Prédisposition Génétique à L’Allergie à L’Arachide

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Prédisposition Génétique à L’Allergie à L’Arachide
Prédisposition Génétique à L’Allergie à L’Arachide

Africa-Press – Guinee Bissau. Ce ne serait pas pour rien que l’arachide est un des allergènes les plus courants, non toléré par 1% de la population mondiale. Les humains, même non allergiques, auraient une prédisposition génétique à la production d’anticorps anti-ARA h2, la protéine de l’arachide créant la plus forte réactivité, d’après de nouveaux travaux publiés dans la revue Science Translational Medicine.

Des « anticorps publics », dont la structure est conservée d’un individu à un autre

« Nous avons été complètement surpris par la façon dont l’histoire s’est déroulée », raconte Sarita Patil, médecin allergologue et qui a dirigé ces nouveaux travaux. Le récit de ces recherches remonte à une décennie en arrière, lorsque l’équipe recherche des anticorps protecteurs capables d’induire la tolérance à l’arachide à long terme. A la place, ils découvrent accidentellement des anticorps ciblant spécifiquement la protéine Ara h2 et qui partagent, d’une personne à l’autre, une grande part de leur structure, malgré des variations génétiques.

Ces anticorps dits « publics », car largement partagés au sein de la population, commencent alors juste à être décrits dans d’autres maladies. « L’idée a fini par émerger après plusieurs années de travail que les anticorps publics pourraient nous montrer comment de multiples voies peuvent être préprogrammées génétiquement pour aboutir à des anticorps presque identiques », continue Sarita Patil.

Des anticorps anti-arachide retrouvés chez les bébés non allergiques

Lorsque nous mangeons, les humains sains produisent des anticorps ciblant spécifiquement la nourriture ingérée, suggèrent de nombreuses publications scientifiques. Ce sont des IgG (immunoglobulines, nom scientifique des anticorps de type G), c’est-à-dire qu’ils ne causent pas de réaction allergique, au contraire de leurs homologues, les IgE. « L’objectif de la production normale d’IgG contre les antigènes alimentaires n’est pas complètement compris », admet Sarita Patil.

Le processus par lequel les IgG peuvent se transformer en IgE est appelé commutation séquentielle, et s’il n’est pas entièrement élucidé non plus, il permet de mieux conserver la mémoire de la réponse par ces anticorps. Les chercheurs retrouvent ainsi à la fois des IgG et des IgE anti-Ara h2 dans le sérum sanguin de 22 enfants et adultes allergiques aux arachides. Logique jusqu’à ce point. Mais, surprise, des IgG similaires sont également présents dans le sérum de la moitié des 45 bébés sains examinés, et chez qui la cacahuète a été introduite dans la première année de vie.

Origines évolutives mystérieuses

« Nous pensons que ces résultats indiquent que nous sommes génétiquement préprogrammés grâce à nos gènes d’anticorps », interprète Sarita Patil. Reste à savoir quand ce phénomène s’est développé au cours de l’évolution, s’il est présent chez d’autres mammifères ou s’il est propre à l’humain. La question de la cause reste pour l’instant ouverte.

« Bien que nous ayons trouvé cet épitope particulier sur les cacahuètes, il est possible qu’il ait été présent dans d’autres aliments avant même que la plante moderne de la cacahuète n’ait été trouvée il y a 2000 ans en Amérique du Sud », suggère Sarita Patil. « Il est également possible qu’il existe un autre épitope ressemblant à celui de l’arachide dans un organisme complètement différent, par exemple une bactérie, que nous avons appris à reconnaître au cours de l’évolution. » Notre sensibilité à l’arachide serait dans ce cas un biais issu d’une défense génétiquement inscrite dans l’espèce humaine contre un pathogène.

« Pour nous, ces travaux ont été comme une boîte à mystères dans laquelle nous trouvions sans cesse de nouveaux trésors à chaque niveau, qui remettaient en question nos idées préconçues sur la manière dont les anticorps contre les aliments se développent », résume l’allergologue.

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