Ibrahima Khalil Kaba, la diplomatie en héritage

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Guinée : Ibrahima Khalil Kaba, la diplomatie en héritage
Guinée : Ibrahima Khalil Kaba, la diplomatie en héritage

Africa-PressGuinée. Après huit ans à la présidence en tant que chef de cabinet, puis directeur de cabinet, Ibrahima Khalil Kaba a été nommé au soir du 19 janvier ministre des Affaires étrangères et des Guinéens de l’étranger.

Le nouveau chef de la diplomatie guinéenne a une feuille de route pour le moins chargée. Proche d’Alpha Condé, dont il était jusque-là le directeur de cabinet, Ibrahima Khalil Kaba a succédé à Mamadi Touré à la tête du ministère des Affaires étrangères le jour même où la Guinée prenait officiellement la présidence, pour un an, du « Groupe des 77 » aux Nations unies. Une instance de concertation dont le rôle est, pour l’essentiel, de contrebalancer l’influence des pays développés au sein de l’appareil onusien.

Ibrahima Khalil Kaba devra également mettre en œuvre les recommandations de la première édition de la Conférence diplomatique de Guinée, qui s’est tenue en avril 2019 sous le signe de la « diplomatie au service de l’émergence ».

Outre à la mise en place effective du Haut Conseil des Guinéens de l’étranger, dont la création a été décidée en 2017, il devra également s’atteler à l’épineux dossier de la fermeture des frontières entre la Guinée et ses voisins. Fermées à l’approche de la présidentielle du 18 octobre dernier pour des « raisons de sécurité », les frontières avec le Sénégal, la Sierra Leone et la Guinée-Bissau n’ont en effet toujours pas été rouvertes.

Famille de diplomates

Au-delà de leur proximité, Alpha Condé l’a choisi pour servir de courroie de transmission entre la Guinée, la Chine et les pays occidentaux, en particulier les États-Unis, où Kaba a étudié et travaillé, notamment comme enseignant, vingt ans durant.

Ibrahima Khalil Kaba peut d’ores et déjà compter sur le soutien du Ghanéen Mohamed Ibn Chambas. L’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU en Afrique de l’Ouest et au Sahel en est persuadé, le nouveau ministre des Affaires étrangères « est un homme de résultats qui travaillera à améliorer la position et les relations du pays dans la sous-région et à l’international ». Et le diplomate de décrire Kaba comme « un trait d’union, un homme de consensus qui fédère tout le monde autour de l’objectif ».

Celui qui, à 47 ans, se voit confier les rênes de ce ministère hautement stratégique est issu d’une famille de diplomates. Son père, Karamo Fiman Kaba, instituteur devenu député de Kouroussa à l’âge de 28 ans, fut le premier secrétaire de l’ambassade de Guinée à Rome de 1971 à 1977, avant de diriger la division Afrique-Caraïbes-Pacifique–Communauté économique européenne (ACP-CEE) du ministère de la Coopération sous Sékou Touré.

Sa mère, Hadja Saran Daraba, ancienne ministre des Affaires sociales, de la Promotion féminine et de l’Enfance dans le gouvernement de Sidya Touré, en 1996 – sous Lansana Conté – avait été candidate à la présidentielle de 2010. Elle avait ensuite été secrétaire générale de l’Union du fleuve Mano, une organisation visant à favoriser l’intégration économique entre le Liberia, la Sierra Leone, la Guinée et la Côte d’Ivoire.

De l’antichambre au ministère

Mis à part ce legs familial, celui que ses intimes surnomment « Lilou » s’est forgé une expérience propre. Après avoir suivi sa scolarité en Guinée, au Togo et en Côte d’Ivoire, il a intégré la Louisiana Tech University aux États-Unis, dont il est sorti en 2004 avec un doctorat en mathématiques appliquées, avant de devenir enseignant.

En 2011, alors qu’il s’offre une « année sabbatique », il décide de répondre à Alpha Condé qui, par l’entremise d’Ibrahima Kassory Fofana, l’invite à « rentrer au pays ». Nommé recteur de l’Université La Source, un établissement privé créé par son beau-père, Sanoussy Kaba, ancien ministre de l’Enseignement technique et de la Formation professionnelle du gouvernement Ahmed Tidiane Souare (2008), le jeune « repat’ » entre finalement dans le saint des saints le 31 octobre 2012, lorsqu’il est nommé chef du cabinet civil à la présidence de la République. « Une antichambre avant d’accéder à des postes régaliens », souligne une source au sein du ministère des Affaires étrangères.

Kaba va rapidement gravir les échelons, devenant ministre chef de cabinet, puis ministre directeur de cabinet. Un poste où il a succédé au tout-puissant Mohamed Diané, nommé en décembre 2015 ministre de la Défense nationale, et qu’il a conservé jusqu’à sa nomination à la tête de la diplomatie.

Ces fonctions l’avaient d’ailleurs déjà amené à se trouver au cœur de la diplomatie de son pays. Il a notamment été le point focal national du Comité de suivi des activités de coopération entre la Guinée et la Commission économique africaine (CEA) et a présidé le Comité de suivi des accords Maroc-Guinée. Point focal national du Forum de coopération Afrique-Chine (Focac) il est président du Comité de suivi de l’accord stratégique sino-guinéen. Décrit comme « courtois et, surtout, pondéré » par un diplomate guinéen qui a collaboré avec lui sur certains de ces dossiers, il « bénéficie déjà de la confiance des diplomates occidentaux accrédités en Guinée ».

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