Mauritanie : Hassimiou Diallo interpelle le ministre Morissanda Kouyaté sur un risque de division de la communauté guinéenne

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Mauritanie : Hassimiou Diallo interpelle le ministre Morissanda Kouyaté sur un risque de division de la communauté guinéenne
Mauritanie : Hassimiou Diallo interpelle le ministre Morissanda Kouyaté sur un risque de division de la communauté guinéenne

Africa-Press – Guinée. Dans une lettre ouverte, Mamadou Hassimiou Diallo, un Guinéen résident en Mauritanie, a attiré l’attention du ministre guinéen des Affaires étrangères, Dr Morissanda Kouyaté, sur un risque de division de la communauté guinéenne vivant en Mauritanie. Ce compatriote interpelle notamment le chef de la diplomatie guinéenne sur « un vote régionaliste » dans l’élection du président de l’association qui est censé gérer les problèmes des Guinéens en Mauritanie, en attendant la mise en place d’un consulat guinéen dans ce pays.

A en croire Mamadou Hassimiou Diallo, le « simulacre d’élection de ce président illégitime (élu par une vingtaine de personnes sur des milliers de Guinéens) » risque d’entraîner la dislocation de cette association et la naissance d’un second bureau pour gérer les affaires des Guinéens en Mauritanie. Et, c’est au nom de la cohésion et de l’unité qu’il demande au ministre Morissanda Kouyaté d’annuler cette élection en faveur d’un vote au suffrage universel de tous les Guinéens de Mauritanie.

« Pour la cohésion, l’unité et la bonne entente entre vos compatriotes vivant dans ce pays, nous vous demandons d’ordonner l’annulation de ce simulacre d’élection… Permettez à vos compatriotes résidents en Mauritanie de bénéficier de leur droit fondamental de choisir librement et directement leurs dirigeants. De votre décision dépendra la bonne image de la Guinée en Mauritanie. Seule votre décision nous évitera d’avoir deux bureaux ici en Mauritanie, ce qui pourrait être dommageable à la réputation de notre pays d’origine, à l’entente et à la solidarité entre nous… Des dizaines de milliers de Guinéens vivent ici abandonnés à eux-mêmes », a écrit Mamadou Hassimiou Diallo.
ci-dessous l’intégralité de cette lettre adressée à Dr Morissanda Kouyaté, ministre des Affaires Etrangères, de l’Intégration africaine et des Guinéens de l’étranger.

Lettre ouverte

À Monsieur le ministre des Affaires Étrangères, de la Coopération Internationale, de l’Intégration Africaine et des Guinéens de l’Étranger.

Objet : Interpellation

Monsieur,

Je me fais le devoir de vous informer de la situation qui prévaut actuellement au sein de la communauté guinéenne vivant en Mauritanie.

Rappel des faits :

Lors de notre rencontre, le 11 Février 2020, avec l’ambassadrice de la Guinée au Sénégal, en Gambie, en Mauritanie et au Cap-Vert à l’occasion de sa venue pour présenter sa lettre de créance auprès des autorités mauritaniennes, monsieur le consul de l’ambassade, constatant que nous n’avons ni ambassade, ni consulat sur place, nous avait suggéré de mettre en place une association pour gérer les problèmes des guinéens. Ce qui fut fait et nous avions rédigé les statuts et règlement intérieur et envoyé à l’ambassade qui nous en avait félicité et encouragé en nous délivrant un acte de reconnaissance. Le bureau qui avait été mis en place a fait de son mieux pour aider nos compatriotes dans la limite de ses prérogatives mais, avec beaucoup de difficultés car il souffrait de manque de légitimité et d’adhésion populaire à cause de la manière par laquelle il avait été constitué (le président avait été choisi par un groupe de dix personnes désignées par le consul et les autres membres nommés sur des bases régionalistes).

