Africa-Press – Guinee Bissau. RAPPORT. L’institution financière basée à Abidjan est allée dire en Corée combien il était pertinent d’investir en Afrique où une croissance de 4,1 % est attendue en 2023 et 2024.
La forte reprise en Asie peut-elle donner de l’élan à l’Afrique ? Il faut dire que depuis la réouverture de la Chine en janvier 2023 après trois ans de politique zéro Covid, les signaux positifs s’accumulent. Même si le dernier rapport de la Banque asiatique de développement (BAD) paru en avril dernier rappelle la forte dépendance économique entre le géant chinois et tous ses voisins, les perspectives de croissance sont très bonnes. Selon les estimations de la Banque mondiale, « la croissance dans les économies en développement d’Asie de l’Est et du Pacifique devrait s’accélérer pour atteindre 5,1 % en 2023, contre 3,5 % en 2022, la réouverture de la Chine favorisant un rebond de son économie à 5,1 %, contre 3 % l’année dernière ».
C’est dans ce contexte que la Banque africaine de développement (BAD) a coorganisé un séminaire avec l’Institut coréen de politique économique internationale (KIEP) le 12 juillet 2023 à Sejong, en Corée, autour de l’édition 2023 de son rapport phare sur les Perspectives économiques en Afrique. C’est la 4e année consécutive que le très attendu document est présenté en Asie.
De vraies raisons d’investir
Les pays d’Asie et leur secteur privé ont tout intérêt à se tourner vers l’Afrique, a recommandé Kevin Urama, l’économiste en chef de la BAD. « J’invite les investisseurs et les gouvernements d’Asie à voir l’Afrique non pas comme une terre lointaine, mais comme un continent plein d’opportunités », a justifié celui qui est également vice-président chargé de la gouvernance économique et de la gestion des connaissances. Il a fondé ses recommandations sur les données de la dernière édition des Perspectives économiques en Afrique, l’un des rapports phares de la BAD, qui passe au crible les économies des 54 pays d’Afrique et en détaille les projections.
Malgré les nombreux chocs d’ampleur que l’Afrique a subis ces dernières années, entre pandémie de Covid-19, effets des changements climatiques et invasion de l’Ukraine par la Russie, le continent s’avère plutôt résilient : après avoir atteint 3,8 % en 2022, son taux de croissance devrait grimper à 4,1 % en 2023 et 2024, dépassant la moyenne mondiale de 2,9 % et celle de l’Europe de 1,1 %, a prédit l’économiste en chef, estimant que seule la croissance de l’Asie de 4,3 % sera plus élevée. « L’Afrique doit jouer un rôle clé dans la transition verte, sachant qu’elle recèle 60 % des terres arables non exploitées dans le monde et les minéraux nécessaires à la croissance verte. Ce sont des opportunités pour le développement durable et pour les investissements. C’est une terre vierge, on peut facilement y construire des infrastructures à faible émission de carbone sans avoir à engager de fortes dépenses », a ajouté Kevin Urama.
Au-delà des préjugés, des sujets d’avenir
Pour réaliser ces opportunités, les investisseurs asiatiques doivent aller au-delà des images d’Épinal concernant l’Afrique. « En Afrique, on a eu le Covid, on a des crises, on a des conflits, c’est vrai, mais ce n’est qu’un pan de la réalité », a souligné l’administrateur du Groupe de la Banque africaine de développement pour le Canada, la Chine, la Corée du Sud, le Koweït et la Turquie, Edmond Wega, cité dans le communiqué du groupe. Ce dernier a ainsi appelé l’Asie à se saisir des crises pour les tourner en opportunités. « Le continent asiatique doit utiliser ses technologies et ses connaissances pour nouer une relation gagnant-gagnant avec l’Afrique, travailler avec les régions, les pays, la Banque africaine de développement, pour arriver à une convergence d’intérêts, pour que les rêves deviennent réalité », a-t-il plaidé.
Le vice-président de KIEP, Sung-Chun Jung, abonde dans le même sens. « L’Afrique a le potentiel d’être un futur marché d’opportunités en matière de croissance verte, avec sa population en croissance rapide et ses abondantes ressources en énergies renouvelables et en minéraux », a-t-il insisté. Le responsable de KIEP a livré un puissant plaidoyer pour le continent africain : « La communauté internationale doit fortement soutenir les efforts que déploient les pays africains pour lutter contre les changements climatiques, avec des financements, des transferts de technologies et le renforcement des capacités, notamment. » Et le secteur privé doit jouer un rôle plus important pour combler le déficit de financement qui affecte la mobilisation de fonds dédiés à la lutte contre les changements climatiques, a-t-il ajouté.
Des investisseurs asiatiques déjà présents sur le terrain
« Un grand nombre d’investisseurs privés chinois sont déjà présents en Afrique et les banques multilatérales de développement doivent également jouer un rôle, parce que de nombreuses opportunités innovantes existent pour engager davantage d’investisseurs privés. Il faut faire des efforts des deux côtés, du côté de l’Asie et de l’Afrique », a lancé Hong Miao, experte en énergie et directrice de programme à l’Institut des ressources mondiales de Chine, après avoir présenté une étude sur l’appétence des investisseurs chinois pour l’Afrique, notamment dans les énergies renouvelables. C’était à l’occasion d’une table ronde, organisée à la suite de la présentation du rapport de la Banque africaine de développement :
« Un des problèmes clés que nous avons identifiés est l’inflation qui vient de la hausse des prix alimentaires et des produits de base, de la pression liée aux taux de change en hausse et des troubles politiques », a analysé pour sa part Sungbae An, directeur du Département de macroéconomie et finance internationale à KIEP.
Kohji Mitomori, directeur du Bureau des changements climatiques au Département de l’environnement global de l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), a assuré de l’intérêt croissant des entreprises japonaises pour investir dans les énergies renouvelables en Afrique. Il a souligné que le Japon allait doubler sa contribution pour l’adaptation climatique d’ici à 2030. « En Afrique, on essaie de se focaliser sur un développement urbain sobre en carbone, la résilience aux changements climatiques, l’évaluation des risques climatiques, un système d’alerte précoce et la préservation des forêts et de la nature », a-t-il précisé. Preuve d’une réelle convergence entre la BAD et la région, un bureau de représentation extérieure pour l’Asie est désormais bien implanté au Japon.
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