Covid-19 : l’Unicef face à son plus grand défi depuis sa création il y a 75 ans

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Covid-19 : l’Unicef face à son plus grand défi depuis sa création il y a 75 ans
Covid-19 : l’Unicef face à son plus grand défi depuis sa création il y a 75 ans

Africa-Press – Guinee Equatoriale. Alors que l’Unicef fête ses 75 ans d’existence, l’organisation onusienne alerte sur la situation à laquelle les enfants font face dans le monde. Le Covid-19, allié au changement climatique et à la montée des violences dans de nombreuses zones, risque de faire reculer les droits des plus jeunes dans de nombreux pays.

Le 5 décembre, l’Unicef a lancé un appel à des fonds d’urgence de 9,4 milliards de dollars pour apporter une aide humanitaire à plus de 177 millions d’enfants. Depuis deux ans, l’organisation remarque de nets reculs sur les droits de l’enfant partout dans le monde à cause du Covid-19 et s’alarme. Selon son rapport « Évitons une décennie perdue », 100 millions d’enfants supplémentaires ont déjà plongé dans la pauvreté à cause des conséquences de la pandémie.

Avant la crise sanitaire, l’Unicef craignait déjà de ne pas pouvoir atteindre les Objectifs de développement durable 2030. « Avant la crise du Covid, on a été confronté à des conflits très persistants et en hausse dans certaines zones ainsi qu’au changement climatique. En plus, tout cela entraîne également des migrations et des déplacés. Donc, il y a déjà une situation fragilisée pour les enfants, explique Marion Libertucci, responsable plaidoyer pour Unicef France. On était très inquiets. Et la crise Covid a été un vrai frein, voire un retour en arrière sur le droit des enfants. »

Confinement et déscolarisation

Dès le début de la pandémie et le confinement généralisé dans le monde, les écoles ont fermé et l’accès à l’éducation a été durement touché. Le temps d’enseignement en classe durant la première année de la pandémie a même chuté de 80%. Si dans les pays développés, les écoliers ont pu suivre leurs cours à distance, le confinement a généré une déscolarisation massive, souvent par manque de moyens pour suivre les cours. Le même phénomène a été perçu parfois au sein d’un même pays creusant ainsi les inégalités entre enfants provenant de familles aisées et de familles pauvres.

Dans certains pays, ces fermetures se sont éternisées allant jusqu’à un an au Panama, voire plus de 20 mois sans école en Ouganda. Afin d’éviter une perte des acquis chez les jeunes, les ONG locales ont essayé de trouver des solutions comme celle de la Comorienne Armel Azihar Sly-Vania, Imara Comoros. « On a voulu faire des activités pour engager les enfants et leurs parents, explique la bénévole et militante pour le droit des enfants. On a fait des polycopiés sur différentes matières comme l’histoire ou la géographie. L’objectif était que les enfants aillent demander à leurs grands-parents, leurs parents de l’aide pour les impliquer dans l’éducation. Il fallait surtout qu’ils n’oublient pas ce qu’ils avaient fait à l’école. »

Malgré la mobilisation au niveau local, de nombreux élèves sont sortis du système scolaire, notamment car des crises sécuritaires s’y ajoutent. Au Sahel, certaines zones font dans le même temps face à une recrudescence des attaques terroristes. Ce qui occasionne des fermetures d’écoles et augmente le risque de transformer les jeunes déscolarisés en futures recrues pour les groupes jihadistes. Lors d’une réunion régionale sur le sujet à Nouakchott, Choguel Maïga, Premier ministre de la transition du Mali, rappelait la situation dans son pays : « Le contexte sécuritaire difficile a entraîné la fermeture ou la destruction de près de 1 600 écoles dans le nord et le centre du Mali. »

Les jeunes filles plus touchées

Les filles, souvent moins favorisées que les garçons, sont les premières à souffrir de la déscolarisation. Pour l’ONG Plan international, 63 millions de filles sont d’ailleurs actuellement obligées de travailler dans le monde. Un chiffre important, mais sous-estimé selon l’ONG. Selon de premières estimations, neuf millions d’enfants risquent de devoir se retrouver au travail au lieu d’être sur le banc de l’école à cause de la crise du Covid-19, sans compter le secteur informel.

Une enfant âgée de 10 ans travaillant dans la carrière de Kayole à Nairobi, au Kenya, le 29 septembre 2020.

Une enfant âgée de 10 ans travaillant dans la carrière de Kayole à Nairobi, au Kenya, le 29 septembre 2020. © Brian Inganga/AP

À cela s’ajoute les mariages forcés en augmentation. Près de 10 millions de ces mariages risquent d’avoir lieu avant la fin de la décennie en raison du Covid-19. « La pandémie réduit à néant des années de progrès dans la lutte contre cette pratique », s’inquiète l’Unicef dans son rapport.

Les mêmes violences qui entraînent des déscolarisations massives mettent en danger aussi plus particulièrement les jeunes filles. Dans ces zones de conflit où les civils sont fortement touchés, comme en Éthiopie ou dans l’est de la RDC, les filles ont un risque beaucoup plus élevé de subir des violences sexuelles.

Crainte d’une décennie de perdue

Avec ces multiples retours en arrière, l’Unicef craint tout simplement de devoir mettre entre sept et huit ans pour retourner au niveau de développement de 2019 dans le meilleur des cas. « Il faudrait une décennie minimum pour revenir à un état pré-Covid qui n’était pas non plus idéal pour les enfants », précise Marion Libertucci d’Unicef France.

Et pour pouvoir rattraper ce retard accumulé durant la crise, il va falloir de nombreux efforts. Le premier d’entre eux est de réussir à mettre fin à la pandémie pour que les avancées puissent reprendre sur de bonnes bases. « Il faut aussi une vraie politique et une vraie stratégie tournées vers l’enfant, même en France. Et pas seulement sur des secteurs le concernant comme l’éducation. »

Des moyens supplémentaires pour mieux protéger les populations vulnérables et prévoir au long terme sont demandés par l’Unicef. Cela notamment pour prévenir les futures crises qui pourront avoir lieu à cause du changement climatique. « Il faudra, par exemple, former les enfants et les parents aux bons gestes en cas de catastrophes dans les zones où l’on sait qu’il peut y avoir des risques climatiques. Mais il faut aussi qu’il y ait des vrais plans de prévention au niveau des gouvernements en cas d’ouragans ou d’inondations par exemple. »

Face à ce bilan en forme d’alerte, l’Unicef pointe tout de même la résilience des enfants. « Les jeunes se mobilisent et ils veulent être acteurs du changement », souligne Marion Libertucci. D’après une étude réalisée avant la publication du rapport de l’Unicef, les enfants sont même plus optimistes sur l’avenir que les adultes.

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