Africa-Press – Guinée. Au lendemain de la mobilisation à Bonfi, dans la commune de Matam, des familles de victimes plongées dans le désarroi suite à la disparition de leurs proches au large de la Mauritanie, notre rédaction a contacté Mamadou Bobo Bah, président du Conseil des guinéens de Mauritanie. Il s’agit en effet de 300 guinéens qui ont quitté la Guinée pour se rendre en Europe.
Selon lui, les survivants se trouvent actuellement à Rosso, à la frontière sénégalo-mauritanienne. ‘’Ils attendent l’aide des autorités guinéennes pour rentrer. Nous n’avons pas de budget dédié, seulement quelques moyens que nous avons partagés, mais qui restent insuffisants. Les jeunes sont fatigués, et il y a des femmes parmi eux’’, explique-t-il.
De nombreux rescapés ont affirmé être en ‘’prison’’. M. Bah précise que ‘’quand ils sortent de l’hôpital, ils sont gardés dans un centre de rétention le temps des formalités avant leur refoulement vers la frontière. Certains appellent cela une prison, mais c’est la procédure normale. Ce n’est pas la première fois’’.
Des rescapég ont déclaré avoir subi des violences lors de la traversée. Pour le président du Conseil des guinéens de Mauritanie, ‘’tout ce qui se passe en mer lors de la traversée, on parle de naufrage. Mais ce qui s’est passé n’était pas seulement un naufrage. C’était prémédité, selon des témoignages de victimes.
‘’On les a privés de nourriture. C’était une manière de les affaiblir avant de les jeter dans l’eau. Ce sont des crimes. Et ce n’est pas nouveau’’, assure-t-il, rappelant que ‘’j’avais déjà alerté les autorités. Les capitaines sénégalais, gambiens et sierra-léonais maltraitent les migrants, les frappent, les jettent dans l’eau’’.
Selon Bobo Bah, ‘’cinq personnes sont décédées à l’hôpital, une femme et quatre autres ont été inhumées samedi. Sept personnes étaient hospitalisées. Trois ont été refoulées vers la frontière sénégalaise, une est dans le coma en attente d’opération, quatre restent sous soins. Il y a eu beaucoup de morts, car la pirogue transportait 300 personnes. Beaucoup ont été largués en mer. Seuls les deux capitaines qui sont sénégalais et gambien’’.
‘’On a tellement perdu de jeunes qui devaient servir le pays. La mer n’est pas une route pour aller en Europe. Ils sont en train de sacrifier des enfants alors qu’ils auraient pu servir la Guinée. Les passeurs mentent. Ils sacrifient des jeunes qui devraient servir notre pays. C’est un voyage sans retour’’, alerte-t-il.
Aux autorités guinéennes, il rappelle que ‘’nous avons perdu trop de jeunes. Il faut investir dans l’éducation des enfants. S’ils veulent des visas, ils auront des possibilités d’en avoir. Les traversées en mer, c’est un voyage sans retour, à moins que Dieu te sauve’’.
Il dit avoir informé l’ambassadeur de Guinée au Sénégal ainsi que le consul et le directeur général des guinéens de l’étranger.
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