Africa-Press – Guinée. Il y a un peu moins d’un an, j’ai été victime d’une trahison. La dent que j’ai soignée m’a mordu. Vous tous êtes sortis pour chanter et danser… 11 mois seulement après, les PA sont rétablis. Certains des anciens prisonniers sont retournés en prison. Et d’autres jeunes sont tombés sous les balles des forces de l’ordre. Malheureusement pour vous, désormais vous ne pouvez même plus enterrer vos morts là où vous le faisiez avec tambour et trompettes pour me déstabiliser », dit l’ancien président à Habib Yimbéring Diallo.
Décryptage !
Bonjour monsieur le président. Merci de me recevoir ici dans votre somptueuse résidence. À vous voir, on a l’impression que votre état de santé s’est nettement amélioré. Qu’en est-il réellement ?
Qui vous a dit que je suis malade pour que mon état de santé s’améliore ?
Monsieur le président, c’est moi qui pose les questions et vous vous répondez. Je me souviens bel et bien que vous êtes officiellement sorti du territoire national pour venir ici pour vous soigner. Non ?
Vous avez oublié ce que j’ai toujours dit à nos compatriotes. A savoir que plus le mensonge est gros plus on y croit chez nous.
Vous voulez dire que vous n’étiez pas malade quand vous êtes sorti du pays ?
Réponse : A vous de tirer la conclusion. En ce qui me concerne, je remercie Dieu de m’avoir donné une longue vie et une bonne santé. Quand il y a eu la pandémie, les opposants voulaient que je sois contaminé. Dieu m’a épargné malgré que certains de mes proches furent touchés et même décédés. Il est évident qu’à mon âge, si j’avais été contaminé je me serais difficilement tiré d’affaires.
Attendez, vous voulez dire que vos opposants souhaitaient votre disparition ? Est-ce que de votre côté vous souhaitiez la leur ?
Ecoutez, je croyais que cet entretien n’était pas un débat de personnes. Si c’est de cela qu’il s’agit, je ne réponds plus à aucune question.
Pardon monsieur le président. Je reviens donc à notre sujet. J’imagine que vous suivez de près la situation qui prévaut dans notre pays. Quel regard portez-vous sur cette situation ?
Il est totalement superflu de demander à celui qui a été le premier magistrat d’un pays s’il suit la situation qui prévaut chez lui.
Je ne pose pas cette question par hasard. Si j’ai bonne mémoire, vous avez dit que vous n’écoutez pas la radio, ne lisez pas les journaux et n’allez pas sur Internet. Or ce sont les principales sources d’information.
Une nouvelle fois je me rends compte que vous n’avez pas compris la leçon, plus le mensonge est gros plus on y croit chez nous.
Pardon, M. le président, c’est désormais compris. Puisque j’ai compris la leçon, quelle est votre lecture de la situation politique et sociale dans notre pays ?
Je ne voulais pas répondre à cette question, mais si je ne le fais pas, je me le reprocherai à vie. Il y a un peu moins d’un an, j’ai été victime d’une trahison. La dent que j’ai soignée m’a mordu. Vous tous êtes sortis pour chanter et danser. Pour vous emballer, mon tombeur a démantelé les PA que j’ai mis en place pour la sécurité de mes concitoyens. Il a libéré les soi-disant prisonniers politiques. Et comme pour dire que je suis cynique voire criminel, il est allé se recueillir dans un cimetière où, selon lui, des opposants sont enterrés.
Ironie de l’histoire, 11 mois seulement après, les PA sont rétablis. Certains des anciens prisonniers sont retournés en prison. Et d’autres jeunes sont tombés sous les balles des forces de l’ordre. Malheureusement pour vous, désormais vous ne pouvez même plus enterrer vos morts là où vous le faisiez avec tambour et trompettes pour me déstabiliser.
Est-ce que vous avez envie de dire « c’est bien fait pour nous » ?
J’ai plutôt envie de dire ce que ceux qu’on qualifiait d’hypocrites disaient pendant la campagne pour le référendum du premier mandat de la quatrième République « Anawotagui ».
Je vois que vous persistez à parler non pas du troisième mandat mais du premier mandat de la quatrième République ?
Arrêtez-moi de parler de ces vieilles histoires.
Il y a actuellement une situation inédite en République Imaginaire. Avec d’un côté vos opposants en exil et vos partisans en prison. Quels sont vos sentiments par rapport à tout cela ?
Encore une fois j’ai envie de dire « Anawotagui ».
Monsieur le président, je peux comprendre que vous soyez indifférent voire content que ceux qui vous ont donné de l’insomnie soient obligés de fuir le pays. Mais en même temps, je ne peux pas comprendre que vous soyez content de la situation que vivent certains de vos anciens collaborateurs. Non ?
Je ne verserai pas une seule larme pour eux tous. Les premiers m’ont saboté pendant 11 ans. Les seconds m’ont trahi en me faisant croire que le peuple était avec moi. Or l’indifférence du peuple face à ce qui m’est arrivé prouve tout le contraire de leur assertion.
Monsieur le président, je vous remercie d’avoir accepté de me consacrer un peu de votre précieux temps. Nous allons arrêter cet entretien ici. Mais je souhaite, avec votre permission, revenir la semaine prochaine pour aborder avec vous l’actualité internationale.
C’est à moi de vous remercier.
Toute ressemblance entre cet entretien et un autre ne sera que pure coïncidence
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