L’Espagne lance un mandat d’arrêt contre un fils du président de la Guinée équatoriale, les raisons

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L’Espagne lance un mandat d’arrêt contre un fils du président de la Guinée équatoriale, les raisons
L’Espagne lance un mandat d’arrêt contre un fils du président de la Guinée équatoriale, les raisons

Africa-Press – Guinee Equatoriale. L’enquête sur l’enlèvement de quatre opposants au gouvernement de Guinée équatoriale, qui était au point mort, a été relancée de manière spectaculaire vendredi avec l’annonce par un juge de l’Espagne, de mandats d’arrêt contre trois dirigeants de ce pays africain, dont un des fils du président.

Les mandats d’arrêt « européens et internationaux » visent Carmelo Ovono Obiang, fils du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, ainsi que Nicolás Obama Nchama et Isaac Nguema Ondo, a précisé l’Audience nationale, tribunal espagnol chargé des affaires de terrorisme et des dossiers délicats.

Carmelo Ovono Obiang est également le chef du service de renseignement extérieur de cette ancienne colonie espagnole, alors que M. Obama Nchama est ministre d’État et responsable de la sécurité intérieure et M. Nguema Endo directeur général de la Sécurité présidentielle.

L’Audience nationale a précisé dans un communiqué que les mandats d’arrêt avaient été émis par le juge Francisco de Jorge, qui a repris l’enquête jusque-là diligentée par son collègue Santiago Pedraz. Ce dernier s’était opposé à l’émission de ces mandats d’arrêt.

Avec cette décision, le juge de Jorge se conforme à un arrêt rendu jeudi par la chambre de l’instruction de l’Audience nationale, qui avait donné raison à une demande d’une association d’opposants équato-guinéens à laquelle s’étaient trouvés jointes les familles des victimes, précise le tribunal.

Cette association, le Mouvement pour la Libération de la Troisième République de Guinée équatoriale (MLGE3R), est un mouvement d’opposition en exil basé en Espagne. Elle dénonce régulièrement les atteintes aux droits humains dans ce petit Etat pétrolier d’Afrique centrale.

– Torture « du crocodile » –

La justice espagnole soupçonne Carmelo Ovono Obiang et les deux autres hauts responsables du régime de Malabo d’être impliqués dans l’enlèvement et la torture en 2019 de quatre opposants, qui résidaient en Espagne et dont deux avaient la nationalité espagnole.

Dans sa décision rendue publique vendredi, le juge de Jorge indique que les quatre hommes auraient été enlevés au Soudan du Sud, où ils se rendraient à l’invitation d’un ami, précisant qu’il s’agissait d’un « piège « pour les enlever.

Ils auraient ensuite été emmenés de force à Malabo, la capitale de la Guinée équatoriale, où ils auraient été emprisonnés et torturés en raison de leur participation présumée à une tentative de coup d’État.

Selon le quotidien madrilène El Pais, qui a eu accès à des notes de police et des témoignages, ils auraient notamment été soumis à la torture dite « du crocodile », consistant à pendre le prisonnier la tête en bas, pieds et mains enchaînés, afin de provoquer l’explosion des vaisseaux sanguins.

L’un de ces quatre opposants, Julio Obama Mefuman, de nationalité espagnole, est mort en janvier 2023. Le MLGE3R affirme qu’il a été torturé et est décédé dans une prison de ce pays.

Pour sa part, le gouvernement de Malabo affirme qu’il est mort « dans un hôpital (…) des suites d’une maladie dont il souffrait ».

Le juge Pedraz avait réclamé le rapatriement de son corps afin de pouvoir procéder à une autopsie, mais s’était heurté au refus de Malabo. Il avait également convoqué voilà un des trois responsables équato-guinéens poursuivis pour les interroger, mais ceux-ci ne s’étaient pas présentés.

Après un an d’enquête, et à la surprise générale, le juge Pedraz avait finalement annoncé début janvier l’abandon de son enquête au profit de la justice équato-guinéenne, estimant qu’il n’y avait « aucun élément permettant de conclure (…) que des faits ont été commis en Espagne ».

Le MLGE3R avait fait appel de cette décision.

Après l’ouverture de l’enquête début 2023, un autre fils du chef de l’Etat, Teodoro Nguema Obiang Mangue, par ailleurs vice-président de la Guinée Equatoriale, avait accusé l’Espagne d’« ingérence » et qualifié les quatre opposants aux « terroristes ».

La Guinée équatoriale, pays parmi les plus fermés au monde, est dirigée d’une main de fer depuis 1979 par Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, 81 ans, qui détient le record mondial de longévité au pouvoir pour un chef d’Etat en exercice, en hors des monarchies.

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