Que sont-ils devenus ? Aperçu sur le parcours d’Alpha Oularé alias ‘’Jean Claude’’, ex-sociétaire de l’orchestre Syli authentique de Conakry 2

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Que sont-ils devenus ? Aperçu sur le parcours d’Alpha Oularé alias ‘’Jean Claude’’, ex-sociétaire de l’orchestre Syli authentique de Conakry 2
Que sont-ils devenus ? Aperçu sur le parcours d’Alpha Oularé alias ‘’Jean Claude’’, ex-sociétaire de l’orchestre Syli authentique de Conakry 2

Africa-Press – Guinée. ‘’Entre ce choix et ce don, je me suis mis à la tâche, en gardant à l’esprit, que je vais utiliser l’équilibre à travers une balance Roberval, aux poids identiques…’’

’Que sont-ils devenus ? est votre rubrique consacrée à la vie, au parcours, aux œuvres et aux carnets de santé des acteurs, du secteur des arts, de la culture et des sports.

Pour cette interview, découvrons ce musicien, chanteur, auteur et compositeur qui nous vient tout droit de Dabola, la préfecture épicentre de la République de Guinée.

Ex-sociétaire de l’orchestre Syli authentique de la Fédération de Conakry 2, Alpha Oularé communément appelé ‘’Jean Claude’’ est né en 1954 à Dabola. Il est fils de feu Mamadou et de feue Mama Kanté. Marié à 1 femme, il est père de 7 enfants (4 garçons et 3 filles).

Pour son cursus scolaire, Alpha Oularé a fait ses études primaires et secondaires à Dabola. Pour la suite, il évoluera à Conakry entre les lycées de Coléah et du 1er mars, pour ensuite être admis en 13ème année de faculté au 2 août de Donka.

Alpha Oularé de son plein gré, dit-il, a préféré pour continuer les études, s’orienter à l’Ecole Normale d’Instituteur (ENI) de Pita, où durant 2 années de formation, il sortira avec le grade d’Instituteur Ordinaire Stagiaire (IOS). Aussitôt engagé dans la fonction publique, il servira à Tougué (1 an), Dabola (2 ans) et ensuite à Conakry, précisément à l’école primaire de Madina Ecole (20 ans).

Enseignant à la retraite, Alpha Oularé continue de prêter ses services en qualité de contractuel, dans une école primaire privée de la place.

Votre quotidien d’informations en ligne Guineenews, a rencontré l’enseignant-chanteur Alpha Oularé alias Jean Claude, à son domicile situé au quartier Châteaux-rails dans la commune de Ratoma. Il s’est livré au questionnaire du serviteur de votre rubrique.

Enseignant de profession, dites-nous comment vous vous êtes forgé pour être aujourd’hui ce musicien qui a appartenu au célèbre Syli Authentique de Conakry 2 ?

Alpha Oularé : Je suis né à Dabola, une ville où tous les jeunes aimaient être musiciens. Chaque jeune se disait musicien ou voulait l’être forcément. Vous savez la musique est un don et généralement il faut être prédisposé. Instinctivement, à mon enfance, j’ai aimé la musique. Pour preuve, je me souviens que je chantais et dansais de case en case, accompagné par les applaudissements rythmés de mes parents.

Je faisais amuser tout le monde. Pour la petite anecdote, je me rappelle qu’il y avait un goyavier derrière la case de ma maman. Souvent, je grimpais plus haut, une fois hissé sur une de ses branches, c’est là où je passais beaucoup de temps à chanter. Et à chaque fois que ma maman se rendait compte de ma présence sur les branches de ce goyavier, elle disait ceci « Eh ! Baba faran donkili lala » et je répondais le plus souvent « N’na a to n’nyé kélén nin la », (littéralement traduit du malinké ‘’ Eh ! mon père arrête de chanter. Maman, laisse-moi chanter la dernière’’).

Tout est parti de Dabola et à l’époque, on s’inspirait de nos ainés qui étaient dans la musique. Je peux citer, feu Boubacar Bah, ex-guitariste soliste du Syli authentique, Ousmane Kouyaté ‘’Kéfimba’’ entre autres. Tous ces anciens, ont été mes idoles chez lesquels, je me suis inspiré et dont je ne quittais presque pas. Plus tard, Bah Boubacar, va rejoindre Conakry pour ses études à la faculté de comptabilité de Bellevue. Ironie du sort, à la même année, j’arrive un peu après lui à Conakry, pour rejoindre mon frère. Plus loin, je vous disais que la musique est une prédestination. Dieu sait faire les choses, j’ai habité avec feu Boubacar Bah à Mafanco, chez son grand frère, le footballeur de renom d’antan, Bah Oury de Kankan. Avec sa guitare, il animait le coin qui deviendra le pôle d’attraction de plusieurs jeunes artistes. J’ai d’abord commencé à apprendre la guitare basse, que j’ai bien aimée. C’est un peu plus tard que j’ai décidé de chanter.

