Sophie Brady, doctorante américaine : “la musique est au cœur de l’histoire de la Guinée indépendante (…) il faut que tout le monde la connaisse mieux”

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Sophie Brady, doctorante américaine : “la musique est au cœur de l’histoire de la Guinée indépendante (…) il faut que tout le monde la connaisse mieux”
Sophie Brady, doctorante américaine : “la musique est au cœur de l’histoire de la Guinée indépendante (…) il faut que tout le monde la connaisse mieux”

Africa-Press – Guinée. Américaine d’origine, Sophie Brady est née à Chicago et a grandi dans cette petite ville de Ohio, où elle a passé le lycée public. Transférée à New York City pour la suite, elle obtient sa licence en musicologie et littérature. C’est à New York qu’elle a fait connaissance et a été séduite par la musique africaine, en assistant à plusieurs concerts. Sophie Brady a travaillé pendant des années pour une salle de spectacles et finalement, elle en a pris goût. C’est à New York City, qu’elle a eu son master et s’est lancée pour ses études doctorales à l’Université de Princeton aux Etats-Unis. Sophie Brady donne également des cours en histoire de la musique et l’écriture en Anglais.

Lisez l’interview !

votre thème est « l’histoire de la radio en Guinée et au Sénégal après l’indépendance », notamment les programmes musicaux. Qu’est-ce qui vous a motivée en tant qu’Américaine, pour le choix mis sur la culture guinéenne et sénégalaise ?

Sophie Brady : Il y a beaucoup de musiciens américains et européens qui ont été inspirés par la musique africaine. Mais les œuvres originales des musiciens africains sont mal connues aux États-Unis. Au début, je me suis intéressée aux connexions entre les musiciens occidentaux et africains. Pendant mes recherches, j’ai trouvé que la radio était un site très important pour les échanges musicaux entre les pays africains et d’autres pays partout dans le monde.

Plus précisément, j’ai choisi la Guinée et le Sénégal comme les cas spécifiques, pour mieux comprendre ce phénomène parce que la radio a joué un rôle très important dans l’histoire des deux pays après l’Indépendance et, bien sûr, dans l’histoire de la musique aux deux pays aussi.

C’est à travers ce site électronique, que vous aviez découvert Moussa Moise Konaté. Un homme, un célèbre ingénieur de son de radio Guinée. De quoi s’est-il agi lors de votre rencontre ?

Sophie Brady : La rencontre avec Monsieur Moussa Moïse Konaté était très riche et intéressante. Il a partagé beaucoup de choses avec moi. Parmi les sujets, il faut citer les moments forts de sa carrière musicale, ses souvenirs du moment quand la Guinée a gagné son Indépendance, et son rapport avec quelques journalistes et musiciens guinéens des années soixante et soixante-dix. Notamment, il m’a partagé un peu ses souvenirs de la vie et carrière en compagnie d’Émile Tom papa, qui fut un homme de culture, musicien et musicologue et qui est très important pour mes recherches.

Après le Sénégal, vous êtes en Guinée. Quel parallèle faites-vous entre les programmes musicaux de ces deux pays ?

Sophie Brady : Comme je vous l’ai dit, la radio a joué un rôle très important dans l’histoire des deux pays. Mais les deux premiers dirigeants après l’Indépendance, Ahmed Sékou Touré en Guinée et Léopold Sédar Senghor, ont eu des visions très différentes pour la politique culturelle de leurs pays. Ces deux programmes de la politique culturelle ont influencé le développement de la musique énormément en Guinée et au Sénégal. Par exemple, les deux pays ont organisé des festivals. Au Sénégal, le festival mondial des Arts Nègres de 1966 est très connu, mais aussi il y avait des festivals de la musique traditionnelle.

Les festivals nationaux qui se sont déroulé en Guinée pendant le régime du feu Président Ahmed Sékou Touré sont également très connus. Il m’a semblé intéressant de faire des comparaisons entre les programmes musicaux pendant les festivals au Sénégal et en Guinée.

Quels sont les hommes de culture que vous aviez pu rencontrer en Guinée et quel degré de satisfaction, aviez-vous eu dans vos recherches en si peu de temps en leur compagnie ?

Sophie Brady : J’ai rencontré Monsieur Justin Morel Junior, Monsieur Jean-Baptiste Williams, Monsieur Moussa Moïse Konaté et Monsieur Jean-Raymond Soumah pendant mon séjour à Conakry. J’ai également rencontré quelques hommes de la RTG et du journal officiel Horoya. Je remercie du fond du cœur, Monsieur Ibrahima Koné du journal Horoya, Monsieur le Directeur de l’INA Guinée, Ibrahima Sylla et Monsieur Mamadou Khabitaye Sylla, le chef des archives de la RTG, pour leur aide. L’équipe aux Archives Nationales de Guinée m’a aidé aussi, notamment Monsieur le Directeur Seydouba Cissé.

Je suis aussi reconnaissant à Graeme Counsel, un chercheur australien, qui a beaucoup travaillé en Guinée et qui m’a dirigé vers la plupart des gens que j’ai mentionnés ici.

Heureusement, j’avais déjà rencontré Justin Morel Junior, à Dakar en avril. J’ai aussi eu le plaisir de parler avec vous, Abdoul Ly, et votre frère, Ibrahima Ly, quand j’étais à Dakar. Ces conversations m’ont beaucoup aidé avec le travail préparatif avant de venir à Conakry. Je suis très satisfaite des recherches que j’ai effectuées pendant mes journées en Guinée, et j’espère les revoir et parler avec eux bientôt.

Pendant vos séjours ont-ils coïncidé à des évènements culturels en Guinée et au Sénégal ?

Sophie Brady : Quand j’ai rencontré Justin Morel Junior, c’était à son espace culturel, Chez JMJ et Maguy à Kipé. Malheureusement je n’ai pas pu assister à un évènement culturel ou aux soirées qui sont souvent programmées avec des groupes musicaux. J’espère qu’il y aura des événements pertinents la prochaine fois que je serai à Conakry. A Dakar, j’ai assisté aux concerts et expositions liés à la Biennale de Dakar, notamment un concert qui m’a beaucoup plu au Stéréo Africa 432.

Quels souvenirs gardez-vous de la Guinée ?

Sophie Brady : C’est trop difficile de choisir un seul souvenir. Seulement, la chose qui m’a frappée de plus c’est la disponibilité de tout ce monde rencontré et qui m’a énormément aidée sans hésitation et avec beaucoup de bonheur.

Pouvons-nous, nous attendre au document final de votre thèse de doctorat ?

Sophie Brady : Oui, bientôt inchallah!

Quel est votre regard sur la musique guinéenne ?

Sophie Brady : C’est trop difficile de donner un point de vue en une phrase ou en quelques mots, tellement que la musique guinéenne est riche de par son folklore. Mais ce que je pourrais dire, c’est que la musique est au cœur de l’histoire de la Guinée indépendante, et elle est toujours fondamentale dans la culture guinéenne. Il faut que tout le monde connaisse mieux cette musique et cette histoire.

C’est une tournée et plus proche d’un tourisme que vous venez d’effectuer entre la Guinée et le Sénégal, ce qui engendre des coûts. Quelles sont vos sources de financement?

Sophie Brady : J’ai de la chance d’avoir reçu une bourse du Centre de la Recherche Ouest Africaine, qui finance mes recherches au Sénégal et en Guinée.

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