Bourses africaines : « Allô, Casablanca ? Ici Abidjan »

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Bourses africaines : « Allô, Casablanca ? Ici Abidjan »
Bourses africaines : « Allô, Casablanca ? Ici Abidjan »

Africa-Press – Guinee Bissau. Les sept principales places de marché du continent s’interconnectent. Est-ce là la fin de la balkanisation de l’écosystème boursier africain ?

Après une phase de test ouverte de juillet jusqu’au début de novembre, la plateforme AELP Link a été lancée officiellement le 18 novembre. Hébergée par le spécialiste américain Oracle Cloud Infrastructure, cette plateforme permet l’interconnexion entre une trentaine de courtiers agréés au sein des sept Bourses* participant à l’African Exchanges Linkage Project (AELP).

En préparation depuis 2015, ce projet d’intégration des plus importantes places de marché du continent a connu une phase d’accélération à partir de 2019, grâce notamment au soutien de l’Association des Bourses de valeurs africaines (ASEA), présidée par Félix Edoh Kossi Amenounvé, patron de la BRVM à Abidjan, et au financement du Fonds fiduciaire de coopération économique Corée-Afrique (Koafec), géré par la Banque africaine de développement (BAD)

Pour le DG de la Bourse d’Abidjan, le lancement d’AELP Link représente « une étape historique » dans la mission de l’ASEA « d’engager les écosystèmes des marchés de capitaux africains afin de favoriser la mobilisation de ressources, de promouvoir la durabilité et de renforcer l’inclusion financière au profit du développement économique de l’Afrique ».

60 % du PIB du continent

Les places participant au projet AELP représentent 85 % de la capitalisation boursière et environ 60 % du PIB du continent. « Les premiers courtiers ont été sélectionnés sur la base d’une manifestation d’intérêt et après avoir effectué les formations et les tests de connexion. Pour la phase pilote, un maximum de cinq courtiers a été souligné pour chacun des marchés », explique une source à la Bourse d’Abidjan.

Au total, une trentaine de courtiers participent à la phase 1 du projet, qui fera l’objet d’une « démonstration de transactions transfrontalières en direct », lors de l’AG de l’ASEA, le 7 décembre 2022 à Abidjan. Parmi eux, plusieurs acteurs majeurs dont : BOA Capital Securities, CGF Bourse et Société Générale Capital Securities à Abidjan, BMCE Capital Bourse et CDG Capital Bourse à Casa, ainsi que Mubasher Egypt au Caire et Stanbic IBTC Stockbrokers Limited à Lagos.

Dans le détail, durant la phase 1 de l’AELP, « les courtiers parrains permettent l’accès à leurs marchés nationaux aux courtiers parrainés des autres marchés et vice versa. Le courtier parrain compensera et réglera les transactions sur le marché hôte en utilisant sa devise locale conformément aux règles et pratiques du marché hôte », indiquent les promoteurs du projet.

Inquiétude sur les frais

« Jusqu’à présent, un investisseur qui souhaitait à la fois acheter des actions à la Bourse du Nigeria, de Johannesburg et de Casablanca devait avoir trois comptes différents chez des courtiers dans ces trois pays. Ce qui n’est pas pratique pour suivre son portefeuille », explique Romuald Yonga, fondateur de la plateforme d’information boursière African Markets. « Avec l’AELP, l’investisseur n’aura besoin que d’un seul compte titre chez un courtier agréé AELP, ce dernier lui permettant aisément d’acheter ou de vendre des actions de l’ensemble des marchés participants. C’est vraiment une avancée majeure », complète l’ancien analyste de BNP Paribas et d’Axa Invesment Managers.

Des interrogations demeurent cependant, en ce qui concerne les frais de transaction. « Étant donné que chaque transaction fera intervenir au moins deux courtiers – il est prévu que les “brokers” se partagent les frais à égalité – assistera-t-on à une augmentation des frais pour compenser le manque à gagner ? »

Selon Romuald Yonga, des efforts sont également à mener « en matière d’information, de communication, de recherche sur les marchés et surtout d’éducation des investisseurs ». « Dans le cadre de la mise en place du projet, un comité a été installé afin d’évaluer l’appétit des investisseurs sur les différents marchés impliqués. Les résultats ont montré qu’il y avait effectivement de l’intérêt », assure notre interlocuteur à la BRVM.

*La Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), la Bourse de Casablanca, celle d’Égypte (EGX), de Johannesburg (JSE), de Nairobi (NSE), Nigerian Exchange Limited (NGX) et Stock Exchange of Mauritius (SEM).

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