Léonard de Vinci, puits de savoir sur l’anatomie humaine

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Léonard de Vinci, puits de savoir sur l’anatomie humaine
Léonard de Vinci, puits de savoir sur l’anatomie humaine

Africa-Press – Guinee Bissau. Et c’est en 1487 que Léonard de Vinci (1452-1519) inventa… l’IRM. Ou presque. Attelé à la dissection d’une jambe humaine, l’artiste et savant a l’idée de la découper en plusieurs tronçons successifs et de reproduire en dessin chaque vue en coupe du fémur. C’est exactement le principe des coupes virtuelles obtenues par l’imagerie médicale à partir du milieu des années 1970. Un peu plus de vingt ans plus tard, Léonard de Vinci réalise une série de huit dessins de muscles de l’épaule avec des changements progressifs de la perspective, comme si le corps pivotait devant le regard de l’observateur à la manière d’un effet d’imagerie 3D.

C’est le genre de découvertes que l’on peut faire à l’exposition “Léonard de Vinci et l’anatomie, la mécanique de la vie”, qui se tient jusqu’au 17 septembre dans la Halle Eiffel du jardin du Clos Lucé, à Amboise (Indre-et-Loire). Conçu avec pour commissaires le chirurgien au CHRU de Brest Dominique Le Nen et le professeur d’histoire moderne à l’Université de Tours Pascal Briost, ce parcours très riche, fourni en dessins, croquis et pages manuscrites, détaille les travaux menés par le génial florentin pour comprendre le fonctionnement du corps humain, dans la perspective d’un traité d’anatomie qu’il ne publia jamais.

Description des mouvements du cœur en 1511

Léonard de Vinci a tout observé, tout étudié, tout reproduit et commenté : le squelette, les muscles, le cerveau, le système digestif ou respiratoire, les organes reproducteurs et urinaires, le foetus… Il exécute le premier dessin parfait, et fascinant, d’une colonne vertébrale. Il crée des vues en trois dimensions volontairement simplifiées, où les muscles sont réduits à un système de cordes, pour une meilleure lisibilité de certains mécanismes. En 1511-1512, il s’attache à décrire les mouvements du cœur et la pulsation artérielle et dessine les valves aortiques.

L’homme ne part évidemment pas de rien. L’exposition met un point d’honneur à répertorier les premières sources de son savoir. Par exemple, un exemplaire de 1548 du traité sur le vivant “De anima” de Aristote (384-322 avant notre ère), dont De Vinci applique la méthode consistant à comparer l’anatomie humaine et celle des animaux. Les mécanismes observés, comme le vol des oiseaux ou les articulations des os ou les muscles, lui serviront même pour ses projets machines (aile volante, poulies, leviers…).

La dissection de cadavres humains systématisée

De “De l’utilité des parties du corps humain” de Galien (vers 129-vers 201), présenté dans une édition de 1543, il reprend l’idée que chaque liquide du corps correspond à un organe et à une qualité (“théorie des humeurs”). Il prolonge également l’approche du médecin romain en matière de dissection. Là où ce dernier travaillait sur des animaux, de Vinci, lui, systématise la dissection de cadavres humains.

Contrairement à une légende tenace, il n’y avait rien de clandestin ni d’illégal à cela. Il travaille avec des médecins dans des hôpitaux de Florence, Pavie, Milan et, en 1515, côtoie le médecin du pape à Rome. Sa technique, novatrice pour l’époque, consiste à procéder par des ablations par couches successives et à retranscrire en dessins et textes ce qu’il observe à chaque étape (peau, muscles, nerfs, os…).

Au fil de l’exposition, la quantité d’informations couchées sur le papier (parfois dans sa fameuse écriture en miroir) par Léonard de Vinci s’avère proprement vertigineuse. D’autant que les documents présentés, comme dans toutes les expositions consacrées à des manuscrits de Léonard de Vinci, sont de petites feuilles à l’écriture serrée (essentiellement des fac-similés), où l’espace est optimisé. On sort de la salle un brin étourdi, comme on s’extirpe d’un puits de savoir. Même si ce savoir n’est pas sans faille. Les déductions de l’anatomiste du Clos Lucé sur le fonctionnement urinaire ou sur l’utérus, notamment, s’avèrent erronées. Au fond, il est presque rassurant de pouvoir prendre Léonard de Vinci en défaut.

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