
Africa-Press – Guinee Bissau. Sà si-sá” est probablement le premier terme médical pour décrire la diarrhée, retrouvée dès le 2e siècle avant notre ère dans des ouvrages savants provenant de Mésopotamie (qui correspond à l’Irak et la Syrie d’aujourd’hui). Mais cette affliction est sûrement bien plus ancienne. Une étude des universités de Cambridge (Royaume-Uni) et Tel-Aviv (Israël) vient de montrer que la diarrhée était déjà commune des siècles avant ces premières inscriptions dans des livres médicaux. Leur étude, publiée le 26 mai 2023 dans le journal Parasitology, montre qu’une des causes les plus connues de la diarrhée, la giardiase, sévissait dans la ville de Jérusalem au 7e siècle av. J.-C., lorsqu’elle était la capitale du royaume de Juda.
L’évidence la plus ancienne de ces parasites
La giardiase est une parasitose digestive due à un micro-organisme (Giardia duodenalis ou Giardia intestinalis, un protozoaire flagellé). Cette maladie est asymptomatique dans la majorité des cas, mais peut causer des diarrhées graves, ainsi que des nausées et des vomissements. Les chercheurs ont trouvé des traces de ce parasite dans deux latrines datant du 8e et 7e siècles avant notre ère. Ces anciennes versions des toilettes actuelles consistaient en une plaque en pierre avec un trou pour déféquer et un plus petit pour uriner, posée sur un cloaque qui récupérait les déjections.
Des études précédentes avaient déjà identifié des traces de vers intestinaux dans ces latrines, telles que le ténia. Les deux maisons d’où proviennent ces latrines ont été détruites en 586 av. J.-C, lors du siège de Jérusalem par le roi des Babyloniens, Nabuchodonosor II (siège de deux ans qui a notamment causé la destruction du temple de Salomon). Elles n’auraient donc pas été utilisées depuis, et les traces qui s’y retrouvaient dateraient en conséquence d’avant cette attaque, assurent les auteurs. Il s’agit de la preuve la plus ancienne de ce parasite et de la giardiase.
Ces parasites intestinaux étaient probablement endémiques au Moyen-Orient
“Que ces parasites soient présents dans les deux latrines de l’âge du Fer étudiées suggère que ces maladies étaient endémiques au Royaume de Juda”, affirme dans un communiqué Piers Mitchell, chercheur au département d’Archéologie de l’Université de Cambridge et auteur de l’étude. À cette époque, la ville de Jérusalem comptait entre 8.000 et 25.000 habitants. Une population importante, ce qui probablement facilitait la transmission de ces parasites. Sachant que la plupart de ces personnes ne disposait même pas de ces latrines pour leurs besoins, car elles étaient réservées à l’élite de la ville.
Les mouches étaient aussi très répandues à cette époque dans le Moyen-Orient, propageant davantage ces parasites digestifs. “Nous concluons que l’accès limité aux technologies d’hygiène disponibles à l’époque (telles que les latrines, ndlr), la faible disponibilité d’eau fraîche durant la majorité de l’année, la densité de la population dans ces villes et la présence très répandue des mouches avec le potentiel de contribuer à l’infection prédisposaient la population à des maladies infectieuses causant des diarrhées”, poursuivent les auteurs dans la publication. Ces maladies parasitaires auraient donc probablement accompagné la population de cette région au moins depuis la période biblique.
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