Pour revenir au chant, sur qui vous vous êtes inspiré finalement ?

Alpha Oularé : Je fréquentais le Syli authentique et je tournais souvent autour de Yaya Bangoura, de Aliou, de feu Bah Boubacar et de feu Aguibou Barry l’accompagnateur. Je rodais autour de tout ce monde. En ce moment, je n’étais pas titulaire mais parfois, j’assistais ‘’El Bangou’’ qui ne maitrisait pas le malinké, pour la prononciation, et la signification des mots et phrases dans les différentes compositions faites dans cette langue. Je me suis inspiré de Yaya Bangoura et particulièrement de Aliou qui me disait ceci « Jean Claude, tu as une voix qui peut être comme la mienne, qui peut être comme celle de Demba. Il faut continuer et il y a encore des corrections à faire. Il faut chanter et tu verras à l’avenir ce que cela va donner ». Je me suis mis à sa disposition et il m’a donné le secret suivant « Va dans une chambre ou dans un coin libre et tu essayes de t’égosiller continuellement, cela va libérer ta voix, tes cordes vocales. Tu as une très belle voix… » C’est vrai que j’avais une belle et douce voix mais qui n’était pas dégagé devant le micro. J’ai quitté Conakry pour l’ENI de Pita. Arrivé là, j’étais presque le seul passionné de musique. En suivant les conseils de Aliou, je me retirai, et seul je chantais à tue tète.

Finalement les camarades d’école me traitaient de fou venant de Conakry. D’ailleurs, les villageois de passage disaient ceci « lèkol dyogo no feeti Kinkon » Littéralement traduit en pular (un des étudiants est devenu fou à Kinkon). Pour vous faire rire, j’ai accepté de faire le fou du village. Et à chaque passage de ces femmes qui partaient aux marchés hebdomadaires, j’entonnait plus fort encore les chansons, et elles s’en fuyaient en laissant leurs bagages. Je ramassais tout ce qui tombait et en profitais pour ma subsistance à l’internat (rires). Finalement ma voix se rodait. Avant même la fin du cycle, franchement j’ai constaté une nette amélioration. Vous retiendrez que je me suis inspiré de Aliou en suivant à la lettre ses conseils et petits secrets pour devenir ce chanteur.

Pouvez-vous nous décrire votre parcours musical ?

Alpha Oularé : J’ai débuté avec le Syli authentique en tant qu’apprenant, et cela avant mon orientation à l’ENI de Pita. A Pita, je n’ai pas eu le temps de pratiquer la musique à part mes séances de répétition pour améliorer ma voix et où on m’avait traité de fou, qui a bien pu profiter de sa folie (rires). Muté à Tougué après le cycle normal, je n’ai pas hésité de me présenter à l’orchestre fédéral, le Koloum jazz. J’ai été recruté en qualité de 2ème chanteur. A cause de ma fonction d’enseignant et de chanteur, j’ai été retenu en ville pour dispenser les cours. Après Tougué, vu que ma mère était tombée malade, j’ai demandé une affectation pour la rejoindre à Dabola. Directement j’ai intégré l’orchestre fédéral, le Tinkisso jazz.

Pendant 3 ans, j’ai évolué dans cet orchestre. C’est quand ma mère fut rétablie, que je me suis retourné à Conakry dans le Syli Authentique, mon orchestre de départ. Là directement, je fus le 2ème chanteur puisque Aliou n’y était plus ainsi que Max ‘’Cocorico’’, qui était parti en Côte d’Ivoire. Voilà en bref mon parcours et sans compter, que j’ai chanté en compagnie de plusieurs orchestres de la capitale. Présentement, j’évolue avec le groupe standard de feu Petit Condé.

Au sein du Syli authentique, aviez-vous eu à votre actif des compositions musicales.

