
Africa-Press – Guinée. En mission à Conakry depuis le lundi 19 mai 2025, le procureur général adjoint de la Cour pénale internationale (CPI), Mame Mandiaye Niang, a rencontré ce mercredi 21 mai les victimes du massacre du 28 septembre dans un complexe hôtelier.
Ce magistrat de la CPI est venu s’enquérir de l’évolution du dossier du 28 septembre après la prise d’un décret sur l’indemnisation des victimes et un autre graciant l’ex-président et chef du CNND, Moussa Dadis Camara.
‘’Cette visite que j’ai entamée depuis lundi coïncide avec un moment charnière, un tournant dans l’évolution des choses, notamment à la lumière des deux décrets récemment adoptés. L’un portant sur l’indemnisation des victimes, et l’autre consacrant la grâce présidentielle à l’une des figures marquantes du procès, l’ancien président de la République’’, a-t-il déclaré.
‘’Avant même mon arrivée, j’ai eu des échanges avec le ministre de la justice par courrier d’abord, puis par téléphone. Il s’agissait d’éclaircir les circonstances de cette grâce et de nous assurer qu’elle ne préfigurait pas une série d’initiatives similaires qui, si elles se poursuivaient, pourraient vider le procès en appel de toute sa substance, si tant est qu’il ait lieu. Ces échanges ont été francs et ouverts. J’y ai exposé la position de la Cour, tout en reconnaissant qu’il appartient à chaque pays de prendre en compte des impératifs de réconciliation nationale dans un contexte de divisions internes’’, a-t-il ajouté.
Mame Mandiaye Niang a rappelé que ‘’les autorités ont, il est vrai, de multiples responsabilités. Mais comme je l’ai rappelé, la justice a un rôle fondamental. Celui de la régulation sociale. Car face à l’injustice, les victimes attendent réparation. Et cette réparation ne saurait être ignorée’’.
Le magistrat a souligné que ‘’bien souvent, les personnes condamnées n’ont pas les moyens d’indemniser les victimes. Cette justice classique ne prévoit de réparation qu’à partir des biens de ces condamnés. Si l’on devait s’en tenir à ce seul mécanisme, nombre de victimes n’obtiendraient jamais réparation. C’est pourquoi, il faut envisager d’autres pistes, y compris dans une logique de réconciliation nationale’’.
M. Niang a salué les efforts en cours tout en appelant à élargir le cadre d’indemnisation. ‘’Mon message aux autorités a été double. C’est un message d’encouragement pour les efforts déjà engagés et un appel à la générosité. Nous savons tous que l’identification des victimes reste aujourd’hui limitée par rapport à ce qui a été jugé en première instance. Au-delà des 334 victimes identifiées, il y en a certainement d’autres’’.
Il se réjouit d’avoir eu des ‘’discussions franches et ouvertes. J’ai reçu l’assurance que les autorités tiennent à poursuivre le processus judiciaire d’indemnisation des victimes’’.
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