors susciter des liens solides », a-t-il souligné.
Nyorekwa a également noté que les opportunités du G20 dépendent des politiques et réglementations mises en œuvre par les pays africains pour attirer et retenir les bons investissements.
– De l’action climatique à la gouvernance
S’engager à réduire les barrières commerciales et à promouvoir des pratiques commerciales équitables pourraient donner aux exportateurs africains un meilleur accès aux marchés internationaux, selon des chefs d’entreprise.
Cela pourrait à son tour stimuler la diversification économique, renforcer les revenus d’exportation et faciliter l’intégration régionale en Afrique.
En matière d’allègement et de financement de la dette, le G20 a historiquement joué un rôle central en offrant une aide aux pays en développement.
Selon Nyorekwa, s’attaquer à la viabilité de la dette et fournir un soutien financier pourraient alléger le fardeau de la dette des pays africains, leur permettant ainsi de réorienter leurs ressources vers les priorités de développement social et économique.
Cependant, les pays africains ont souvent été divisés sur certaines questions mondiales, ce qui pourrait affaiblir la position de l’UA au sein du G20, selon certains observateurs.
Sur le front climatique, les défenseurs de l’environnement estiment que si le G20 encourage les investissements dans des initiatives respectueuses de l’environnement, le développement de sources d’énergie renouvelables et le transfert de technologies vers l’Afrique, il pourrait contribuer à atténuer les risques liés au climat et soutenir le développement durable dans une région considéré comme l’une des zones les plus vulnérables au monde.
Un autre domaine crucial dans lequel le G20 peut aider l’Afrique, est celui de la gouvernance et de la responsabilité.
« En défendant la transparence, les mesures anticorruption et les principes de bonne gouvernance, le G20 peut encourager les nations africaines à améliorer leurs pratiques de gouvernance, à renforcer leurs institutions et à cultiver un environnement commercial plus favorable », a signalé Nyorekwa.
« L’intégration de ces stratégies dans l’engagement du G20 avec l’Afrique pourrait contribuer de manière significative au développement du continent et à sa capacité à relever efficacement les défis urgents », a-t-il conclu.
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