Africa-Press – Guinee Bissau. Aigles, faucons, albatros, vautours: tous pratiquent le vol plané. L’oiseau, ailes largement écartées, semble surfer sur les courants thermiques qui l’environnent avec une maestria qui fascine les ornithologues depuis des siècles.
Quels sont les secrets de cette technique redoutable permettant aux grands oiseaux de parcourir de larges distances sans battre des ailes ? L’un d’entre eux semble avoir été débusqué grâce aux travaux d’une équipe américaine de l’université de Floride qui publie ses résultats dans la revue Nature. Et il se nichait dans les poumons des oiseaux !
Pourquoi le vol plané est avantageux
On savait que si les grandes espèces de volatiles battent moins souvent des ailes que les petites, c’est que leur aérodynamisme le leur permet. Le rapport portance/trainée est en effet bien meilleur et leur évite le décrochage. En clair, leur distance parcourue à l’horizontale est supérieure à celle perdue à la verticale. Ce qui n’empêche pas les grands oiseaux planeurs d’être contraints de battre quelquefois des ailes, notamment pour reprendre de l’altitude.
Ou tout simplement pour décoller. Une phase qui peut toutefois s’avérer laborieuse puisqu’elle nécessite que l’oiseau coure sur une longue distance afin d’acquérir la vitesse suffisante pour soulever sa lourde et large stature et permettre son envol. Nos lecteurs se souviennent ainsi peut-être des décollages maladroits et drolatiques de l’albatros Orville dans le dessin animé Disney Bernard et Bianca, pas si éloignés de la réalité. Ainsi que de ses atterrissages tout aussi erratiques, cette procédure n’étant pas moins problématique pour les grandes espèces puisqu’elle nécessite que l’animal réduise sa vitesse au maximum, à la limite du décrochage.
Quoi qu’il en soit, si les grands oiseaux battent aussi peu des ailes, c’est essentiellement parce que le vol battu consomme énormément d’énergie, et ce d’autant plus que l’oiseau est imposant. Le vol plané sur ce point est bien plus économe. Toutefois, il demande tout de même de disposer d’une réserve énergétique suffisante pour maintenir les ailes étendues et lutter contre les vents.
Des sacs alvéolaires présents chez tous les oiseaux planeurs
L’équipe de chercheurs américains s’est penchée sur l’anatomie de faucons, examinant minutieusement des renflements présents entre les pectoraux, les muscles leur permettant de battre des ailes. Curieusement, les chercheurs ont montré que si ces deux sacs alvéolaires, l’un à droite, l’autre à gauche, sont capables de se gonfler et de se dégonfler, ils ne jouent pas de rôle dans la respiration de l’animal.
De plus, l’analyse de données anatomiques disponibles sur 68 espèces d’oiseaux leur ont révélé que ces diverticules sous-pectoraux nommés SPD (“subpectoral diverticulum”) étaient présents chez toutes les espèces d’oiseaux planeurs et absents chez ceux qui ne l’étaient pas et qu’ils ont évolué indépendamment au moins à sept reprises, signe de leur importance.
De toutes leurs données, les chercheurs en concluent que les SPD doivent servir à maintenir tendues les ailes des grands oiseaux. Un modèle informatique conçu avec des collègues britanniques de l’université de Liverpool semble leur donner raison. Lorsque ces petits sacs alvéolaires se gonflent, ils font office de bras de levier puissants qui maintiennent les muscles pectoraux contractés et bloquent les ailes en position horizontale.
La preuve que les poumons, loin d’être dédiés à la seule fonction respiratoire, peuvent avoir bien des rôles. Et les chercheurs de se demander si ces organes pourraient être impliqués dans d’autres mécanismes pour l’instant inconnus et qui ne demandent qu’à être découverts.
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