Morgane Gillard
Africa-Press – Guinee Equatoriale. Drill, baby, drill. » Le slogan de campagne de Trump était clair et ses annonces lors de son investiture n’ont fait que conforter notre crainte: le nouveau président des États-Unis souhaite une intensification de l’exploitation des ressources fossiles du sous-sol américain. Mais Trump peut-il réellement mettre en œuvre cette politique dévastatrice pour le climat mondial ? Les réserves sont-elles suffisantes ?
Lors de son investiture, Donald Trump a déclaré passer le pays en état « d’urgence nationale énergétique ». Une décision qui vise à « booster » l’exploitation et la production d’hydrocarbures sur le territoire. On n’en attendait pas moins du nouveau président des États-Unis, qui a, dans la foulée, annoncé sortir une nouvelle fois le pays des accords de Paris sur le climat, et poser des limitations au développement des énergies renouvelables.
Les quantités de brut produites battent déjà des records depuis plusieurs années
Dans son discours inaugural, Trump a ainsi mis en avant le fait que les États-Unis « ont quelque chose qu’aucune autre nation n’aura jamais, la plus grande quantité de pétrole et de gaz de tous les pays du monde […] Nous serons de nouveau une riche nation et c’est cet or liquide sous nos pieds qui va nous y aider. » Un discours qui va en total contresens de toutes les recommandations édictées par les experts du climat.
En réalité, cette volonté de débrider l’exploitation des hydrocarbures n’est pas en opposition avec la politique menée ces dernières années, malgré le souhait de l’administration Biden de promouvoir la transition vers une énergie décarbonée. Les graphiques sont clairs, la production de pétrole brut du pays n’a pas en effet cessé d’augmenter ces dernières années. Depuis 2018, les États-Unis sont ainsi les premiers producteurs mondiaux, bien loin devant la Russie et l’Arabie saoudite. Le pays n’a d’ailleurs jamais autant produit de brut qu’actuellement et bat d’année en année de nouveaux records. Mais cette course folle peut-elle continuer encore longtemps ? Qu’en est-il de l’état des réserves d’hydrocarbures dans le sous-sol américain ?
Des réserves réelles très difficiles à estimer, mais elles sont énormes
Il faut avouer qu’il est très compliqué d’avoir une estimation de la quantité totale d’hydrocarbures encore exploitable. Les chiffres donnés sont obtenus à partir des réservoirs actuellement connus et exploités. Or, l’évolution constante des techniques d’extraction, mais surtout l’identification de nouveaux réservoirs, notamment ceux que l’on appelle « non conventionnels », a récemment fait bondir les quantités de réserves prouvées. En 2022, l’estimation des ressources disponibles en hydrocarbures atteint ainsi des records historiques.
Alors qu’on pourrait s’attendre à ce que l’exploitation toujours plus intensive soit associée à une baisse des réserves, c’est tout l’inverse qui se passe. Et cela notamment à cause de la découverte des énormes gisements de gaz et de pétrole. Ainsi, les réserves de gaz de schiste aux États-Unis étaient estimées en 2007 à 23 304 milliards de m3. En 2021, elles étaient passées à 393 779 milliards de m3. Une estimation réévaluée de… 1 590 % ! Pour le pétrole de schiste, l’augmentation est encore plus spectaculaire. Elle atteint 2 005 % en 2023 par rapport à 2007.
Alors, bien sûr, les hydrocarbures n’étant pas une énergie renouvelable, il y a bien un moment où tous ces réservoirs seront à sec. Mais pour l’instant, il est difficile d’estimer quand cela interviendra. Rien que pour le bassin de Marcellus, en Pennsylvanie, les puits gaziers pourraient, avec les estimations actuelles, être exploités jusqu’en 2075 ou même 2100 !
Donald Trump n’hésitera pas à sacrifier les parcs nationaux et la biodiversité pour contenter ses donateurs
Autant d’arguments qui invitent Trump à ouvrir les vannes à fond, sans se soucier le moins du monde de l’impact d’une telle politique sur le climat. Le nouveau président ne semble d’ailleurs pas vouloir se restreindre aux gisements déjà exploités. Il compte en effet augmenter l’exploitation des réserves stockées dans le sous-sol de l’Alaska, et notamment dans le Refuge faunique national de l’Arctique, une zone naturelle protégée. Cette région possède l’un des derniers écosystèmes intacts des États-Unis et le discours du président laisse craindre qu’il ne soit détruit. La menace plane ainsi sur de nombreux parcs naturels américains et refuges pour la faune et la flore, car il s’agit de terres fédérales qui pourraient être mises en location par le gouvernement pour l’exploitation de leurs réserves d’hydrocarbures, comme l’explique cet article dans 20 minutes.
Il faudra cependant plus qu’un simple décret pour autoriser les forages dans ces réserves naturelles. On ne peut donc qu’espérer que le Congrès américain bloque cette proposition absurde et dangereuse. Légalement, pour toucher aux zones protégées, l’administration de Trump va en effet devoir justifier qu’il existe bien une « urgence » à déréguler à ce point la production d’hydrocarbures, ce qui ne sera pas évident dans la situation de leader actuelle du pays.
« Les ordres donnés par Trump le premier jour (de son mandat) révèlent tout ce que nous devons savoir sur la loyauté de son administration, déplore le directeur adjoint du programme climatique de Greenpeace US dans The Guardian. Ils reflètent les priorités de ses principaux donateurs, pas celles de la population américaine. » Rappelons en effet que l’industrie pétro-gazière a donné plus de 75 millions de dollars pour la campagne de Donald Trump…
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Guinee Equatoriale, suivez Africa-Press