À l’expiration de leur mandat, qui était de deux ans renouvelables une fois et conformément aux dispositions de l’article 13 alinéa2 du statut, les membres du bureau exécutif se sont réunis le 14 Février 2022 et ont décidé d’organiser des élections inclusives le 20 Mars 2022 pour permettre aux guinéens de choisir librement le président de leur association et ainsi corriger les erreurs du passé. Quatre personnes avaient présenté leur candidature au poste de président : le président sortant, la vice-présidente, le chargé de la communication et le secrétaire administratif.

Lors de l’assemblée générale organisée le 24 février 2022 pour présenter le bilan du mandat qui venait de s’achever deux vieux avaient demandé à ce qu’on désigne quelques personnes de chaque région naturelle de la Guinée qui vont choisir le président au lieu de permettre à tous les guinéens de voter. Cette proposition avait été rejetée par le vote défavorable de la majorité des présents. Mais, ils (les deux vieux) ont continué leur jeu et des candidats se sont joints à eux et finalement il y a eu deux groupes : celui des partisans du suffrage universel direct et celui des partisans du vote régionaliste.

Nous avions tenu plusieurs réunions mais un consensus n’avait pas été trouvé. Le consul nous a suggéré de choisir quatre personnes par région pour que ces douze élisent le président. Suite au rejet de cette suggestion, il (le consul) nous a fait parvenir une circulaire datant du six (06) janvier 2020, prise bien avant la création de notre association, demandant la prorogation des mandats des bureaux des Conseils de Guinéens de l’Étranger jusqu’à nouvel ordre.

En juillet dernier, l’ambassade nous a fait parvenir votre circulaire n° 001529 du 05 juillet 2022 demandant le renouvellement, par élection, de tous les bureaux des Conseils des Guinéens de l’Étranger au plus tard le 20 Août 2022 et fixant les critères d’éligibilité à :

Être guinéen en situation régulière vis-à-vis de son pays d’accueil ;

Être détenteur d’une carte consulaire, d’une carte d’identité nationale, d’un passeport ou toutes autres pièces d’identification valides ;

Avoir une audience et une considération au sein de la communauté ;

Avoir vécu au moins trois ans dans le pays de résidence sans aucun conflit avec la loi ;

N’avoir pas été condamnée pour un délit quelconque en Guinée ;

Avoir une bonne intégration et jouir d’une intégrité dans le pays de résidence ;

Avoir une forte capacité de mobilisation et de rassemblement des guinéens autour des idéaux de fraternité, de solidarité, de développement socio-économique de leur pays d’origine ;

Avoir la capacité de se mettre au-dessus de toutes considérations politiques, ethniques, régionalistes et religieuses ;

Être membre d’une association.

Entre temps, la candidate, Hadja Marie Samora fut nommée représentante de l’ambassade le 03 Août 2022. Le jour de la présentation des dossiers de candidature (date butoir) il n’y avait que la mienne qui répondait à tous les critères d’éligibilité que vous avez établis mais, la commission décida de retenir la candidature de celui à qui il ne manquait que le casier judiciaire justifiant qu’il n’a aucun conflit avec la loi et les deux autres (un autre candidat s’était présenté aussi) furent éliminés fautes de documents d’identification et autres.

Entre nous, les deux candidats retenus, la question du mode électif se posait toujours. Moi, je demande à ce qu’on aille à des élections au suffrage direct pour que chaque guinéen résident en Mauritanie puisse exercer son droit comme le stipulent nos statuts et lui, il voulait qu’on applique le modèle régionaliste.

Avant qu’un consensus ne soit trouvé, la représentante de l’ambassade, mon ex-colistière, m’appelle le mardi 15 Novembre 2022 à 20h55 minutes pour m’annoncer qu’elle a décidé d’organiser, unilatéralement, les élections avant la fin de la semaine en cours, que les votants seront quatre personnes de chaque région naturelle de la Guinée plus les présidents de certaines associations ; pour être candidat il suffit juste d’avoir, au moins une carte de membre de l’ancien bureau et un reçu d’enrôlement pour la carte de séjour.

