Africa-Press – Guinee Bissau. La dernière étape de la mission chinoise Chang’e 6 a été enclenchée. Le 3 juin 2024, à 23H38 (temps universel coordonné), l’étage de remontée de la sonde ayant atterri deux jours plus tôt sur notre satellite naturel est parti rejoindre le module resté en orbite lunaire. Celui-ci entamera donc très prochainement son voyage retour vers notre planète.
Avec, à son bord, une très précieuse cargaison. Rien de moins que les premiers échantillons de la face cachée de la Lune qui, si tout se passe comme prévu dans les trois prochaines semaines, signeront un nouveau succès spatial pour la Chine. Et permettront aux scientifiques, entre autres choses, de mieux comprendre la mystérieuse asymétrie entre les faces visibles et cachées de l’astre sélène – l’une étant relativement lisse et emplie pour près d’un tiers de “mers” lunaires (des basaltes), tandis que l’autre en est quasiment dépourvue et possède beaucoup plus de reliefs et cratères.
Un taux de réussite inédit
Pour rappel, c’est la quatrième fois que la Chine réussit à alunir en douceur depuis 2013 (mission Chang’e 3). Et sur quatre tentatives, soit un taux de réussite inédit dans l’histoire de l’exploration lunaire !
C’est aussi la deuxième fois, après la mission Chang’e 4 de 2019, qu’elle parvient à poser une sonde sur la face cachée de la Lune, exploit qu’aucune autre nation n’a réalisé jusqu’à ici.
En 2020, l’administration spatiale chinoise (CNSA) avait rapatrié également ses premiers échantillons de la face visible (Chang’e 5), un demi-siècle après les programmes américains Apollo et soviétiques Luna. Elle visait toutefois une autre première mondiale: prélever et rapporter des morceaux de roches de l’hémisphère qui se situe en permanence du côté opposé à notre planète, afin de les analyser sur Terre avec des instruments de pointe.
Deux types d’échantillons collectés
Cet objectif a donc été accompli par Chang’e 6 qui, pour fonctionner sur la face cachée, a utilisé le satellite relai Queqiao2 lancé en mars 2024.
Les opérations se sont déroulées dans l’immense bassin Pôle Sud-Aitken Aitken, sur une zone située à la fois dans les régions australes et l’hémisphère invisible de la Lune. Deux types d’échantillons y ont été collectés: au niveau du sol grâce au bras mécanique de l’atterrisseur et jusqu’à 2 mètres de profondeur au moyen d’une foreuse. La masse totale de la matière prélevée pourrait aller jusqu’à 2000 grammes.
Pendant ces opérations qui ont duré environ 48 heures, trois instruments scientifiques non chinois ont réalisé également des mesures. L’un d’eux, dénommé DORN, est un détecteur de radon mis au point par l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie de Toulouse (IRAP). Il vise “à étudier l’origine et la dynamique de l’atmosphère de la Lune ainsi que ses propriétés thermiques et physiques de son sol. Pour cela, il mesure le radon et le polonium, deux traceurs radioactifs présents sur la surface lunaire”, explique le Centre national d’études spatiales (CNES).
Rebond dans l’atmosphère terrestre
Après un rendez-vous en orbite lunaire entre l’étage de remontée et le module de service, les échantillons seront transmis dans une capsule spécifique. Le module amorcera ensuite une série de manœuvres visant à allonger son orbite et l’injecter dans la trajectoire de retour vers notre planète.
Une fois larguée, la capsule effectuera son entrée à la vitesse de 11 kilomètres par seconde. Elle rebondira dans l’atmosphère terrestre à une altitude de 60 kilomètres environ, puis ouvrira ses parachutes pour atterrir en Mongolie-Intérieure autour du 25 juin. Les échantillons seront transportés alors dans des différents laboratoires pour y être stockés, inventoriés et analysés.
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