Quand la Terre s’est-elle transformée en boule de neige ? La réponse révélée par des roches écossaises

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Quand la Terre s’est-elle transformée en boule de neige ? La réponse révélée par des roches écossaises
Quand la Terre s’est-elle transformée en boule de neige ? La réponse révélée par des roches écossaises

Africa-Press – Guinee Bissau. C’est un kayak qu’il faut manœuvrer pour se rendre sur les îles écossaises de Garvellachs, un petit archipel inhabité situé à l’ouest de l’Ecosse et au nord de l’Irlande. Sur certaines d’entre elles y affleurent des roches appartenant à la formation de Port Askaig qui peut atteindre par endroit 1,1 km d’épaisseur et est datée du Cryogénien (-720 à -635 millions d’années). Une période durant laquelle la Terre a connu de profonds changements climatiques, passant de températures quasi tropicales à une ère glaciaire.

Toute la Terre recouverte de glace

Selon la plupart des géologues, au moins deux épisodes de glaciation se sont produits durant le Cryogénien: la glaciation sturtienne, datée de 720 à 660 millions d’années, et la glaciation marinoenne, qui a eu lieu entre 650 à 635 millions d’années. Des datations qui sont indicatives plus que précises. Durant ces deux évènements, le globe était quasi entièrement recouvert de glace, d’où l’expression de “Terre boule de neige”. Il se pourrait, toutefois, qu’une mince bande à l’équateur soit restée libre de glace selon le modèle, présenté il y a quelques mois, d’une “Terre boule de neige fondante”.

Quoi qu’il en soit, de nombreux indices géologiques attestent de l’existence de ces périodes de froid intense: les roches de l’époque conservent la trace des glaciers qui les recouvraient. Mais peu de sites ont gardé la mémoire de la période chaude qui a précédé. Or, les couches exposées sur les îles Garvellachs laissent entrevoir, sous les roches de la glaciation sturtienne, 70 mètres de roches carbonatées plus anciennes formées dans des eaux bien plus chaudes.

Ces couches témoignent d’un environnement marin tropical avec une vie florissante, composée essentiellement de cyanobactéries, qui s’est progressivement refroidi, marquant la fin d’environ un milliard d’années d’un climat tempéré sur Terre. “La plupart des régions du monde manquent cette transition remarquable parce que les anciens glaciers ont gratté et érodé les roches situées en dessous, mais en Écosse, par miracle, la transition peut être observée”, se réjouit, dans un communiqué, Elias Rugen, premier auteur d’une étude parue dans le Journal of the Geological Society.

Bientôt un clou d’or ?

Les chercheurs ont prélevé dans les deux types de roches de minuscules zircons. Ces minéraux qui sont abondants dans la croûte terrestre sont utilisés par les géologues comme des capsules temporelles. En effet, ils contiennent de l’uranium qui se transforme en plomb à un rythme constant, ce qui permet d’obtenir des datations très précises. Ici, les résultats indiquent que les roches se sont déposées entre il y a 662 et 720 millions d’années. Pour les auteurs de l’étude, la précision des datations pourrait permettre que ce site soit défini comme le marqueur du début de la période cryogénienne.

Chaque étage géologique est, en effet, matérialisé par un repère dans un lieu géographique bien précis où les géologues ont découvert des preuves suffisantes d’un changement des conditions climatiques ou environnementales justifiant le passage d’une période à une autre. Chacun de ces lieus est appelé point stratotypique mondial par les spécialistes et plus généralement “clou d’or”.

Ces clous d’or sont identifiés par un véritable clou planté dans la roche et ils attirent les visiteurs puisque, parfois, un musée est installé autour. Depuis quelques années, les géologues sont d’ailleurs à la recherche du clou d’or qui marque l’entrée dans la toute dernière ère géologique, l’anthropocène. Mais une décision, contestée, de l’Union internationale des sciences géologiques (IUGS) semble avoir mis un terme, provisoire, à cette notion.

C’est la Commission internationale de stratigraphie de l’IUGS qui est désormais chargée d’évaluer les sites de Garvellachs afin de voir s’ils peuvent être validés pour abriter le clou d’or du Cryogénien.

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