Elle m’informe que les autres candidats, les deux qui avaient été disqualifiés faute de dossiers et celui à qui il manquait le casier judiciaire, ont déjà confirmé leur participation. Elle me demande de lui dire si je suis intéressé ou pas. Si oui, de lui donner le nom de deux vieux. Je lui ai répondu que je lui donnerai ma réponse plus tard.

Le lendemain, mercredi 16 Novembre 2022, j’ai appelé des sages pour leur dire ce qu’elle m’a annoncé la veille et leur ai dit que je compte lui exprimer mon désaccord total avec cette manière unilatérale d’organiser des élections dans la précipitation en imposant un mode contesté. Ils m’ont demandé de les laisser aller discuter avec elle entre vieux à son domicile afin qu’elle renvoie l’organisation à une date ultérieure le temps de tomber d’accord sur qui va voter. Ils sont allés la voir le jeudi 17 Novembre 2022 et lui ont posé le problème et finalement elle leur a demandé de choisir uniquement 10 vieux et elle en choisira 10 autres pour qu’ils se retrouvent le samedi 18 Novembre 2022 à 17h chez elle pour débattre de la situation et trouver une solution.

Arrivés au lieu du rendez-vous, ils y ont trouvé, selon eux, plus de jeunes que de vieux. Ils se sont rendu compte, selon eux, qu’elle les avait appelés juste pour qu’ils figurent sur la photo des présents et leur a annoncé sa décision d’organiser les « élections » le dimanche 20 Novembre 2022 avec 24 personnes comme électeurs. Ils lui ont exprimé leur déception et leur désaccord et sont partis.

Le dimanche 22 Novembre 2022, le « porte-parole » de la représentante annonce que les « élections » ont eu lieu et qu’un candidat les a remportés avec un score de 20 votants sur 24.

Voilà, en bref, ce qui s’est passé.

Je vous informe que :

C’est cette mauvaise manière de procéder qui a privé le bureau sortant d’adhésion et de légitimité populaire et l’a empêché d’atteindre ses objectifs malgré les efforts de certains de ses membres.

Pour nous, le choix de 24 personnes ne peut être imposé sur des milliers d’autres.

Refuser d’organiser des élections inclusives sous prétexte qu’il pourrait y avoir des risques de trouble, c’est affirmer haut et fort que les potentiels fauteurs de trouble sont plus forts que l’État et sont au-dessus de la loi. Ce qui est inadmissible.

Si la méthode régionaliste a marché ailleurs, elle ne marchera pas ici en Mauritanie car, comme l’a dit un jour le consul, c’est le terrain qui commande.

En conséquence, nous rejetons cette nomination déguisée en élection et les résultats qui en sont issus ne nous engagent pas.

Pour la cohésion, l’unité et la bonne entente entre vos compatriotes vivant dans ce pays nous vous demandons d’ordonner l’annulation de ce simulacre d’élection car son organisatrice a été nommée par un acte de l’ambassade. Permettez à vos compatriotes résidents en Mauritanie de bénéficier de leur droit fondamental de choisir librement et directement leurs dirigeants.

De votre décision dépendra la bonne image de la Guinée en Mauritanie. Seule votre décision nous évitera d’avoir deux bureaux ici en Mauritanie, ce qui pourrait être dommageable à la réputation de notre pays d’origine, à l’entente et à la solidarité entre nous.

Une solution définitive qui vous évitera de gérer de tels cas à l’avenir est de mettre en place un consulat général de Guinée en Mauritanie. Des dizaines de milliers de guinéens vivent ici abandonnés à eux-mêmes.

En espérant que cette situation bénéficiera de l’attention qu’elle mérite de votre part, je vous prie d’accepter l’expression de ma haute considération.

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