Biothérapies pour Retarder les Lésions Inflammatoires

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Biothérapies pour Retarder les Lésions Inflammatoires
Biothérapies pour Retarder les Lésions Inflammatoires

Africa-Press – Guinee Equatoriale. Quatre lettres pour parler des maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique). Des maladies invalidantes et incurables qui se traduisent par des ulcères dans la paroi de l’intestin (grêle, colon, rectum) pouvant se perforer.

Dix millions de personnes sont concernées dans le monde, et 300.000 en France. Soit 8000 nouveaux cas par an, près d’un patient par heure. Les Mici sont un problème de santé publique doublé d’une énigme. Car, d’une part, on ne sait que stabiliser ces maladies hétérogènes dont l’impact psychologique, social et professionnel peut être considérable, et, d’autre part, on ne les comprend pas encore très bien.

Une rémission chez 1 patient sur 5

Entièrement consacré aux Mici, l’institut hospitalo-universitaire (IHU) Infiny a été lancé à Nancy en 2023. Placé sous la direction du Pr Laurent Peyrin-Biroulet, il a notamment pour objectif l’amélioration de la prise en charge des Mici, les traitements actuels ne permettant l’obtention d’une rémission que chez un patient sur cinq. D’où l’idée de pouvoir diagnostiquer et, donc, traiter plus tôt les patients, avant que les dégâts sur leur intestin ne soient trop évolués, et de réduire ainsi le nombre d’hospitalisations et d’interventions chirurgicales parfois invalidantes.

Les travaux conduits au sein de l’institut devront également aider à décrypter les mécanismes de la maladie et faire la part entre susceptibilité génétique (plus de 170 gènes connus), facteurs environnementaux (pollution, alimentation ultra-transformée), tabac, ou encore interactions entre flore intestinale (le microbiote) et système immunitaire.

Un diagnostic fiable pour identifier une inflammation

Historiquement apparues dans les pays occidentaux après la révolution industrielle, les Mici sont des maladies capricieuses dont la particularité est d’évoluer entre des phases de poussées imprévisibles plus ou moins sévères et des phases de calme. Dans l’Hexagone, c’est le registre Epimad, une référence mondiale couvrant quatre départements du Nord, soit 6 millions de personnes (9 % de la population), qui assure la surveillance épidémiologique.

Selon une étude menée sur ce registre pendant trente ans, récemment publiée dans la revue The Lancet, l’incidence a augmenté d’environ 1,5 % entre 1988 et 2017. Et elle est plus importante chez les enfants et les femmes. « En 2030, près de 0,6 % de la population pourrait être atteint de Mici « , concluent les auteurs de l’étude. Si on comprend encore mal la raison de cette incidence, une piste se dessine concernant la pollution des sols.

La qualité des sols jouerait un rôle

Et si les Mici étaient liées à la qualité des sols? Pour la première fois, cette observation étayée par les travaux du groupe Epimad fait l’objet de recherches reposant sur l’analyse des sols (mais aussi de l’air et de l’eau) dans le nord de la France. Conduites par l’équipe du Pr Annabelle Deram (Laboratoire de génie civil et de géo-environnement, à Lille), elles ont établi des liens entre la maladie et certains types de cultures intensives (lin, betterave, orge, pomme de terre, blé), ou avec la présence de différents métaux (molybdène, nickel) dans les prélèvements de terre. Des données qui restent à confirmer.

En attendant d’en savoir plus sur les causes de ces maladies, d’importantes avancées ont été réalisées sur le plan du diagnostic. Il est ainsi devenu possible de discriminer les Mici d’un syndrome de l’intestin irritable avec différents tests (sanguins, fécaux) qui permettent d’établir l’existence d’une inflammation. Les zones ulcérées sont ensuite localisées grâce aux examens d’imagerie (endoscopie, IRM abdominale).

Les progrès sont également notables sur le plan des traitements. Longtemps cantonnés aux seuls corticoïdes et à la chirurgie, ceux-ci reposent désormais sur les biothérapies. Ces dernières avaient été initialement développées pour d’autres maladies: des affections, inflammatoires et cutanées (rhumatisme articulaire aigu, spondylarthrite ankylosante, psoriasis…), parfois présentes en association avec les Mici, ayant toutes en commun la mise en jeu de mécanismes inflammatoires.

Pour la plupart administrés par voie intraveineuse ou sous-cutanée, ces médicaments bloquent des cibles impliquées dans le déclenchement de l’inflammation (TNF alpha, lymphocytes, interleukines 10, 23, cytokines, etc.). Ils permettent ainsi de stopper ou au moins de réduire l’inflammation de la muqueuse digestive. Ces médicaments très puissants ne sont hélas pas encore tous disponibles en France, déplore le Getaid (Groupe d’étude thérapeutique des affections inflammatoires du tube digestif).

L’enjeu, pour les spécialistes, est désormais d’appliquer au mieux le concept du « treat to target » (traitement ciblé), qui consiste à trouver pour chaque malade la meilleure combinaison pour soulager les symptômes tout en réduisant la fréquence et la gravité des poussées. Pour encore plus d’efficacité, l’heure est déjà aux « combi-thérapies », c’est-à-dire aux associations de molécules.

De nombreuses recherches sont par ailleurs en cours pour comprendre pourquoi certains patients (30 %) ne répondent pas aux biothérapies, et pourquoi leur effet biologique peut s’épuiser. Encore plus futuriste, la mise au point d’un test sanguin pour prédire l’apparition des Mici jusqu’à seize ans avant l’apparition des signes. C’est tout l’enjeu de travaux récents de chercheurs suédois publiés dans la revue de référence Gastroenterology. Peut-être permettront-ils d’intervenir encore plus précocement pour éviter à terme la survenue des lésions. Ce serait un soulagement pour les patients.

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