Africa-Press – Guinee Bissau. En novembre 2023, la sonde Lucy de la Nasa a survolé l’astéroïde (152830) Dinkinesh dont le nom signifie “tu es merveilleux” en langue amharique (le langage officiel de l’Ethiopie) et c’est ainsi qu’avait été dénommé le fossile de l’australopithèque Lucy, extrait du sol éthiopien, en 1974, par Yves Coppens, Donald Johanson et Maurice Taieb.
Les premières images avaient révélé un astre binaire dont le plus gros membre de la paire mesure 790 mètres de large au maximum, tandis que le plus petit, surnommé Selam, a une taille estimée à environ 220 mètres. Il s’avère que ce n’est pas tout à fait ça…
Un gros astéroïde et deux petites lunes
“Il y a beaucoup plus de complexité dans ces petits corps que nous ne le pensions au départ”, souligne Jessica Sunshine de l’Université du Maryland qui publie une nouvelle étude dans la revue Nature. Elle y indique que des observations complémentaires menées par la sonde en s’éloignant de l’astre révèlent que Selam n’est pas un seul corps mais une binaire de contact: deux petites lunes presque fusionnées. Elles se touchent et ont chacune la même taille, respectivement 210 et 230 mètres de diamètre. Elles sont situées à 3,1 kilomètres de Dinkinesh, dont elles font le tour en 52,7 heures.
La recherche permet aussi de comprendre comment ces deux petites lunes se sont formées. Les images révèlent en effet, à la surface de Dinkinesh, une sorte de creux à l’intérieur duquel existe une grosse crête. Selon les auteurs de l’étude, le mouvement de rotation rapide de l’astre, stimulé par la réflexion inégale de la lumière du Soleil sur sa surface, a conduit une partie du corps à se désagréger au niveau du creux. Une partie du matériau a été expulsée en orbite où elle a formé les deux satellites tandis que l’autre est retombée à la surface pour créer la crête observée.
La raison pour laquelle les deux petites lunes n’ont pas complètement fusionnées n’est pas encore claire: il se peut qu’elles se soient formées loin l’une de l’autre puis se soient rejointes à faible vitesse, ce qui a permis de préserver la structure des deux.
Plusieurs autres survols d’astéroïdes à venir
La sonde Lucy a été construite pour aller explorer les astéroïdes troyens de Jupiter. Les troyens représentent une classe d’astéroïdes qui partagent la même orbite qu’une planète, ils se situent juste devant ou juste derrière elle. Ils ne risquent cependant pas d’entrer en collision avec l’astre qu’ils précèdent ou poursuivent car leurs orbites sont stables. Plusieurs planètes du système solaire comme Neptune, Mars et Jupiter possèdent de tels compagnons et la Terre est accompagnée par au moins deux de ces petits corps, récemment découvert.
Les troyens, qui sont des cailloux très sombres mais pouvant arborer diverses teintes, sont vieux de plusieurs milliards d’années. Ils ont la même composition que les briques qui ont formé les planètes rocheuses du système solaire et leur étude permettra donc de mieux comprendre comment celui-ci s’est organisé.
Avant d’arriver autour de la géante du système solaire, Lucy survolera, en 2025, l’astéroïde (52246) Donaldjohanson. La sonde se dirigera ensuite vers le groupe d’astéroïdes troyens de Jupiter situés au point de Lagrange L4 qu’elle explorera en 2027-2028 avec les survols de (3548) Eurybates et son satellite, (15094) Polymele, (11351) Leucus et (21900) Orus. Enfin, en 2033, elle visitera le groupe d’astéroïdes situés au point de Lagrange L5 et croisera (617) Patroclus-Menoetius, un astéroïde binaire.
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