Africa-Press – Guinée. On a beau être une grosse bébête terrifiante et carnivore aux dents acérées, cela n’empêche pas les sentiments et l’envie d’être câliné. Vampyrum spectrum, plus communément appelée la chauve-souris javelot ou le Faux-vampire de Linné, en est un parfait exemple.
Unique membre du genre Vampyrum, elle vit en Amérique centrale et en Amérique du Sud. Pouvant mesurer jusqu’à un mètre d’envergure, c’est la plus grande chauve-souris carnivore connue. Avec ses dents pointues et tranchantes, elle met à son menu des oiseaux mais également des mammifères et des insectes. A défaut, d’autres chauves-souris lui conviennent parfaitement.
Pour autant, sa voracité ne l’empêche pas d’avoir une vie sociale riche et débordante d’affection, comme vient de le montrer une étude de scientifiques allemands publiée dans la revue PLOS One. Une facette largement méconnue, la vie nocturne du mammifère rendant complexe toute observation.
Des chasseurs bien plus sociables qu’on ne le croyait
Pour contourner cette difficulté, les chercheurs ont installé une caméra infrarouge sensible aux mouvements à l’intérieur d’un arbre creux d’une forêt du Costa Rica où résidait une famille de quatre de ces mammifères.
Il leur a fallu trois mois d’observations intensives pour découvrir que ces animaux étaient bien plus sociables qu’on ne le pensait. Jusqu’alors, les Faux-vampires de Linné étaient considérés comme des chasseurs solitaires. Or, les chercheurs ont pu enregistrer des adultes partant chasser en groupe et revenant ensemble.
En tout, les scientifiques ont identifié huit types de comportements différents parmi lesquels des interactions sociales, des jeux ou du stockage de nourriture. A l’intérieur du tronc, il n’était pas rare d’observer les animaux se toiletter ou communiquer par de longues vocalises. Plus étonnant encore, les vidéos ont montré des séances de « câlins » au cours desquelles un individu enveloppait un autre de ses larges ailes.
Des parents attentionnés et généreux
Lorsqu’une chauve-souris adulte rentrait au bercail, il n’était pas rare qu’elle donne sa nourriture à une femelle allaitante ou à un plus jeune de la colonie, permettant ainsi à ce dernier de passer graduellement du lait maternel à une diète carnivore. En outre, cela exerçait le jeune à développer ses talents de préhension d’une proie animale avant de quitter le nid et de chasser pour de vrai. Un comportement qui suggère que les deux parents prennent soin de leur progéniture, ce qui est relativement rare au sein du règne animal.
Bref, une palette d’attitudes inattendues et complexes qui ont révélé aux biologistes que ces animaux sont on ne peut plus éloignés de l’image de chasseurs solitaires et asociaux.
Et lorsque vient l’heure de dormir, tous les animaux s’enroulent ensemble, leurs ailes formant une boule collective compacte. Ils restent alors nez à nez avec leurs proches.
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