Africa-Press – Guinée. Le célèbre écrivain guinéen Tierno Monénembo était l’invité ce jeudi 5 juin de l’émission Sur le pont des Arts sur Radio France Internationale (RFI). L’auteur, connu pour sa plume engagée, n’a pas mâché ses mots concernant la situation politique en Guinée sous le régime du général Mamadi Doumbouya.
Au cours de l’émission, il a été demandé à Tierno Monénembo si le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD), près de quatre ans après son avènement au pouvoir, n’a pas ‘’totalement perdu le crédit’’ qu’il avait en renversant Alpha Condé’’.
‘’Complètement. Complètement. Ce crédit a duré peut-être deux ou trois mois. Je pense que même moi, j’étais plutôt favorable à ce coup d’État. J’étais soulagé de voir partir le président qui faisait un coup d’Etat constitutionnel, qui s’offre un troisième mandat illégal’’, répond celui qui avait initialement accueilli favorablement le coup d’État de septembre 2021
L’auteur du Roi de Kahel assure que depuis ‘’l’indépendance, on a passé notre temps à violer la constitution, à violer les règles établies. Ce sont nos chefs, nos présidents, qui sont les premiers à violer la loi. C’est pour cela que ça ne marche. En Guinée, il n’y a pas un minimum de règles de vie commune. C’est le caprice du chef qui fait fonction de loi’’.
Ce qui inquiète Monénembo dans ce qu’il qualifie de dérives autoritaires de la junte militaire, ce sont ‘’les morts, les arrestations arbitraires, les disparitions, tous les jours, il y a quelqu’un qui disparaît en Guinée, etc. C’est le retour du régime de Sékou Touré, en fait’’.
L’écrivain ne mâche pas ses mots quand il parle des intellectuels guinéens, qu’il tient pour responsables à 90% des malheurs de la Guinée.
‘’C’est la démission des intellectuels guinéens qui a fabriqué tous les monstres qui se sont succédé au pouvoir depuis l’indépendance. Ce sont eux qui fabriquent leurs propres bourreaux. Sékou Touré les a tués. Ce sont eux qui sont en train de fabriquer Mamadi Doumbouya. Et c’est Mamadi Doumbouya qui les tuera. C’est comme une malédiction’’, martèle-t-il.
Pour Tierno Monénembo, cet aveuglement des intellectuels s’explique par ‘’la peur, la frilosité, l’opportunisme ou alors la paresse d’esprit’’.
Partout ailleurs, à l’en croire, ‘’les intellectuels assurent le service minimum. Ce qui fait que les dérives ne sont jamais totales. A un moment donné, les pays s’arrêtent et ne tombent pas dans un gouffre, comme ça se fait en Guinée à chaque fois qu’on change de président, il nous ramène au gouffre’’.
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