Les Militaires en Guinée Poursuivent leur Campagne de Pression Internationale pour Prolonger la Période de Transition et Garder le Pouvoir Jusqu’En 2025

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Les Militaires en Guinée Poursuivent leur Campagne de Pression Internationale pour Prolonger la Période de Transition et Garder le Pouvoir Jusqu’En 2025
Les Militaires en Guinée Poursuivent leur Campagne de Pression Internationale pour Prolonger la Période de Transition et Garder le Pouvoir Jusqu’En 2025

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Guinée. Malgré l’engagement déclaré de la junte guinéenne à faire avancer la transition, sa mise en œuvre a manqué de transparence, de rapidité et d’allocations budgétaires adéquates, laissant les dirigeants civils se demander si le calendrier sera respecté ou si la junte piétine simplement dans son retour aux bases du constitutionnalisme démocratique.. Les principaux points de discorde incluent le projet de la junte de procéder à un recensement pré-électoral, qui servira ensuite de base à l’inscription de nouveaux électeurs. Mamadi Doumbouya avait également annoncé son intention d’organiser un référendum constitutionnel en 2024.

La question qui s’a cessé d’être posée par les Guinéens, c’est de savoir si 2024 sera ou non le moment où le pays reviendra sur la voie démocratique.

Il importe de noter que cela ouvrirait les portes du pays à un regain d’investissement, de développement et de croissance économique. Au cours d’une décennie de progrès démocratiques, la Guinée a atteint un taux de croissance économique annuel moyen par habitant de 2,9 pour cent.

Un retour à un régime civil et démocratique exposerait également l’institution militaire guinéenne à une coopération sécuritaire plus solide. Un tel retour exposerait également l’armée guinéenne à un financement plus important pour la coopération et la formation en matière de sécurité, ce qui pourrait s’avérer crucial alors que l’insurrection islamiste armée au Mali s’intensifie près de la frontière nord de la Guinée.

Les principaux partis politiques et organisations de la société civile guinéennes, rassemblés sous la bannière des Forces Guinée Vive (FVG), ont organisé des manifestations périodiques pour exiger que la junte militaire respecte le calendrier de transition dans le cadre d’un processus transparent et participatif.

De même que les dirigeants de l’opposition ont appelé plus d’une fois à ce que l’inscription des électeurs et l’administration des élections devraient être gérées par des organismes indépendants afin d’accélérer le processus et de réduire les conflits d’intérêts – et que toute réforme constitutionnelle devrait attendre qu’un gouvernement légitime et démocratiquement élu soit formé. Le point crucial pour 2024 sera donc de savoir si les élections précéderont ou non le processus de révision constitutionnelle.

Toutefois, on peut s’attendre à des interventions russes pour faire dérailler la transition en Guinée, compte tenu de la longue implication de la Russie dans l’exploitation minière de la bauxite en Guinée, et pour leur soutien à un troisième mandat de Condé (renversé), ainsi que de l’énorme influence russe sur d’autres juntes du Sahel et des efforts ciblés du Kremlin pour saper la démocratie ailleurs en Afrique.

Malgré les nombreux obstacles à une transition démocratique en douceur en 2024, il existe des voies viables, des incitations et une volonté populaire pour que les Guinéens y parviennent. Le résultat dépendra probablement de la persistance de la société civile guinéenne, de la force de l’engagement de la CEDEAO et des acteurs démocratiques internationaux, et des garanties fournies à l’establishment militaire guinéen après la junte.

• Le président guinéen n’a cessé de poursuivre sa campagne de pression internationale pour prolonger la période de transition

D’après des informations publiées par la plateforme « Medium Political Keys », le gouvernement guinéen n’a lésiné sur les moyens pour mener discrètement des contacts avec ses partenaires occidentaux sur la possibilité de prolonger la période de transition, qui devrait se terminer fin 2024, mais pourrait être renouvelée pour un an supplémentaire.

Seulement le « hic » c’est que les doutes grandissent quant à la volonté de la junte militaire dirigée par le général Mamadi Doumbouya de lâcher le pouvoir d’ici un an, et avant sa dissolution, le 19 février 2024 au soir, le gouvernement guinéen avait commencé à discuter de la possibilité de prolonger la période de transition avec plusieurs partenaires occidentaux.

D’ailleurs, en décembre, Doumbouya aurait secrètement envoyé son ministre de la Défense et mentor, le général Aboubacar Sidiki Camara, également connu sous le nom d’Idi Amin, à Paris pour discuter de la question avec les autorités françaises.

Diplômé de l’Académie militaire française de Saint-Cyr, Camara aurait été reçu à l’Elysée où il a fait part du souhait de Doumbouya de rester à son poste après la période de deux ans initialement convenue avec la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).

Même si cette nouvelle n’a pas suscité de mécontentement à Paris, toutefois les autorités françaises ont exhorté Camara à entamer directement des négociations avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest. Paris a également encouragé le gouvernement guinéen à prendre des engagements clairs pour rétablir l’ordre constitutionnel au cours de 2024 et de lever les restrictions actuelles imposée à la presse et à l’opposition.

