Africa-Press – Guinee Equatoriale. Les petits pélagiques sont la première ressource halieutique de plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest et du Nord assurent les participants à un symposium international organisé à Nouakchott, du 24 au 26 mai 2022, sur le thème : «Les petits pélagiques et leurs habitats face à l’intensification de l’exploitation, à la diversification des usages et aux changements climatiques.
Cette rencontre scientifique de haut niveau organisée par l’Institut Mauritanien de Recherches Océanographiques et des Pêches (IMROP), en collaboration avec le PRCM (Partenariat Régional pour la Conservation de la zone côtière et Marine) et avec l’appui technique de la FAO, a vu la participation de plusieurs scientifiques, chercheurs, étudiants, gestionnaires et professionnels intéressés par les thématiques retenues en vue d’actualiser les connaissances scientifiques sur les ressources pélagiques dans la zone Nord-ouest-africaine et d’en améliorer la gouvernance. Le symposium a traité différentes thématiques sur les ressources, leurs environnements, leurs systèmes d’exploitation, leurs retombées socio-économiques et leur gouvernance.
A l’issue des travaux de ce symposium, la formulation de recommandations pertinentes à l’endroit des gestionnaires et des différents usagers pour une gestion rationnelle et durable de ces ressources combien importante pour les populations et l’économie de la sous-région devrait aider les pays membres du PRCM, une coalition d’acteurs travaillant sur les problématiques du littoral ouest-africain couvrant sept pays (le Cap Vert, la Gambie, la Guinée Conakry, la Guinée-Bissau, la Mauritanie, le Sénégal et la Sierra Leone) à mieux appréhender les risques menaçant les ressources de pêche, en général, et les petits pélagiques, en particulier, pour revoir leurs stratégies d’exploitation.
Les espèces de petits pélagiques (sardines, sardinelles, chinchards, maquereaux, Etamaloses, etc.) constituent une part importante des immenses richesses halieutiques exploitées dans la zone nord-ouest-ouest africaine. Ces espèces migratrices sont partagées dans toute la sous-région, et jouent un rôle économique et social de premier ordre. Elles constituent en effet l’essentiel de la production halieutique de cette zone, évaluée à plus de 2,5 millions de tonnes annuelles, soit environ 80 % des débarquements. En Mauritanie, le potentiel exploitable est estimé à 1,3 million de tonnes par an.
Toutefois, certaines de ces espèces sont en difficulté. Les récentes évaluations des stocks des petits pélagiques montrent des signes inquiétants de baisse des biomasses, résultant d’une forte pression de la pêche et des effets du changement climatique.
Certaines études lient l’état de surexploitation de certaines ressources pélagiques aux développements récents des industries minotières dans la zone ayant favorisé l’intensification de l’exploitation pour assurer l’approvisionnement des usines de farine et d’huile de poissons.
Les fluctuations constatées ne sont pas spécifiques à la seule région Ouest africaine, car selon les statistiques de la FAO, la production halieutique mondiale stagne depuis plusieurs années, alors que la demande pour la consommation de poisson ne cesse d’augmenter en raison de la croissance démographique de la population mondiale. Le décalage entre la demande et la production issue des captures marines est estimé à 40%. Pour satisfaire l’approvisionnement des marchés, les industriels ont eu recours à l’aquaculture qui a connu un développement conséquent ces dernières années principalement hors de la sous-région.
La situation actuelle des stocks de petits pélagiques, dont une partie est déjà en situation préoccupante, requiert une attention particulière pour éviter leur effondrement et inscrire leur exploitation dans la durabilité.
Le choix entre consommation humaine et animale
Les participants au symposium de Nouakchott sur «les petits pélagiques et leurs habitats face à l’intensification de l’exploitation, à la diversification des usages et aux changements climatiques » ont abordé le sujet à partir de plusieurs axes et chapitres dont le premier est la réflexion sur la chaîne de valeurs qui porte sur les industries manufacturières et les bénéfices économiques et sociaux de la pêche des petits pélagiques.
