
Africa-Press – Guinee Equatoriale. L’Europe est trop laxiste sur la surveillance des taux de microplastiques dans l’eau que l’on consomme, alertent des chercheurs dans une étude française publiée dans PLoS Water. Leurs travaux révèlent qu’en France, 98% des microplastiques trouvés dans les eaux en bouteille et du robinet sont plus petites que 20 micromètres, soit la taille en dessous de laquelle elles deviennent potentiellement dangereuses pour le vivant, et en dessous de laquelle l’Europe n’exige pas de contrôle.
Les microplastiques les plus fins sont potentiellement les plus dangereux
« La taille de 1 à 20 micromètres correspond à une taille de particules plus susceptibles d’intégrer le vivant car elle est similaire à celle des cellules humaines ou des bactéries », explique Gaël Le Roux, directeur de recherche en physico-chimie au CNRS et qui a dirigé ces travaux. De la même manière que les particules fines de la pollution atmosphérique sont les plus dangereuses, les plus fins des microplastiques sont particulièrement susceptibles de passer la barrière intestinale pour entrer dans la circulation sanguine et les organes humains.
98% des microplastiques détectés ne sont pas concernés par la réglementation européenne
« Il est largement admis que le rejet de matières plastiques dans l’environnement et la fragmentation de ces dernières entraînent une omniprésence de minuscules fragments de polymères, qui sont insolubles dans l’eau, se dégradent très lentement et peuvent être facilement ingérés par des organismes vivants », écrit en 2020 la Commission Européenne dans sa réglementation de mesure des microplastiques dans l’eau de consommation.
Pourtant, cette surveillance « est applicable uniquement aux particules d’une dimension comprise entre 20 micromètres et 5 millimètres », est-il précisé. Elle exclut donc les microplastiques les plus potentiellement dangereux, mais aussi les plus nombreux. D’après leurs analyses sur de l’eau du robinet de la ville de Toulouse et sur 10 eaux en bouteille vendues en France, les chercheurs observent respectivement 98% et 94% de microplastiques de moins de 20 et de moins de 10 micromètres. « Ces particules représentent la large majorité des microplastiques présents dans l’eau de consommation », commente Gaël Le Roux.
L’eau du robinet, tout aussi contaminée que l’eau en bouteille
Si les effets de l’ingestion de ces microplastiques sur la santé restent à être formellement démontrés, leurs propriétés physicochimiques présagent d’une capacité à interagir avec les bactéries pathogènes et d’un effet toxique et inflammatoire sur de nombreux organes. En conséquence, la forte variabilité de leur concentration dans l’eau que nous buvons retient l’attention. Les analyses des chercheurs révèlent la présence de 19 à 1.154 microparticules de plastique par litre d’eau en fonction de l’échantillon.
En outre, le plastique de type PET, qui compose les bouteilles, est peu présent dans les échantillons, ce qui montre que le contenant n’est pas la source majeure de contamination. D’ailleurs, l’eau du robinet avait une concentration plus élevée que huit des eaux en bouteille, dont les marques ont été anonymisées. « Notre étude n’a pas pour but d’incriminer une marque plutôt qu’une autre », ce qui nécessiterait des mesures supplémentaires telles qu’un « échantillonnage de plusieurs bouteilles et contenants », explique le chercheur.
La nécessité d’une réglementation plus stricte
Si les mesures européennes n’avaient pas initialement inclus les microplastiques de moins de 20 micromètres, c’était pour des raisons purement méthodologiques. Pourtant, « nous pensons qu’il est possible en routine d’évaluer ces petits microplastiques grâce à la technologie dite ‘du microscope Raman’ », qui est d’ailleurs celle de l’étude, précise Gaël Le Roux. Cette technique permet d’analyser la composition chimique d’un échantillon en fonction de la manière dont il diffuse la lumière qui lui est appliquée. De plus, la recherche de particules fines permettrait de n’échantillonner qu’un volume de trois à quatre litres d’eau, contre les 1.000 litres recommandés par la Commission Européenne, ajoute le chercheur.
Avec 413 particules par litre, l’eau de Toulouse est 10 fois plus contaminée que les sources potables souterraines analysées au Danemark, mais à peu près équivalente aux 338 par litre trouvées dans l’eau traitée de République Tchèque. L’eau des nappes phréatiques semble donc significativement moins contaminée que les eaux en bouteille et du robinet, qui elles sont équivalentes, observent les chercheurs dans l’étude. Surprise cependant, « certaines marques (d’eau en bouteille) étaient aussi propres, voire plus propres, que l’eau potable provenant de la nappe phréatique », pointent-ils. « Toutefois l’eau du robinet permet de s’affranchir de ce contenant et donc de diminuer notre consommation de plastiques », et donc leur dispersion sous forme de microplastiques, rappelle Gaël Le Roux.
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