Circulation routière : pourquoi tant de morts dans un accident ?

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Circulation routière : pourquoi tant de morts dans un accident ?
Circulation routière : pourquoi tant de morts dans un accident ?

Africa-Press – Guinée. La question mérite d’être posée, tellement l’annonce de certains accidents nous tétanise et nous laisse sans voix. Nous sommes atterrés, ahuris, d’entendre délivrer un bilan de dix, voire vingt morts et même deux à trois fois plus, dans un seul accident !

On se rappelle des trois cas extrêmes, qui restent inscrits dans les annales de notre circulation routière comme étant les plus meurtriers de tous : celui de la trentaine de morts à Dubréka, le 06/05/2017, des 60 morts à Guéckédou en 2007 et, courant même année, la cinquantaine de morts à Beyla.

La première de ces catastrophes s’est produite sur la RN3, à Terset, dans la commune urbaine de Dubréka, vers Boffa. Sans intention de refaire l’histoire, nous dirons succinctement que c’est un minibus, en provenance de Forécariah, affrété pour les besoins d’un mariage qui est entré en collision avec un camion transportant du sable, pour Conakry. Le minibus était littéralement bourré de monde, en surcharge avérée. Les gens étaient serrés à l’intérieur, mais aussi, accrochés à l’arrière et même perchés sur le toit avec des objets pêle-mêle (effets personnels, chaises, tam-tams et balafons), etc. En somme, il y avait à bord, tout ce qu’il faut pour animer la cérémonie de mariage, projetée. Tous les occupants étaient joyeux et l’ambiance était des plus riantes et festives. C’est dans ces circonstances que le conducteur, excité peut être, par la joie débordante de ses passagers, a pris le risque énorme de dépasser un véhicule dans un virage, alors qu’au même moment, arrivait un camion. Cette erreur fatale, il l’a quand même commise, à la surprise générale ! Et ses passagers n’ont pas attendu pour la payer tous au prix le plus fort (celui de leur vie !). La collision qui en a résulté a produit le bilan phénoménal de 38 morts, en fin de décompte. A cela s’est ajouté, de nombreux blessés et des dégâts matériels très importants.

Quant au second cas, il remonte à bien loin auparavant. Il a eu lieu en 2007, exactement, à Guéckédou. Là, c’est un camion en partance pour un marché hebdomadaire qui s’est renversé en franchissant un pont. Il était lourdement chargé de bagages et de passagers. Ces derniers étaient assis par-dessus le chargement initial qui comprend des marchandises et produits divers destinés au commerce, ainsi que leurs colis respectifs. Un cas patent de transport mixte, pourtant, formellement interdit chez nous, depuis 1990. Là, le bilan a été un record absolu, jusque-là, jamais égalé : 60 morts, des blessés et d’importants dégâts matériels !

Le constat que nous faisons de cette situation est loin d’être réjouissant. Il est à la fois, surprenant et triste. Malgré tous les effets que ces drames ont pu induire dans la conscience collective des usagers et des décideurs, en termes d’alerte et de prévention, la liste lugubre et phénoménale des accidents mortels ne s’est pas arrêtée. Cela va-t-il arriver un jour? La question reste posée.

On note que, peu après cette catastrophe routière de Guéckédou, pour laquelle le monde entier s’est fait l’écho, à travers des messages de soutien et de compassion de nombreux Chefs d’Etat, une autre s’était encore produite, entre Beyla et Macenta, avec une cinquantaine de morts. C’est une camionnette de marque Kia qui s’était renversée pour cause de freins inopérants, sur une descente raide et sinueuse.

On est surpris, qu’après tous ces cas, hautement gravissimes, cités ici, nos routes continuent encore et toujours, d’enregistrer des accidents, presque du même niveau de gravité. Les exemples de mai et juin derniers, à Tondon, Kolaboui et Kankan et celui de la semaine dernière à Souguéta, avec un bilan total groupé de plus de 50 morts, sont parfaitement illustratifs, pour conforter la thèse du piétinement dont nous faisons montre. On voit que les accidents mortels continuent de se produire. On ne donne pas l’impression d’avoir tiré les leçons des tragédies qui se succèdent, en tentant d’en comprendre le pourquoi et le comment. C’est comme si la conception atavique bien ancrée dans nos esprits et nos comportements, nous a amené à conclure que tous ces accidents résultent de la fatalité et que nous ne pouvons rien y faire. Ce qui est loin d’être le cas !

En vérité, c’est avant tout, notre comportement au volant qu’il faut retenir comme principal facteur, à l’origine de ces malheurs. Dans chacun des cas où le nombre de morts et de blessés a été élevé, il y a toujours eu, l’effet conjugué de la vitesse excessive, de la surcharge et du transport mixte. Les spécialistes sont formels qui soulignent que l’impact est égal au carré de la vitesse. Ainsi donc, dès lors qu’on prend en compte cet axiome, sans même l’approfondir, on se rend compte de sa pertinence. Plus la vitesse est élevée, plus les chances de faire des morts dans un accident sont également élevées. Un choc à 20 km/h n’a jamais les mêmes conséquences que celui à 100 à l’heure.

Ce phénomène se vérifie encore plus, quand on surcharge les véhicules ou que l’on pratique le transport mixte. En pareil cas, lorsque le véhicule se renverse, c’est tout son contenu, non arrimé (passagers et bagages), qui est soumis à des mouvements violents et désordonnés, allant dans tous les sens. Les objets et les hommes volent littéralement, virevoltent, s’éparpillent et s’entrechoquent avec une force inouïe. C’est ce qui blesse et tue bon nombre de passagers.

Quand c’est le transport mixte, dès l’instant que le véhicule tombe, les bagages qui étaient en bas, se retrouvent en haut. Ils étouffent alors et écrasent les passagers. L’excès de vitesse, la surcharge et le transport mixte sont donc les principales causes qui expliquent le nombre élevé de morts dans les accidents.

A nous de les enrayer, pour peu que nous voulions limiter l’hécatombe qui n’épargne personne et qui porte un sérieux préjudice au développement national, ambitionné.

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