Mutinerie de Wagner : la présence russe en Afrique ne semble pas menacée

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Mutinerie de Wagner : la présence russe en Afrique ne semble pas menacée
Mutinerie de Wagner : la présence russe en Afrique ne semble pas menacée

Africa-Press – Guinee Bissau. L’éviction du chef de Wagner ne remettrait vraisemblablement pas en question la présence du groupe de mercenaires en Afrique pour le compte de l’Etat russe. Mali et Burkina Faso comptent garder un partenariat sécuritaire avec Moscou.

Wagner est mort, vive Wagner. Suivant la célèbre formule prononcée en France au décès d’un roi pour saluer son successeur et assurer la continuité dynastique, l’élimination éventuelle d’Evgueni Prigojine ne signerait pas la fin du groupe de mercenaires russes.

L’empire militaire, financier et économique d’Evgueni Prigojine pourrait vraisemblablement être réattribué à un favori de Vladimir Poutine. Non sans quelques affrontements entre rivaux toutefois.

Un bras armé de l’Etat russe à l’étranger

De quoi assurer la continuité de l’action de Wagner qui n’a de mercenaire que le nom : il s’est toujours agi d’un bras armé occulte défendant les intérêts de l’Etat russe à l’étranger. Notamment en Afrique, où Mali et Burkina Faso s’appuient sur lui pour assurer leur survie. Wagner est actif depuis des années, avec des contingents aux effectifs relativement limités, en Libye, République centrafricaine et l’a été au Mozambique.

On sait surtout que Wagner a supplanté les forces françaises à Bamako, en 2022. Le nombre de ses combattants se monterait à 1.500 au Mali. La situation est plus compliquée au Burkina Faso, où certes les autorités ont demandé le départ des troupes françaises en début d’année, mais où elles ne semblent pas avoir été remplacées pour l’heure par un contingent substantiel de mercenaires russes.

La junte malienne restera liée à Moscou

Selon les observateurs, les mercenaires au Mali ne servent pas tant à lutter contre les djihadistes qu’à constituer une sorte de garde prétorienne contre d’éventuels troubles internes, ou coup d’Etat. Le Mali en a connu deux en trois ans, tout comme le Burkina Faso depuis janvier 2022. Les mercenaires ont commis, au Mali comme en République centrafricaine, des crimes, et ont même connu des incidents meurtriers avec l’armée régulière. Wagner ne dispose pas de moyens suffisants pour mater des djihadistes qui ont tenu tête durant dix ans à une armée française pourtant équipée d’avions de chasse.

« La junte malienne tient à conserver un partenariat avec Moscou », estime un observateur à Bamako, qui dit s’attendre donc à ce que si Evgueni Prigojine est éliminé physiquement, emprisonné ou poussé à la fuite, Wagner 2.0 « continue aussi ses opérations comme avant ». Une incertitude, toutefois, selon le même observateur : il risque d’y avoir des flottements pendant quelque temps sur la personnalité du patron, ainsi que sur sa tactique en Afrique et l’ampleur des moyens qu’il compte y consacrer.

Wagner restera aussi impliqué en Afrique via de lucratifs contrats, qu’on peut assimiler à du pillage, notamment en République centrafricaine, dans l’or et le bois, à Madagascar, au Soudan. Il mène aussi une campagne de désinformation et de propagande active contre la France via le contrôle de journaux et sites internet. Là aussi, une chute éventuelle de Prigojine ne changerait pas grand chose.

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