Africa-Press – Guinee Bissau. Après des années de dialogue et d’efforts de coordination entre les pays membres de l’Initiative du bassin du Nil, la création d’une commission spéciale pour la gestion du fleuve est désormais une réalité, malgré l’opposition affichée par l’Égypte et le Soudan.
Six des onze pays du bassin, à savoir l’Éthiopie, le Rwanda, la Tanzanie, l’Ouganda, le Burundi et le Soudan du Sud, ont approuvé la création de cette commission. Le parlement sud-soudanais a récemment ratifié l’accord d’Entebbe, renforçant ainsi cette initiative.
La nouvelle commission sera chargée d’une gestion durable et équitable des ressources en eau du bassin du Nil. Elle constituera également le cadre juridique de référence en cas de conflits ou de différends entre les pays membres.
Une volonté d’accélérer le processus
Lors de la célébration annuelle de la Journée du Nil, qui s’est tenue à Addis-Abeba le 22 février dernier, la nécessité d’accélérer la mise en œuvre de la commission a été au cœur des discussions. Le ministre éthiopien des Affaires étrangères, Taye Atske Selassie, a notamment participé aux échanges.
Le président éthiopien a souligné que les pays du bassin du Nil doivent rester déterminés à établir une commission permanente, capable de résoudre les conflits et de mener une planification stratégique pour la gestion des eaux partagées.
Le ministre éthiopien de l’Énergie et de l’Eau a, quant à lui, affirmé que la commission à venir transformera l’Initiative du bassin du Nil, créée en 1999, en un organisme structuré, chargé de gérer ce fleuve de plus de 6 000 kilomètres.
Opposition et tensions
Selon Kalisti Tindemu Jaya, président du comité technique consultatif du bassin du Nil, la commission est entrée en vigueur le 13 octobre 2024, après ratification par six pays membres sur onze. Cependant, il a indiqué que le statu quo pourrait durer encore deux ans, en raison des engagements contractuels en cours avec les entreprises de développement impliquées dans l’exploitation des ressources en eau.
Il a également exprimé son espoir que cette période suffise à convaincre les pays non signataires, à savoir l’Égypte, le Soudan, la République démocratique du Congo, l’Ouganda et le Rwanda, d’adhérer à l’initiative.
Le Caire et Khartoum se sont vivement opposés à cette nouvelle autorité, affirmant qu’elle viole les principes du droit international, selon un communiqué conjoint publié en octobre 2024.
Les deux pays ont déclaré que la commission ne représente en aucun cas l’ensemble du bassin du Nil et ont appelé à un dialogue inclusif et à une coordination entre tous les membres pour parvenir à un consensus satisfaisant pour toutes les parties.
De son côté, l’envoyé spécial de l’Allemagne et représentant des partenaires au développement travaillant avec l’Initiative du bassin du Nil, a insisté sur le fait que l’exploitation des ressources en eau ne devrait pas être une source de tensions entre les pays du bassin.
Il a ajouté que les partenaires internationaux continueront à soutenir les projets de développement tant que le principe du consensus prévaudra parmi les États membres. Il a également appelé à poursuivre les consultations pour résoudre les différends persistants.
Un facteur de tensions régionales accrues
La question de la commission du bassin du Nil avait déjà conduit au report du deuxième sommet des chefs d’État du bassin, prévu en Ouganda en 2017. L’Égypte avait salué la décision du président ougandais Yoweri Museveni de reporter la réunion, y voyant une volonté de dialogue entre les parties concernées par la gestion du fleuve.
L’établissement de cette commission risque toutefois d’exacerber les tensions entre l’Éthiopie d’une part, et l’Égypte et le Soudan d’autre part. Ces derniers estiment que le barrage de la Renaissance éthiopien constitue une menace pour leurs parts respectives des eaux du Nil, notamment en l’absence d’un accord sur les modalités de son exploitation.
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