Africa-Press – Guinee Bissau. Âgée de 505 millions d’années, Burgessomedusa phasmiformis est la plus ancienne méduse nageuse macroscopique. Pour aboutir à cette découverte, des chercheurs du Musée royal de l’Ontario à Toronto et de l’Université de Toronto ont étudié près de 200 fossiles découverts dans les années 90, provenant des schistes de Burgess, situé en Colombie-Britannique, au Canada. Classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, il est célèbre pour la préservation exceptionnelle d’organismes à corps mou remontant à la période cambrienne (de 541 millions d’années à 484 millions d’années). Leurs résultats ont été publiés dans la revue Proceedings of the Royal Society B.
Ces méduses étaient des géantes de leur époque
“Elles ont généralement une forme de cloche, ou de boîte, et possèdent de petites tentacules en forment de doigts sur le bord”, indique à Sciences et Avenir Jean-Bernard Caron, co-auteur de l’étude. Les chercheurs ont même réussi à identifier la place de leur bouche : à l’extrémité d’un cylindre, à l’intérieur de la cloche. Elle serait ainsi reliée à une grande cavité stomacale.
Certains spécimens présentent également quatre gonades allongées, des organes sexuels, situées à l’intérieur et le long de la cloche. Sa taille peut dépasser les 20 cm. “Il faut se figurer que la plupart des animaux des schistes de Burgess sont plus petits que mon petit doigt, les spécimens de Burgessomedusa phasmiformis étaient des géants par rapport aux autres organismes vivant à cette époque”, s’étonne le paléontologue. De véritables prédateurs selon les auteurs de l’étude. Elles seraient également capables de nager librement et de capturer des proies de taille importante.
Une conservation exceptionnelle
Les méduses sont considérés comme l’un des premiers groupes d’animaux à avoir évolué sur Terre. Elles font partie des cnidaires, avec les coraux et les anémones de mer. Constitués d’au moins 95% d’eau, les médusozoaires se conservent très difficilement. “Ces fossiles mettent en évidence les conditions exceptionnelles de préservation des schistes de Burgess. Ce site repousse toutes les limites de la conservation fossile !”, s’enthousiasme Jean-Bernard Caron.
Selon les chercheurs, les méduses auraient été enterrées très rapidement par des dépôts de boue le long du plancher océanique. La décomposition des spécimens et le charognage ont dû être extrêmement réduits, favorisés par une combinaison de facteurs chimiques. L’association de ces facteurs et d’autres mécanismes encore inconnus a mené à la préservation de ces méduses.
L’espoir de découvrir de nouveaux sites où d’autres fossiles de méduses seraient conservés
Mais comment les paléontologues ont-ils réussi à dater ces spécimens ? Grâce à d’autres fossiles qui ont servi de repères relatifs. “Les fossiles dont la distribution géographique est large mais dont l’étendue temporelle est limitée fournissent d’excellentes horloges relatives”, indique le chercheur. En comparant la composition des espèces dans différentes strates de roches plus anciennes et plus récentes, les scientifiques peuvent ainsi estimer l’âge relatif de certains sites. Les archives fossiles des méduses sont souvent controversées.
Avant la découverte de Burgessomedusa, le plus ancien fossile revendiqué de méduse était un spécimen mal conservé provenant de Chengjiang, en Chine, et vieux de 518 millions d’années. “Nous réinterprétons ce fossile comme un organisme de type cténophore, un groupe d’animaux différent qui n’a rien à voir avec les méduses”, nuance Jean-Bernard Caron. Des fossiles plus jeunes provenant de l’Utah et ayant à peu près le même âge que les schistes de Burgess (environ 505 millions d’années) sont également redécrits comme des fossiles de type cténophore dans leur étude. A présent, les paléontologues cherchent à déterminer les mécanismes qui ont abouti à la conservation d’organismes aussi fragiles que ceux des méduses, ce qui permettra peut-être d’identifier de nouveaux sites aux conditions similaires.
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