A noter que d’autres pays occidentaux, proches de Conakry, ont été consultés, quoique moins directement, par l’intermédiaire du président du Conseil national de transition, Dansa Kourouma, qui a exprimé leur position sur la prolongation d’un an, et un appel a été lancé aux pays anglophones.

Mais les responsables de la transition, comme le ministre des Affaires étrangères Morissanda Kouyaté, ont adopté une rhétorique différente avec d’autres pays, et lors d’une visite à Berlin en décembre, Kouyaté a cherché à rassurer ses homologues allemands sur le fait que son gouvernement envisageait effectivement de prendre sa retraite d’ici la fin 2024.

• Des délais serrés

Projet du gigantesque gisement de fer de Simandou

Pour les observateurs et les experts en affaires africaines, le report de la transition à fin 2025 permettrait au gouvernement actuel de capitaliser sur le démarrage des opérations du gigantesque gisement de fer de Simandou, dont le lancement est prévu en décembre 2025, et de ressortir avec un bilan positif. Cependant, de nombreux partenaires craignent que ce délai supplémentaire ne soit pas suffisant pour organiser des élections, qui nécessiteront un recensement général de la population et une refonte complète du fichier électoral.

Le gouvernement guinéen estime que ces craintes sont infondées et affirme œuvrer à la tenue d’un référendum constitutionnel, comme l’a annoncé le président Doumbouya dans son discours de fin d’année à la nation le 31 décembre. Le projet de constitution devrait être présenté aux partenaires du pays au mois de mars 2024.

• Quand les militaires envisagent de rester au pouvoir jusqu’en 2025

Le Premier ministre guinéen Amadou Oury Bah

Le nouveau Premier ministre guinéen récemment nommé, Amadou Oury Bah, a confié aux médias, lors d’une déclaration que l’armée, qui a pris le pouvoir en 2021, devait le conserver au moins jusqu’en 2025, rompant ainsi sa promesse de le quitter d’ici fin 2024.

Amadou Oury Bah, est le premier haut responsable à s’exprimer publiquement sur l’échec de la mise en œuvre de cette promesse faite sous pression par l’armée devant la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) pour organiser des élections avant fin 2024.

Il faut reconnaître finalement que cet échec ne fait progressivement plus de doute au vu du peu d’avancées sur la passation du pouvoir et de la situation intérieure.

Brossant un sombre tableau de la situation de son pays, qui « serait confronté à un grand nombre de défis liés à des conditions catastrophiques », Bah aurait confié à radio RFI: « Il y a de nombreuses questions urgentes, et que dans une situation fragile sur les plans économique et financier, nous devons œuvrer pour parvenir à la stabilité et à une avancée politique afin d’avoir la possibilité d’examiner et de mettre en œuvre les étapes dans un calme relatif » !

Toutefois, il a mis l’accent sur le fait que: « L’objectif est d’achever cela, et je pense que 2025 est le moment approprié pour terminer l’ensemble du processus », niant que l’armée, dirigée par le général Mamadi Doumbouya, installé comme président, s’accroche au pouvoir, déclarant à cet effet: « Les dirigeants à la tête de la Guinée souhaitent que la Guinée redevienne un pays normal ».

• Guinée: La junte militaire au pouvoir annonce un nouveau gouvernement

Le porte-parole du gouvernement le général de brigade Amara Camara

Depuis deux semaines déjà sans gouvernement, la Guinée a cessé de tourner au ralenti en se dotant d’une nouvelle équipe composée de 29 membres dont six femmes, tous issus de l’administration guinéenne, sans que les partis politiques en fassent partie.

Rappelons que le chef de la junte militaire au pouvoir en Guinée, le général Doumbouya avait auparavant dissous le gouvernement en place depuis juillet 2022, et selon le porte-parole de la junte militaire, le général de brigade Amara Camara: « Les directeurs des ministères, les secrétaires généraux et leurs adjoints s’étaient occupés des affaires jusqu’à ce que le nouveau gouvernement a été formé ».

Néanmoins, les vraies raisons de la dissolution de l’ancien gouvernement n’ont pas été divulguées.

• Va-t-on voir les choses revenir à leurs sources et les militaires à leurs casernes ?

Dans ce contexte, il faut se mettre à l’évidence que la Guinée fait partie des pays d’Afrique de l’Ouest où l’armée a pris le pouvoir par la force depuis 2020.

Au Mali également, les militaires n’ont pas tenu leur promesse de quitter le pouvoir début 2024.

Quant au Burkina Faso, le régime militaire a indiqué que la tenue d’élections dans le pays à l’été 2024, comme promis précédemment, n’était pas une « priorité ».

Au Niger, l’armée a survécu au coup d’État de juillet 2023 en annonçant vaguement une période de transition de trois ans, qui n’a pas été prolongée.

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