Les Perspectives D’Expansion Allemande en Afrique de L’Ouest Confortées par la Visite D’Annalena Baerbock au Sénégal et en CôTe D’Ivoire

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Les Perspectives D'Expansion Allemande en Afrique de L'Ouest Confortées par la Visite D’Annalena Baerbock au Sénégal et en CôTe D'Ivoire
Les Perspectives D'Expansion Allemande en Afrique de L'Ouest Confortées par la Visite D’Annalena Baerbock au Sénégal et en CôTe D'Ivoire

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Guinée. La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock s’est rendue en tournée de deux jours en Afrique de l’Ouest, d’abord au Sénégal (le 15 juillet courant) puis en Côte d’Ivoire où elle est arrivée le mardi 16 juillet, en provenance de Dakar.

Il faut avouer que Le Sénégal et la Côte d’Ivoire sont, pour les Allemands, deux démocraties situées sur la côte ouest de l’Afrique, qui ont pourtant beaucoup plus à leur offrir, à un moment où l’attention se tourne vers la région du Sahel, qui connaît de nombreuses crises.

La visite de a ministre allemande dans les deux pays intervient aussi dans un contexte de vague d’instabilité dans la région du Sahel, suite à une série de transformations politiques, dont la région a été témoin depuis 2020.

Baerbock, qui était accompagnée de représentants commerciaux, a rencontré des responsables politiques pour discuter des relations bilatérales avec l’Allemagne et l’Union européenne, comme le précise un communiqué publié par le ministère allemand des Affaires étrangères, à Berlin, et des sujets sur la migration et les énergies renouvelables ont été à l’ordre du jour.

Le porte-parole du ministère a souligné que le Sénégal et la Côte d’Ivoire jouent un rôle essentiel dans la stabilisation de la région et sont considérés comme des partenaires économiques importants pour l’Allemagne.

En outre, il faut reconnaître que la visite de Baerbok dans les deux pays intervient au milieu d’une vague de migration via des bateaux partant des rives de l’océan Atlantique au Sénégal, vers les îles espagnoles.

Environ 19.000 migrants, pour la plupart originaires d’Afrique de l’Ouest, sont arrivés sur les îles au cours des six premiers mois de 2024, soit une augmentation de 167 pour cent par rapport à la même période de l’année précédente, selon les chiffres du gouvernement.

• L’Escale de Dakar

À Dakar, la capitale du Sénégal, la ministre fédérale des Affaires étrangères Annalena Baerbock s’est entretenue avec son homologue Yacine Fall ainsi que le nouveau président sénégalais « Bassirou Diomaye Faye » dans le cadre d’entretiens politiques. Elle a, entre-autres, échangé avec des représentantes et représentants de la société civile.

Selon les observateurs et les experts en affaires euro-africaines, l’Allemagne est liée au Sénégal par les mêmes valeurs démocratiques, et le gouvernement sénégalais dirige également les efforts de médiation entre la CEDEAO et les pouvoirs militaires au Sahel, de même qu’il assume des responsabilités pour assurer la stabilité dans la région.

D’autant plus qu’en cette période de tensions géopolitiques mondiales, les partenaires de la République Fédérale d’Allemagne sont désormais loin d’être uniquement à Paris, Washington ou Londres, mais ils se trouvent également de manière tout aussi évidente sur la côte ouest du continent brun.

Berbock estime que le Sénégal, l’un des pays de la région du Sahel, porte une responsabilité importante en tant que médiateur dans la région. Les entretiens entre Baerbock et les dirigeants politiques des deux pays ont porté sur:
-/- les relations avec l’Allemagne et l’Europe,
-/- les questions migratoires,
-/- et l’élargissement de la coopération dans le domaine des énergies renouvelables.

Annalena Baerbok a discuté également avec le ministre de l’Infrastructure, des Transports terrestres et aériens, Malick Ndiaye, et a visité le « système de bus rapides » à Dakar, financé par la « Global Gateway Initiative » de l’Union européenne, au Centre d’exploitation et de maintenance du BRT avant de faire le parcours client dans un bus 100% électrique.

• L’Escale d’Abidjan

Annalena Baerbock reçue par le président Alassane Ouattara

La Côte d’Ivoire, située sur le golfe de Guinée, est le principal pays économique de l’Afrique de l’Ouest francophone. Elle compte environ 30 millions d’habitants et est le plus grand producteur de cacao au monde.

La ministre allemande a été reçue par le ministre ivoirien des Affaires étrangères Léon Kacou Adom à l’aéroport d’Abidjan, où se trouve le siège du gouvernement ivoirien.

