Les fins détails anatomiques d’une nouvelle espèce d’insecte préservée dans l’ambre

8
Les fins détails anatomiques d’une nouvelle espèce d’insecte préservée dans l’ambre
Les fins détails anatomiques d’une nouvelle espèce d’insecte préservée dans l’ambre

Africa-Press – Guinee Bissau. Les cercopes sont des insectes de l’ordre des hémiptères (au même titre que les cigales, les pucerons ou les punaises) et la plupart se nourrissent de phloème, le tissu conducteur de sève des arbres. Ils sont également connus pour leurs larves qui libèrent un liquide mousseux du rectum qui les recouvre et fait office de protection contre les prédateurs et les guêpes parasitoïdes qui pondent des œufs à l’intérieur du corps. Les adultes, quant à eux, sont capables de sauts de plus de 100 fois la longueur de leur corps ! Une aptitude qui leur permet de passer d’arbres en arbres. C’est d’ailleurs le cercope des prés qui est responsable de la propagation de la bactérie tueuse d’oliviers, Xylella Fastidiosa, qui sévit en Italie, en Corse, en Espagne et qui vient de pénétrer dans l’Hexagone.

Un insecte minuscule qui se nourrissait de fougères

Les Cercopoidés comptent actuellement cinq familles plus trois anciennes et disparues dont celle des Sinoalidés dont fait partie ce fossile baptisé Araeoanasillus leptosomus. La première partie de son nom vient des mots grecs araeos (petits cheveux) et anasillos (hérissé) en référence aux “poils” de fougères trouvés dans l’échantillon, qui sont appelés trichomes. L’animal est minuscule : à peine sept mm de long avec une tête plus longue que large et de gros yeux ronds. Sur les côtés, on distingue des trichomes, ce qui suggère qu’il se nourrissait de fougères et pondait dessus. Près de la tête, il y a aussi un petit coléoptère, mais impossible de dire si les deux étaient en interaction ou s’il s’agit d’une rencontre fortuite.

Trichomes conservés dans l’ambre. Crédits : George Poinar Jr/OSU.

D’après ses caractéristiques anatomiques, les chercheurs de l’Université d’Etat de l’Oregon qui l’ont examiné estiment qu’il s’agit là d’un spécimen correspondant à un nouveau genre et à une nouvelle espèce. Son appétence pour les fougères est jugée normale puisqu’à cette époque, il existait des forêts de ces végétaux en Birmanie, tandis que les plantes à fleur étaient elles moins nombreuses et peu diversifiées. En revanche, il est difficile d’en savoir plus sur sa biologie, car les fossiles des familles de cercopes disparues sont très rares.

L’ambre de Birmanie, au cœur d’un sanglant conflit

Ce sont les conifères qui sécrètent la résine formant l’ambre. Ces arbres sont apparus au Carbonifère, mais ont connu durant le Jurassique, il y a 200 millions d’années, une évolution radiative qui s’est traduite par l’apparition de nombreuses espèces voisines. C’est donc principalement à partir de cette période que sont datés la plupart des échantillons fossiles que l’on retrouve à l’intérieur de l’ambre. En Birmanie, la majorité des fossiles proviennent de la vallée de Hukawng, au nord du pays et sont datés de 100 millions d’années.

Une région qui est le théâtre d’un conflit entre l’armée birmane et l’ethnie Kachin qui revendique plus d’autonomie. L’ambre y constitue un enjeu économique majeur (certaines pièces peuvent se vendre au marché noir jusqu’à 100.000 euros) et c’est l’un des moteurs du conflit. Si bien que les ONG alertent sur le fait que son commerce puisse être lié à des violations des droits de l’Homme et à des crimes de guerre (elles parlent même de “blood amber”). La Société de paléontologie des vertébrés, qui regroupe des dizaines de paléontologues, a ainsi adressé, en avril 2020, une lettre à 300 revues scientifiques pour les inciter à ne plus publier d’articles concernant les pièces d’ambre acquises à partir de juin 2017, date du début du conflit.

Ce fossile-là est bien originaire de la région Kachin mais il n’a pas été récolté récemment : il provient de la collection “Poinar”, hébergée à l’Université d’Etat de l’Oregon. George Poinar est un entomologiste américain, aujourd’hui âgé de 87 ans, il a passé une trentaine d’années de sa vie à collecter des échantillons d’ambre dans diverses localités. Il était persuadé de pouvoir récupérer de l’ADN dans ces fossiles : c’est l’une des personnes qui a inspiré Michael Crichton pour le scénario de Jurassic Park. Malheureusement, malgré quelques annonces, il semble bien que vœu n’ait pas été exaucé. C’est son fils, George Poinar Jr, biologiste, qui a réalisé cette recherche publiée dans la revue Life.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Guinee Bissau, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here