On ne fait pas assez pour protéger les espèces menacées, selon une étude

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On ne fait pas assez pour protéger les espèces menacées, selon une étude
On ne fait pas assez pour protéger les espèces menacées, selon une étude

Africa-Press – Guinee Bissau. Une étude publiée le 5 juin 2024 dans la revue Nature révèle des lacunes alarmantes dans les efforts de conservation des espèces les plus menacées au monde.

Comme le rappellent les chercheurs impliqués dans l’étude, la perte de biodiversité est une préoccupation mondiale et malgré les multiples engagements internationaux pour y remédier, les extinctions d’espèces continuent de s’accumuler. Afin de comprendre au mieux et d’améliorer les mesures de conservation, il est essentiel de les évaluer quantitativement et d’observer leur efficacité.

Une équipe internationale de chercheurs, dirigée par le Dr Rebecca Senior de l’université de Durham (Royaume-Uni), a donc examiné des données provenant de la liste rouge des espèces menacées de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Ils ont également étudié les données des rapports d’actions de conservation provenant de Map of Life et de trois autres sources de rapports. Pour 5963 espèces terrestres menacées, l’équipe a analysé les interventions documentées correspondant aux trois principaux phénomènes qui les menacent: la perte d’habitat, la surexploitation pour le commerce international et les espèces invasives.

Un manque général d’interventions

Parmi les résultats, certains sont particulièrement préoccupants. De manière générale, les chercheurs ont constaté que 58% des espèces terrestres menacées ne bénéficient pas d’une protection significative de leur habitat ou d’interventions de conservation efficaces, ce qui représente 3467 espèces.

Plus spécifiquement, pour la protection de l’habitat, les chercheurs ont découvert que seulement 9 % des espèces menacées par la perte d’habitat ont une représentation minimale suffisante de leur habitat dans les aires protégées. Concernant la surexploitation des animaux pour le commerce, 24% des espèces menacées par la surexploitation pour le commerce international ne sont pas soumises à un contrôle commercial international.

Les scientifiques ont aussi découvert que seulement 24 % des espèces menacées par d’autres espèces invasives bénéficient d’interventions visant à contrôler ces espèces problématiques. “Nos résultats sont très préoccupants car ils montrent que nous ne faisons pas vraiment d’efforts pour la plupart des espèces les plus menacées d’extinction”, explique dans un communiqué de presse le Dr Rebecca Senior de l’Université de Durham, principale auteure de l’étude. “Si cela continue, il n’y a que peu ou pas d’espoir que ces espèces menacées se rétablissent d’elles-mêmes.”

Des disparités face à la protection

Les chercheurs ont relevé que les efforts de conservation ne sont pas répartis de manière uniforme. Les oiseaux, par exemple, reçoivent beaucoup plus d’attention en matière de conservation que d’autres groupes tels que les amphibiens et les plantes.

Géographiquement, certaines régions, comme l’Amérique centrale et l’Indonésie, sont particulièrement déficientes en protection adéquate de l’habitat des espèces menacées. De nombreuses espèces d’amphibiens en Amérique centrale, à Madagascar et en Australie nécessitent un contrôle des espèces invasives important mais n’en bénéficient pas.

Une lueur d’espoir dans les actions de conservation ciblées

Les chercheurs ont également constaté que les interventions de conservation, lorsqu’elles sont appliquées de manière adéquate, peuvent être efficaces pour réduire le risque d’extinction des espèces. Par exemple, les espèces qui ont été rétrogradées à des catégories de menace inférieures sur la Liste rouge de l’UICN entre 2006 et 2020 avaient plus souvent des interventions de conservation documentées par rapport à celles dont le statut s’est détérioré, suggérant que des actions de conservation ciblées et bien mises en œuvre peuvent avoir un impact positif sur le statut des espèces vulnérables.

En réaction à ces découvertes, les chercheurs appellent à une augmentation significative des programmes de conservation stratégiques et bien financés, notamment dans les pays en développement riches en biodiversité. “Nous parlons d’une arche en train de couler où il n’y a pas assez de canots de sauvetage à bord et où l’équipage n’est même pas sûr de savoir où se trouvent ces canots”, alarme le co-auteur de l’étude, le professeur David Wilcove de l’université de Princeton dans un communiqué. “Il est essentiel que les gouvernements et les organisations environnementales fassent un effort concerté pour remédier à ces lacunes en matière de conservation avant qu’il ne soit trop tard.”

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