La Cheffe de la diplomatie allemande, qui appartient au parti des Verts allemands, s’est entretenue avec le président ivoirien Alassane Ouattara, avant de s’entretenir avec Léon Adom, Baerbock puis visiter une académie internationale de lutte contre le terrorisme située à environ 35 kilomètres d’Abidjan pour en apprendre davantage sur la formation des forces de sécurité civiles et militaires, tout en assistant à une simulation de libération d’un village de la région du Sahel des mains de terroristes.

Dans ce contexte, il importe de noter que l’Allemagne contribue à hauteur de 2,5 millions d’euros au financement de la structure de l’académie de formation, cet argent étant destiné à des fins telles que la création d’une « marina pour les navires », à titre d’exemple.

Cette académie forme des cadres techniques des secteurs civil, policier et militaire à la gestion des crises et à la lutte contre le terrorisme, avec un accent particulier sur les tactiques antiterroristes et la libération des otages.

L’unité d’élite allemande « GSG9 » de la police fédérale allemande s’entraîne également régulièrement dans cette académie.

• Mise en garde de Baerbock

La ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock a tenu à mettre en garde, le lundi à son arrivée à Dakar, contre les graves répercussions sécuritaires sur l’Europe de l’instabilité dans les pays de la région africaine du Sahel, dès le début de sa visite au Sénégal et en Côte d’Ivoire, selon les agences de presse:

« Si davantage de pays d’Afrique de l’Ouest sombrent dans l’instabilité, cela aura non seulement des conséquences désastreuses pour la population locale, mais aura également des implications directes sur notre sécurité en Europe », a déclaré Baerbock dans un communiqué rendu public à l’occasion, soulignant qu’elle parie sur le renforcement de la coopération avec le Sénégal et la Côte d’Ivoire pour éviter que l’instabilité du Sahel ne se propage au reste des pays de la région.

• Une nouvelle conscience de l’Afrique

Il est évident que l’Allemagne est en train de réinvestir le terrain africain pour des raisons géopolitiques. Cette question a partie liée avec son passé, mais n’est pas dépourvue d’interrogations sur son futur.

Ce réinvestissement de l’Allemagne dans la question africaine s’est fait en plusieurs étapes, depuis les grandes conférences entre 2014 et 2017, jusqu’en 2022, lorsque l’Allemagne a annoncé, certes, son intention de lancer une nouvelle stratégie visant à réorganiser ses futures relations avec les pays africains.

• Une nouvelle stratégie allemande en Afrique: énergie, « immigration » et concurrence avec la Chine

Cette stratégie est le reflet direct des crises mondiales, mettant en lumière les défis et les craintes de l’Europe concernant le contrôle de la Russie et de la Chine sur la scène concurrentielle africaine. Cela confirme également la poursuite par l’Allemagne de l’influence dont elle a besoin et qu’elle envisage sur le continent africain.

-/- Domaine de développement:

L’Allemagne est le deuxième pays donateur mondial dans le domaine de la coopération au développement. Elle s’appuie sur le mécanisme d’aide au développement comme moyen de prévenir les crises, de parvenir à la stabilité et de consolider la paix. L’Afrique occupe une place centrale dans les efforts de l’Allemagne en tant que destination de plus de 30 % de ses dépenses totales d’aide, étant donné que la scène africaine abrite le plus grand nombre de conflits armés.

Face à la montée de l’instabilité politique, notamment avec les coups d’État successifs dans la région ouest-africaine, outre les efforts de certaines puissances internationales pour s’emparer de la part des pays européens en Afrique, et les doutes qui ont été soulevés sur la nature De la politique étrangère de l’Allemagne, après le départ de l’ancienne chancelière Angela Merkel, l’Allemagne considère l’aide comme un outil efficace pour la maintenir dans la course en Afrique.

Dans le même contexte, l’Association des entreprises germano-africaines a proposé de repenser la politique de développement afin de sécuriser les projets d’entrepreneuriat dans les pays en développement. Les représentants des entreprises soutiennent également la proposition de réaffecter partiellement l’aide au développement à l’Afrique.

La nouvelle stratégie tente d’y répondre positivement en évaluant la méthodologie précédente et en la modifiant en incluant un nouveau concept de coopération, basé sur le principe gagnant-gagnant.

