Par David Lewis, Filipp Lebedev et Giulia Paravicini
Africa-Press – Guinee Equatoriale. La Russie a déployé jusqu’à 200 instructeurs militaires en Guinée équatoriale ces dernières semaines pour protéger la présidence, ont déclaré des sources à Reuters, illustrant l’expansion de Moscou en Afrique de l’Ouest malgré un revers récent au Mali.
Les sources indiquent que les Russes forment des gardes d’élite dans les deux principales villes de ce petit pays exportateur de pétrole de 1,7 million d’habitants, où des entreprises énergétiques américaines avaient investi des milliards de dollars dans les années 2000 avant de réduire leurs activités.
Ce déploiement s’inscrit dans une dynamique plus large de recul de l’influence occidentale face à l’augmentation des interventions russes en Afrique de l’Ouest et centrale, où Moscou a envoyé des milliers de mercenaires pour protéger les régimes militaires et les aider à lutter contre les insurgés.
Pour la Russie, ces missions représentent une opportunité de gains financiers via des redevances gouvernementales et des opportunités économiques dans les secteurs miniers et énergétiques, tout en défiant l’Occident dans une confrontation géopolitique mondiale, principalement visible en Ukraine.
En Guinée équatoriale, où le président **Teodoro Obiang Nguema Mbasogo**, 82 ans, dirige depuis un coup d’État en 1979 et prépare son fils favori à lui succéder, la sécurité russe pourrait dissuader toute menace contre cette dynastie au pouvoir.
Lors d’une visite à Moscou en septembre, Obiang a remercié le président russe Vladimir Poutine pour l’envoi d’« instructeurs » visant à renforcer les défenses de la Guinée équatoriale, a rapporté l’agence russe TASS.
Présence russe confirmée
Reuters a interrogé trois sources diplomatiques, une source de l’opposition, une source de la société civile et deux proches du gouvernement de l’ex-colonie espagnole.
Les sources, qui ont requis l’anonymat, ont confirmé la présence russe en Guinée équatoriale. Trois d’entre elles estiment qu’entre 100 et 200 Russes sont arrivés ces deux derniers mois.
Deux sources ont indiqué que parmi le personnel militaire pourraient figurer des troupes biélorusses, alliées de la Russie, tandis que Reuters a identifié l’un d’entre eux comme membre d’une unité de parachutistes d’élite russe. Deux autres sources pensent que ces hommes appartiennent au Corps africain, une force paramilitaire contrôlée par le Kremlin.
Les ministères des Affaires étrangères et de la Défense de la Russie ainsi que celui de la Guinée équatoriale n’ont pas répondu aux demandes de commentaires.
Objectifs stratégiques:
Les Russes sont présents à Malabo, la capitale située sur une île du Golfe de Guinée, ainsi qu’à Bata, sur la partie continentale du pays.
En juin, des annonces sur Telegram, visant des contractants privés pro-russes, proposaient des contrats de six mois avec des salaires de 3000 à 5000 dollars, payés en espèces ou en cryptomonnaies.
Reuters a confirmé l’identité d’un parachutiste russe grâce à un logiciel de reconnaissance faciale, tandis que des photos publiées par Diario Rombe, un média basé en Espagne, montrent des hommes en uniforme arborant des drapeaux russes.
Enjeux géopolitiques:
– Contexte énergétique: Les entreprises américaines, comme ExxonMobil, ont investi des milliards dans les années 2000, mais la production actuelle n’est plus que de 80000 barils/jour contre 300000 auparavant.
– Ambitions russes: Renforcer la présence militaire et sécuriser des opportunités dans les secteurs du pétrole et du gaz.
Source : REUTERS
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