Africa-Press – Guinee Bissau. A travers un jeu, des chercheurs ont identifié des disparités de mémoire selon le type de motivation des individus : dans l’urgence ou basé sur de la curiosité. Leurs résultats ont été publiés dans la revue PNAS. “Dans une situation d’urgence, pour éviter un danger par exemple, notre cerveau est en mode ‘impératif’. L’inconvénient de cette configuration, c’est qu’elle restreint nos capacités de mémoire et d’attention”, résume à Sciences et Avenir Alyssa Synclair, auteure de l’étude. Pour cette expérience, les chercheurs ont recruté 420 volontaires, auxquels ils ont proposé… un jeu sur ordinateur.
“Vous êtes un voleur d’œuvres d’art”
Les participants ont joué à un jeu informatique dans lequel ils incarnaient des voleurs et cherchaient des tableaux de valeur dans un musée d’art virtuel. Face à quatre portes colorées, représentant les salles du musée, ils devaient en choisir une pour y observer l’une des toiles exposées et son prix.
“Nous avons séparé les joueurs en deux groupes et modifié légèrement l’histoire du jeu pour que leur motivation soit différente”, indique la chercheuse. La moitié jouait ainsi des voleurs en plein braquage. Ils devaient donc hâter leur recherche et voler le plus de toiles précieuses possible en évitant de se faire prendre : c’est ce que les chercheurs ont défini comme “mode urgent”. Lors du second mode, l’expérimentateur déambulait tranquillement dans le musée pour planifier son coup.
Une meilleure mémoire à long terme
Le lendemain, les chercheurs leur ont fait passer un test de reconnaissance des peintures. Comme ils le prévoyaient, les scientifiques ont constaté que les participants qui planifiaient le braquage et repéraient simplement les lieux, se souvenaient bien mieux des tableaux. Et en particulier de ceux qui avaient le plus de valeur. “La récompense a stimulé leur mémoire, de sorte que les peintures précieuses étaient plus susceptibles d’être mémorisées”, analyse Alyssa Synclair.
Toutefois, les participants du groupe “urgent” étaient, eux, plus susceptibles de reconnaître les portes derrière lesquelles se cachaient les tableaux les plus chers. Ces différences subtiles de motivation ont eu des conséquences inégales sur la mémoire et l’efficacité des individus. “Il existe un compromis entre le mode ‘urgent’ qui nous aide à être plus performant sur l’instant, et le mode ‘curieux’ qui nous aide à former des souvenirs à long terme”, précise la chercheuse. Comment expliquer ce phénomène à l’échelle du cerveau ?
Dopamine versus noradrénaline
L’histoire racontée par les chercheurs à chaque groupe aurait eu un impact différent sur les réactions chimiques au sein de leur cerveau. Sur la base d’études antérieures, l’équipe de scientifiques pense que le mode “urgence” est notamment associé à la noradrénaline – un neurotransmetteur proche de l’adrénaline – et à l’activation de l’amygdale. Il s’agit d’un circuit connu du stress.
En revanche, c’est la sécrétion de dopamine qui serait majoritaire chez le groupe de voleurs en simple repérage. “Et c’est sûrement leur hippocampe qui est activé contrairement aux autres. Or, c’est une structure essentielle pour la formation de souvenirs détaillés et durables”, indique Alyssa Synclair. Dans une nouvelle étude, encore en cours, l’équipe de chercheurs examine le cerveau des joueurs pendant le jeu grâce à l’IRM. L’objectif est de prédire la réussite ou l’échec de leur test de mémoire du lendemain, en fonction des régions actives dans leur cerveau.
“Changer de mode, pour mieux réussir”
Le stress est une réponse à de nombreuses situations, comme les examens pour les étudiants par exemple. “Cette pression est omniprésente et souvent délétère. Mais si nous parvenons à passer en ‘mode curieux’, nous pourrions améliorer notre mémoire”, assure la chercheuse.
Son équipe suggère différentes astuces pour changer d’état d’esprit. Parmi elles, la curiosité (l’élaboration de questions, par exemple), l’expérience du jeu et du plaisir, l’essai de nouvelles activités ou l’exploration de nouveaux lieux, et l’utilisation de stratégies de relaxation telles que la méditation et la pleine conscience.
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