-/- L’Energie:

L’accent a par exemple été mis sur la coopération dans le domaine des énergies renouvelables, en particulier le développement des économies de l’hydrogène, puisque l’Allemagne travaille déjà dans ce domaine avec le Maroc, la Tunisie, l’Afrique du Sud, l’Algérie et le Kenya. Le ministère allemand du Développement s’est également engagé à développer des « outils de financement innovants » pour garantir que les risques d’investissement dans les entreprises africaines soient réduits.

De facto, il faut avouer que l’énergie est considérée comme un pilier fondamental de l’approche allemande envers l’Afrique et l’une des principales bases de la nouvelle stratégie, car la guerre russo-ukrainienne a révélé les dangers d’une dépendance à des sources d’énergie limitées, et c’est ici que l’importance des pays africains est devenue évidente, comme un espace pour transformer le cours des conflits autour du pétrole et du gaz.

En outre, les énergies renouvelables représentent une option qui correspond aux objectifs climatiques. Selon certaines estimations, les pays africains disposeront d’un potentiel de production d’environ 310 gigawatts d’ici 2030. C’est la raison pour laquelle l’Allemagne souhaite renforcer les domaines de coopération avec l’Afrique dans le domaine énergétique.

L’Allemagne vise également à accroître sa production d’énergie à partir d’hydrogène vert, d’énergie solaire et éolienne. Cela est devenu évident lors de la visite du ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, en décembre 2022, en Afrique du Sud et en Namibie, où il avait annoncé l’intention de l’Allemagne de fournir 30 millions d’euros pour des projets d’énergie éolienne et solaire en Namibie.

Dans le même contexte, l’Afrique du Sud déploie des efforts importants pour réduire sa dépendance au charbon. D’autant que Kgosincho Ramokgoba, responsable des investissements et des infrastructures en Afrique du Sud, avait confirmé quant à lui que son pays est à la recherche de partenaires de recherche et de marchés d’exportation pour atteindre l’objectif de devenir un pays leader dans la production d’hydrogène vert.

-/- Immigration

L’Allemagne prévoit de soutenir les options d’immigration légale en provenance des pays africains dans les années à venir. À cette fin, les centres de conseil des pays africains seront transformés en centres de migration et de développement. L’objectif est de se concentrer sur la migration régulière des travailleurs vers l’Allemagne et l’Europe, ainsi que d’orienter les efforts vers le développement de la mise en œuvre de la loi sur la migration qualifiée.

• L’importance stratégique du continent

Au cours de la période à venir, les relations entre l’Afrique et l’Allemagne constitueront un test pour le gouvernement qui s’efforce de faire preuve de bonne foi et de tendre la main aux pays en crise en Afrique. L’Allemagne envisage de saisir les opportunités d’investissement privé en Afrique pour jouer un rôle de premier plan parmi les pays de l’Union européenne. Surtout dans les domaines des infrastructures et de l’énergie.

• L’Allemagne s’efforce de contenir la Chine et les autres

Scholz et Xi Jinping

La stratégie de la Chine en Afrique s’est longtemps concentrée sur les projets d’infrastructures et l’obtention d’un premier accès aux matières premières. Selon une étude du New York Times fin 2020, 15 des 19 mines de cobalt du Congo appartiennent ou sont financées par des entreprises chinoises. Même si l’économie allemande n’a pas réalisé le même progrès, elle s’est limitée à seulement 1 % environ de tous les investissements étrangers allemands en Afrique, 6 ans en arrière.

L’Allemagne tente de préserver les intérêts de ses entreprises en Afrique, pour faire face à l’influence géopolitique de la Russie et de la Chine qui bénéficie d’une plus grande attention dans la stratégie. L’Allemagne surveille de près l’essor des investissements chinois, turcs, italiens et indiens dans les pays africains ces dernières années.

Par conséquent, le nouveau projet de stratégie de l’Allemagne identifie la Turquie, ainsi que la Chine et la Russie, comme des pays rivaux en raison de leurs investissements dans les infrastructures.

La ministre allemande des affaires étrangères, a affirmé le mardi soir 16 juillet, depuis Abidjan et à l’issue de sa visite de deux jours au Sénégal et en Côte d’Ivoire, qu’il n’était pas « possible de poursuivre » la coopération militaire au Niger, et ce faute de « fiabilité » dans les relations avec le régime arrivé au pouvoir par un coup d’Etat il y a près d’un an.

Pour rappel, l’Allemagne avait annoncé le 6 juillet dernier cesser d’exploiter sa base de transport aérien au Niger ainsi que le retrait de ses soldats d’ici au 31 août 2024 et la fin de sa coopération militaire avec Niamey.

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