Alpha Oularé : Evidemment avec cet orchestre, j’ai composé plusieurs titres qui ont été enregistrés et peu passés sur les ondes. Je peux citer entre autres ‘’Kambérénin kemba’’, ‘’ Diyayé yan bi’’, ‘’Sabuyandé’’. J’interprétais aussi beaucoup de chansons du patrimoine guinéen. Je n’ai sorti aucun album pour le moment et je compte le faire par la grâce de Dieu.

Aucun album sur le marché du disque guinéen, êtes-vous en mesure de fournir quelques titres pour une production, ne serait-ce que pour la postérité ?

Alpha Oularé : Je vous dirais que je suis inspiré aujourd’hui mieux qu’avant. C’est maintenant que je me sens plus en forme, plus libre et capable malgré le poids de l’âge, de réaliser un album solide ; qui pourrait plaire à beaucoup de personnes et surtout, à celles qui m’ont connu avant. Je tiens à cela et si j’ai de l’aide, je ne vais pas décevoir les mélomanes car, j’ai plein dans mes tiroirs.

Enseignant-musicien, deux casquettes sur une tête et qui sont difficiles à mener parallèlement. Comment aviez-vous réussi à jumeler ces deux activités pendant près de 40 ans ?

Alpha Oularé : Cela fut très simple pour moi. Je vous disais à l’entame que je suis venu à la musique par prédisposition. Alors que j’ai opté pour l’enseignement, sous aucune contrainte, et c’est par amour et par passion que je me suis lancé dedans. Entre ce choix et ce don, je me suis mis à la tâche, en gardant à l’esprit, que je vais utiliser l’équilibre à travers une balance Roberval, aux poids identiques. Cela été très simple pour moi et sans oublier que d’autres avaient réussi avant moi. J’enseignais dans le même établissement que Yaya Bangoura ‘’El Bangou’’. Nous avions évolué dans la mémé formation orchestrale, tous deux (2) chateurs, où nos animations en soirées dansantes, se passaient tous les jeudi et dimanche et quelques fois le samedi. Tout s’était bien passé et pendant plusieurs années, sans aucune défaillance. D’ailleurs, le monde s’étonnait en demandant, comment nous parvenions à joindre l’utile à l’agréable.

Ces derniers temps, vous évoluez avec le groupe standard de feu Petit Condé. Près de 14 chanteurs passent tour à tour pour animer les soirées dansantes. Comment avez-vous intégr ce Groupe ?

Alpha Oularé : Un soir, je suis personnellement venu assister à une des soirées du groupe standard à la Paillote. J’ai été bien accueilli par feu Petit Condé et Sékou Wastério le chef d’orchestre. Feu Petit Condé m’encourageait de ne pas abandonner la musique. Pour lui prouver le contraire, j’ai demandé le micro et comme il était accommodé aux gammes, et aux accompagnements des morceaux de presque la plupart des musiciens guinéens, j’ai chanté cette nuit avec le groupe. Et depuis nous sommes ensemble.

A votre avis, comment se porte actuellement le groupe standard de feu Petit Condé ?

Alpha Oularé : ‘’ les temps se suivent et ne se ressemblent pas’’ aime-t-on souvent dire. Le groupe est là, après le deuil, il s’est remis sur pied et nous continuons à animer les soirées dans nos différents coins connus, sauf à la paillote qui n’est pas pour le moment opérationnel. Il y a quand mêmes ce problème de rassemblement. Plusieurs jeunes animent dans les mariages, les baptêmes et autres lieux de réjouissance. Il n’est pas facile du tout de les canaliser. Feu Petit Condé était un stratège. Il était un grand meneur d’hommes qui savait placer le petit doux mot dans l’oreille de chacun et qui savait se confondre aux problèmes de tout un chacun. Il est irremplaçable. Nous continuons ses œuvres pour le repos de son âme au paradis céleste.

Dites-nous, s’il y a parmi vos enfants qui veulent vous suivre sur vos traces avec la craie ou le micro ?

Alpha Oularé : C’est une question difficile à répondre en ce sens que, personne d’entre eux n’est venu m’en parler pour le moment. J’ai appris qu’un de mes garçons Abdoulaye Oularé, diplômé en science politique fait le rap. Et devant vous, suite à votre question, et pour toute une surprise que cela a été pour moi, ma fille Marliatou Oularé, candidate au Brevet, vient de vous répondre qu’elle veut faire la musique et surtout le Rap aussi. Je ne peux souhaiter que bonne chance aux héritiers.

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