Africa-Press – Guinee Bissau. Le 1er juillet 2025, au plus fort de la vague de chaleur qui écrase l’Europe, il faisait 36°C à Darmstadt (Allemagne), au pied du vaste siège d’Eumetsat, l’organisation européenne pour l’exploitation des satellites météorologiques. L’ambiance était particulièrement enjouée, alors que le jour déclinait peu à peu, dans une chaleur toujours étouffante. Dans la salle du conseil, les personnes impliquées dans la mise au point du satellite MTGS-1 du programme « Meteosat Troisième Génération » se sont succédé sur scène pour expliquer les particularités de ce sondeur de l’atmosphère et qui aura pour mission de cartographier l’atmosphère terrestre en 3D.
« Il y avait beaucoup de frayeurs dans la salle »
Alors que l’on approchait de 23h, l’ambiance s’est soudain tendue, tandis qu’apparaissait à l’écran l’image du lanceur Falcon 9 de SpaceX sur son pas de tir à Cap Canaveral, en Floride (Etats-Unis). Le silence s’est fait tandis que s’égrenait l’ultime décompte jusqu’au puissant décollage du premier moteur, à 23h04, qui s’est élevé longuement dans le ciel clair avant de se séparer et revenir se poser sur sa barge en mer, tandis que les étapes suivantes se déroulaient sans encombre. A chaque étape franchie, les visages s’éclairaient, les mains se serraient. Et lorsque la séquence s’est achevée sur un lancement réussi, les accolades ont succédé aux longs applaudissements.
« Il y avait beaucoup de frayeurs dans la salle, reconnaît Bertrand Denis, directeur de l’observation, de la science et de l’exploration chez Thalès Alenia Space. Pour nombre de personnes qui ont participé à MTGS-1, c’est 12 à 15 ans de travail qui se jouent sur une séquence qui dure une heure, et où à chaque seconde, on a envie que cela marche. »
Six satellites à terme
MTG-S1 est désormais en route pour rejoindre en orbite géostationnaire (à 36.000 km d’altitude) le premier satellite imageur, MTG-I1, à poste depuis 2022. « Ce qui est important avec ce lancement, explique Bertrand Denis, c’est que les deux satellites composent le début d’une constellation: le premier satellite permettait d’avoir une image en 2D, et ce second offre une vision en 3D de l’atmosphère, ce qui va améliorer les prévisions météorologiques à l’échelle régionale et mondiale. » A terme, cette nouvelle constellation météorologiques sera constituée de six satellites: quatre satellites imageurs et deux sondeurs atmosphériques, qui devraient offrir des capacités de prévision parmi les plus performantes au monde.
Un gain de qualité qui devrait dépasser les frontières européennes, puisque depuis 1977 les satellites Meteosat constituent la principale source de données météorologiques pour l’Afrique également et que leurs données contribuent au système mondial d’observation de l’Organisation météorologique mondiale (OMM).
MTG-S1 est équipé du premier sondeur infrarouge hyperspectral européen destiné à une orbite géostationnaire. Il mesure finement la température et l’humidité selon la latitude, la longitude et l’altitude, ce qui permet de visualiser toutes les 30 minutes un cube d’atmosphère au-dessus de l’Europe, et, par exemple, de détecter en amont les signes avant-coureurs de tempêtes. Les images de la Terre sont quant à elles réactualisées toutes les 10 minutes contre 15 minutes auparavant, et celles de l’Europe le sont toutes les 2,5 minutes !
Sentinel-4 fournira toutes les heures des données sur les polluants de l’air
Pour la première fois, un satellite météorologique d’Eumetsat, en l’occurrence MTG-S1, emporte également à son bord un instrument destiné à compléter le programme européen d’observation de la Terre Copernicus. Il s’agit de l’instrument Sentinel-4, réalisé par Airbus Defence and Space. Il a pour mission la surveillance de la qualité de l’air et des concentrations de gaz à effet de serre depuis l’orbite géostationnaire, une orbite très stable qui lui permet de rester concentré sur l’Europe et le nord de l’Afrique. Doté d’un spectromètre ultraviolet, visible et proche de l’infrarouge, Sentinel-4 fournira toutes les heures des données sur les aérosols, l’ozone, le dioxyde d’azote et le dioxyde de soufre dans notre atmosphère. Il détectera ainsi des panaches de pollutions, de poussières du désert, de fumées d’incendies, etc.
Sentinel-4 est le premier instrument entièrement dédié à la détection des pollutions de l’air, ce qui permettra d’évaluer la qualité de ce que nous respirons et fournira des données indispensables pour les décideurs de politiques publiques. « Aujourd’hui, 7 millions de personnes meurent chaque année de pollutions atmosphériques, souligne Simonetta Cheli, directrice des programmes d’observation de la Terre de l’Agence spatiale européenne (ESA), dont 500.000 en Europe. Ce nouvel instrument doit permettre l’amélioration des services de surveillance de l’atmosphère. »
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