Le premier axe de cette thématique capitale cherchait à analyser la contribution de la pêche des petits pélagiques à l’économie des pays côtiers, à assurer leur sécurité alimentaire et à lutter contre la pauvreté. Ainsi, les participants ont passé en revue les diverses méthodes de valorisation et de transformation des produits des petits pélagiques pratiquées dans les pays de la sous-région.
Le symposium a également traité de l’étude du marché et de son approvisionnement en produits halieutiques à travers certaines données essentielles comme la dynamique du marché du poisson et les formes de valorisation des produits, la délicate question de la production de la farine et de l’huile de poisson, ainsi que le thème de la contribution des petits pélagiques à la croissance économique et sociale, et enfin le rôle non négligeable des petits pélagiques dans la sécurité alimentaire des sociétés d’Afrique du Nord-Ouest.
La réflexion, dans son ensemble, prenait source dans ce qui relève de la pratique par rapport à ce que cette gouvernance exige comme style de gestion nouveau nécessitant une concertation entre les pays qui se partagent cette richesse halieutique migratrice et transfrontalière. Dans les faits, l’analyse portait sur les indicateurs et abondance de la richesse, les quotas de capture et le potentiel exploitable pour l’ensemble des pays membres de la Coalition, le système de distribution des captures et le plan de réforme de la pêche des petits pélagiques qu’il faudrait envisager dans le cadre d’une gestion rationnelle de la ressource.
Une vision d’avenir pour la ressource
Mahfoudh Ould Taleb Sidi, chercheur et directeur général de l’Institut supérieur des sciences de la mer de l’Académie Navale (ISSM/ACNAV), a salué l’organisation d’un tel symposium, indiquant que cette rencontre scientifique de haut niveau donnera aux pouvoirs publics et aux investisseurs une vision claire de l’avenir de cette ressources essentielle dans le domaine de la pêche maritime.
Le directeur de l’Institut supérieur des sciences de la mer a énuméré quelques espèces de petits poissons pélagiques comptant parmi les plus importantes dans cette richesse, notant qu’ils se composent de neuf types différents, dont : les sardines et le chinchard ou (« yai boy », en Mauritanie et au Sénégal) avec ses différentes sortes. Le chercheur mauritanien n’a pas manqué de souligner que la particularité des poissons pélagiques est qu’ils se détériorent rapidement lorsqu’ils ne sont pas immédiatement conservés, ce qui remet en question les possibilités d’utilisation et d’exploitation accrues de cette richesse. « J’estime donc qu’il convient d’accorder une attention particulière aux engins de pêche utilisés pour ce type de poissons afin qu’ils soient adaptés et capables de conserver les quantités pêchées jusqu’à ce qu’ils atteignent un lieu de débarquement approprié pour être orientés vers la consommation locale ou l’exportation », déclare le directeur de l’ISSM.
La Mauritanie dispose de grandes potentialités pour tirer parti de sa richesse dans le domaine des petits pélagiques en raison de ses réserves de plus d’un million de tonnes exploitables annuellement. « L’exploitation de un pour cent de ce potentiel suffit à atteindre pour, chaque mauritanien, le taux annuel de consommation mondiale de poissons, qui est de 20 kilogrammes », révèle Dr Mahfoudh Ould Taleb Sidi. Le directeur général de l’Institut supérieur des sciences de la mer a indiqué qu’il y a maintenant des demandes pressantes pour la création d’une usine modèle pour la formation dans le domaine des industries de transformations telles que la conserverie afin de créer un environnement attractif pour les investisseurs dans ce domaine. « L’avantage des petites conserveries de poissons sur les minoteries est qu’elles sont capables d’employer une main-d’œuvre importante (environ 300 à 400 ouvriers), conclut le directeur général de l’Institut supérieur des sciences de la mer de l’Académie Navale.
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