Comment les Tarifs de Trump Affecteront L’Agoa ?

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Comment les Tarifs de Trump Affecteront L'Agoa ?
Comment les Tarifs de Trump Affecteront L'Agoa ?

Habiballah Mayabe

Africa-Press – Guinee Bissau. Des experts estiment que les tarifs imposés par le président américain Donald Trump au début du mois nuiront aux accords commerciaux conclus avec plusieurs pays africains dans le cadre de la loi AGOA, adoptée par le Congrès américain il y a 25 ans.

Les nouvelles mesures imposent des droits de douane sur 185 pays, dont 50 africains, avec des taux variant entre 10 % et 50 %.

Qu’est-ce que la loi AGOA ?

La loi sur la croissance et les opportunités en Afrique (AGOA), adoptée par le Congrès américain en 2000 et signée par le président Bill Clinton, vise à encourager les fabricants africains en permettant à plus de 1 800 produits africains d’accéder aux marchés américains sans taxes.

Cette loi a contribué à créer des milliers d’emplois en Afrique, permettant aux entreprises africaines d’exporter leurs produits locaux vers les États-Unis pendant deux décennies.

Elle a favorisé les exportations africaines d’acier, de textiles, de produits agricoles et autres marchandises vers les marchés américains.

En 2024, les échanges commerciaux entre l’Afrique et les États-Unis ont dépassé 71 milliards de dollars: 32,1 milliards d’exportations américaines et 39,5 milliards d’importations africaines, avec un déficit commercial américain de 7,4 milliards de dollars.

Quels pays seront les plus touchés ?

Depuis le 9 avril, date d’entrée en vigueur des nouveaux tarifs, les produits africains destinés aux États-Unis sont soumis à des droits de douane allant de 10 % à 50 %.

Le Nigeria et l’Afrique du Sud, deux grandes économies africaines, figurent parmi les pays les plus affectés.

Les pays d’Afrique australe ont particulièrement souffert, avec des tarifs de 50 % imposés au Lesotho, 47 % à Madagascar, 40 % à Maurice, 37 % au Botswana et 32 % à l’Angola.

L’Afrique du Sud a déjà été affectée par une taxe distincte de 25 % sur les véhicules fabriqués localement.

L’Afrique du Sud exportait pour deux milliards de dollars de véhicules et pièces détachées vers les États-Unis grâce à l’AGOA.

D’autres pays ont vu leurs produits frappés de droits supérieurs à 10 %: Libye (31 %), Afrique du Sud (31 %), Algérie (30 %), Cameroun (12 %), Tchad (13 %), République Démocratique du Congo (11 %), Côte d’Ivoire (21 %), Malawi (18 %), Zimbabwe (18 %), Mozambique (16 %), et Nigeria.

Comment ont réagi les gouvernements africains ?

Les réactions mondiales et africaines ont varié. En Afrique du Sud, où des tensions existaient déjà avec Trump, le président a qualifié les mesures de punitives et nuisibles au commerce et à la prospérité commune.

Le gouvernement sud-africain a appelé à négocier un nouvel accord bilatéral avec Washington pour assurer un commerce durable, précisant qu’il ne comptait pas riposter par des sanctions, préférant le dialogue.

Au Zimbabwe, le président Emmerson Mnangagwa a réagi en annulant tous les droits sur les importations américaines, affirmant vouloir construire une nouvelle relation avec l’administration Trump.

Selon le gouvernement américain, l’Afrique du Sud impose des droits de 60 % sur les biens américains, le Lesotho 99 %, et Madagascar 93 %.

Trump considère ses actions comme une application du principe de réciprocité dans le cadre de sa politique « America First ».

La fin de l’AGOA est-elle proche ?

L’AGOA, adoptée en 2000, offre des exemptions fiscales complètes pour plus de 1 800 produits africains exportés par 32 pays africains.

Renouvelée en 2015 pour 10 ans, elle doit expirer en septembre prochain. Certains experts doutent que Trump la prolonge, en raison des récents tarifs imposés.

Chieta Nwanze, analyste principal chez SBM Intelligence, a déclaré que les tarifs annoncés par Trump placent l’AGOA sur la voie de l’extinction.

Nwanze a ajouté que les pays africains, peu enclins à des positions géopolitiques fortes, tenteront de préserver l’AGOA.

Les économistes saluent la loi pour ses retombées positives sur des pays africains confrontés à la pauvreté, au chômage et à la corruption, ayant favorisé la création d’emplois et la croissance commerciale: au Kenya, les ventes liées à l’AGOA sont passées de 55 millions de dollars en 2001 à 603 millions en 2022.

Les analystes estiment que les lourds tarifs auront des effets variés mais généralement négatifs sur les fabricants africains, risquant d’augmenter le coût de la vie et de provoquer des pertes d’emplois.

Nwanze a indiqué que l’augmentation des coûts d’exportation réduira la compétitivité, diminuant les revenus et déstabilisant les économies.

Il a ajouté que des secteurs vitaux tels que l’agriculture et l’extraction minière seront particulièrement vulnérables, la plupart des fabricants africains exportant des matières premières plutôt que des produits finis vers les États-Unis.

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