Afrique : ce que la Banque mondiale prévoit pour 2024

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Afrique : ce que la Banque mondiale prévoit pour 2024
Afrique : ce que la Banque mondiale prévoit pour 2024

Africa-Press – Guinee Equatoriale. CONJONCTURE. Croissance, inflation, dette : le dernier rapport Africa Pulse est riche en enseignements. La Banque mondiale craint « une décennie perdue » pour le continent.

Une croissance économique qui ralentit en Afrique, avec une montée des conflits et de l’instabilité, et surtout une incapacité de créer les emplois nécessaires. Voilà le résumé des prévisions des économistes de la Banque mondiale pour l’Afrique publiées mercredi 4 octobre 2023. Pour l’année en cours, la croissance devrait atteindre 2,5 %, a estimé l’institution, alors qu’elle était encore à 3,6 % l’année dernière, en raison notamment du ralentissement des principales économies de la région, des chocs climatiques et de l’incertitude persistante de l’économie mondiale. En effet, le Nigeria devrait voir son économie progresser de 2,9 % alors que l’Angola atteindra 1,3 % de croissance et l’Afrique du Sud – freinée par les coupures d’électricité récurrentes et les goulots d’étranglement des infrastructures qui freinent les exportations –, tout juste 0,5 %.

Plus problématique encore pour la région, son PIB par habitant n’a pas progressé depuis 2015, estime la BM, qui souligne que la croissance de cet indicateur pourrait être de tout juste 0,1 % par an sur la période 2015-2025, ce qui lui fait craindre une « décennie perdue » pour l’Afrique subsaharienne. « Une croissance faible entraîne une réduction de la pauvreté plus lente qu’espéré et une croissance des emplois réduite alors que plus de 12 millions d’Africains rejoignent le marché du travail chaque année », a souligné le chef économique de la Banque pour l’Afrique, Andrew Dabalen. La croissance actuelle suffit à peine à générer « 3 millions d’emplois formels par an », pointent les économistes de la BM.

La croissance économique ralentit

Parmi les raisons pointées par l’institution, l’instabilité et la fragilité politique ainsi que la montée des conflits et des violences sont les premières causes de ralentissement, voire de forte récession dans certains pays, à l’image du Soudan, confronté à un conflit qui s’installe dans le temps, et dont l’économie devrait reculer de 12 % cette année.

Facteur aggravant, la dette publique reste un élément d’inquiétude, plus d’une vingtaine de pays de la région présentant un risque élevé de surendettement, quand ils ne sont pas déjà dans cette situation. À ceux-là il faut ajouter l’Égypte, qui a déjà un plan d’aide du FMI, et la Tunisie, où les négociations sont au point mort depuis plusieurs mois malgré une situation financière inquiétante. « Il est plus urgent que jamais que les responsables politiques améliorent leurs économies afin de favoriser la croissance et de meilleurs emplois pour les habitants », a-t-il ajouté.

La Banque mondiale et le FMI attendus sur les solutions

Si la situation économique reste complexe, la BM souligne cependant que certains aspects s’améliorent, l’inflation étant moins marquée cette année qu’en 2022, à 7,3 % contre 9,3 %.

Par ailleurs certaines zones de la région s’en tirent mieux, à l’image de la Cedeao en Afrique de l’Ouest, qui devrait connaître une croissance cumulée de 5,1 %, ou la Communauté de l’Afrique de l’est, dont l’économie devrait progresser de 4,9 %. Parmi les pays en forte croissance, la Côte d’Ivoire, dont le PIB devrait atteindre 6,3 % en 2023, notamment grâce à son secteur de l’industrie manufacturière.

Ces analyses paraissent alors que la Banque mondiale et le Fonds monétaire international vont tenir leurs réunions annuelles à compter du 9 octobre sur le sol africain, à Marrakech, au Maroc. Les deux institutions se savent attendues, en particulier sur le climat, face auquel leur manque d’implication présumé leur est régulièrement reproché. Le thème sera d’ailleurs très présent tout comme l’évolution de la gouvernance des deux institutions, mais même si la volonté est là, leurs moyens restent insuffisants.

Les premières annonces pourraient venir de la BM, son président, Ajay Banga, ayant défendu l’idée de prêts à taux préférentiels pour les pays émergents et une augmentation de la capacité d’emprunt de 100 à 125 milliards de dollars sur 10 ans.

La principale nouveauté pour les deux institutions pourrait être dans la répartition des quotas, modifiée en faveur des pays à faible revenus ou émergents, ce qui augmenterait leurs possibilités d’emprunts auprès de la BM et du FMI. Le Fonds comme la Banque ont parfaitement conscience d’être attendus au tournant mais soulignent depuis un an qu’ils ne peuvent pas agir seuls.

Lors de la campagne en vue de son élection à la présidence de la BM au printemps dernier, M. Banga a milité pour embarquer le secteur privé afin d’accélérer le financement de projets nécessaires dans les pays du Sud.

La cheffe de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED), Rebeca Grynspan, a également regretté mercredi la lenteur des négociations concernant les pays endettés. « J’aimerais voir la question de la dette évoquée lors des discussions […], c’est un problème important », a-t-elle insisté, alors que près de la moitié de l’humanité vit désormais dans un pays dépensant plus pour honorer sa dette que pour l’éducation ou la santé.

Petite victoire pour les pays africains cependant, ils devraient se voir attribuer un troisième siège au conseil d’administration de la BM à l’occasion des réunions de Marrakech, une opportunité pour mieux se faire entendre.

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