Les rennes peuvent ruminer en même temps qu’ils dorment

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Les rennes peuvent ruminer en même temps qu’ils dorment
Les rennes peuvent ruminer en même temps qu’ils dorment

Africa-Press – Guinee Bissau. C’est dans une étable en Norvège que la neuroscientifique à l’Université de Zurich, Melanie Furrer, et son équipe ont mesuré l’activité du cerveau de plusieurs rennes. D’après leurs travaux, les ondes cérébrales de ces ruminants du grand froid indiquaient une phase de sommeil lent, alors même qu’ils étaient en train de remâcher les aliments prédigérés dans leur panse. Leur étude, publiée le 22 décembre 2023 dans la revue Current Biology, met en lumière cette étrange découverte.

Sommeil lent et rumination des rennes

Au départ, des chercheurs de l’Université de Zurich (Suisse) avaient décidé d’étudier l’influence des cycles dits “circadiens” sur les habitudes de sommeil des rennes en fonction des saisons. Car en Arctique, l’alternance lumière-obscurité est absente à la fois en hiver, lorsque le soleil ne se lève plus, et en été, lorsqu’au contraire, l’astre ne se couche plus (“soleil de minuit”).

Pour évaluer la quantité et la qualité du sommeil de ces ruminants du grand froid, les chercheurs sont allés à Tromsø, une ville du nord de la Norvège. Ici, ils ont fait passer un électroencéphalographe (EEG) – une mesure, non invasive, de l’activité électrique du cerveau – à un troupeau de femelles adultes rennes de l’Université arctique de Norvège (UiT).

Ces mesures ont été effectuées au moment de l’équinoxe d’automne, du solstice d’été et du solstice d’hiver, dans des étables avec un éclairage contrôlé, de la nourriture à volonté et une température constante. Melanie Furrer et son équipe ont constaté que les rennes dormaient à peu près autant en hiver, en été et en automne, bien qu’ils soient beaucoup plus actifs en été. Mais le plus étonnant était ailleurs.

En effet, les chercheurs ont pu établir que des rennes en train de ruminer, c’est-à-dire en train de remastiquer les aliments prédigérés dans leur panse, présentaient des ondes cérébrales révélatrices d’une phase dite de “sommeil à ondes lentes”. Sur une période donnée de 24 heures, les rennes ont passé en moyenne 5,4 heures en sommeil à ondes lentes (dit “Non-REM” en anglais), 0,9 heure en sommeil paradoxal – où se produisent les fameux “mouvements rapides des yeux” (dit “REM” pour rapid-eye-movement, en anglais) – et 2,9 heures à ruminer, quelle que soit la saison.

“Gagner du temps”

Par ailleurs, les rennes qui dormaient et ceux qui ruminaient avaient un comportement similaire : non seulement ils avaient tendance à rester “tranquillement assis ou debout” pendant les deux activités, mais ils se montraient aussi moins réactifs aux perturbations, comme le fait qu’un renne se lève ou s’asseye à côté d’eux.

“Plus les rennes ruminent, moins ils ont besoin de sommeil à ondes lentes supplémentaire”, explique dans un communiqué Melanie Furrer, principale autrice de l’étude et neuroscientifique à l’Université de Zurich. “Nous pensons que cela leur permet de gagner du temps en couvrant leurs besoins de sommeil et de digestion en même temps, en particulier pendant les mois d’été”.

En effet, les chercheurs supposent que cette activité “multitâche” aide les rennes à dormir suffisamment pendant les mois d’été arctique, lorsque la nourriture est abondante et que ces animaux “se nourrissent presque 24 heures sur 24, 7 jours sur 7”, en prévision de l’hiver arctique – long et pauvre en nourriture. Surtout que “la rumination augmente l’absorption des nutriments”, note la chercheuse. “Il est donc essentiel que les rennes passent suffisamment de temps à ruminer pendant l’été pour prendre du poids en prévision de l’hiver”.

La prochaine étape devrait consister à comparer l’impact de la rumination pendant le sommeil à celui de la rumination pendant l’éveil – car les rennes qui ruminent ne dorment pas toujours. “Nous savons aussi que le besoin de sommeil est beaucoup plus élevé chez les jeunes enfants et les bébés que chez les adultes, il serait donc intéressant d’étudier le sommeil chez les jeunes rennes”, conclut Melanie Furrer.

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