Africa-Press – Guinee Bissau. C’est littéralement la logique d’un dispositif de langue électronique mis au point par une équipe en science et génie des matériaux de l’université d’Etat de l’Ohio (Etats-Unis). Appelé logiquement e-Taste (goût électronique), il est décrit dans un article publié dans la revue Sciences Advances fin février 2025. Il combine d’un côté des données numériques correspondant à des molécules de saveurs et de l’autre un appareil qui se cale dans la bouche d’un utilisateur pour y déposer sous forme liquide une reconstitution de ce goût.
En matière de simulation numérique, des sens comme le goût ou le toucher sont plus difficiles à restituer que la vue ou l’ouïe dans la mesure où ils impliquent un contact physique, qui plus est avec des capteurs très complexes (les papilles, la peau). C’est pour cette raison que ce projet ne simule que des goûts proches des cinq saveurs de base: salé, sucré, acide, amer et umami.
Capteur connecté
Le système e-Taste commence par analyser de la nourriture bien réelle. Un capteur connecté y relève la teneur en chlorure de sodium (salinité), en glucose (sucre), en acide citrique (acidité), en chlorure de magnésium (amertume) et en glutamate (umami). Ces données sont alors transmises par connexion sans fil à des mini-pompes reliées à un réservoir en polymère contenant les cinq saveurs sous forme d’hydrogel. La pompe puise alors la proportion de chaque hydrogel nécessaire à la recomposition du goût. Le tout passe dans un liquide qui est ensuite acheminé dans un micro-conduit ménagé dans un morceau de silicone tenu en bouche par l’utilisateur. Et la solution est déposée sur la langue de ce dernier.
Le dispositif a été testé sur 16 participants âgés de 20 à 45 ans. Parmi eux, 10 ont expérimenté la reconnaissance de l’une des cinq saveurs de base à des intensités variables, et les 6 autres ont été confrontées à des combinaisons de saveurs simulant le goût de la limonade, d’un gâteau, d’un œuf au plat et d’une soupe de poisson. Par exemple, une personne à San Francisco, se tenant près du pont du Golden Gate, a plongé les capteurs dans un verre de limonade qu’elle tenait à la main et les données sur les niveaux de saveurs sont arrivés par les réseaux dédiés à l’Internet des objets jusqu’à l’e-Taste équipant un participant se trouvant, lui, à l’université d’Etat de l’Ohio, à Columbus.
Des goûts encore très sommaires
L’estimation des saveurs ressenties était évaluée par un système de notation. Au final, les cinq saveurs de base ont pu être reconnues par les participants concernés avec 70% d’exactitude et celles un peu plus élaborées à 86,7%.
Des résultats prometteurs donc, qui permettent d’envisager de littéralement transmettre des saveurs par internet, mais surtout d’intégrer l’e-Taste à une expérience de réalité virtuelle, qu’elle soit ludique, éducative voire médicale (lutte contre l’obésité, rééducation après un traumatisme ayant altéré le goût). Dans un environnement simulé, une personne serait ainsi capable d’éprouver pour de vrai le goût d’aliments n’existant, eux, que sous forme d’artefacts numériques. Mais encore une fois, les simulations fournies par ce qui n’est encore qu’un prototype restent très sommaires et en l’état rendent l’expérience limitée.
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