Cette Couleuvre Recherche Ses Amis !

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Cette Couleuvre Recherche Ses Amis !
Cette Couleuvre Recherche Ses Amis !

Africa-Press – Guinee Equatoriale. Sais-tu quel animal au corps recouvert d’écailles et longtemps vu comme un chasseur solitaire, recherche en fait activement ses amis ? Aujourd’hui, on va parler de la couleuvre rayée dans Bêtes de Science.

Sous le signe du serpent de bois

Hey bonne année ! Quoi ? Ah mais non, promis, je ne me suis pas trompée de date. Le 29 janvier 2025, on fête le Nouvel An du calendrier chinois ! Il n’y a pas que le 1er janvier du calendrier grégorien qui compte ! Le jour des célébrations est calculé sur un calendrier qui se base sur les cycles du soleil et de la lune. Cela veut dire que le Nouvel An chinois change de date tous les ans ! Pour les Chinois, c’est la plus grande fête de l’année, les célébrations durent jusqu’à 16 jours ! En 2024, c’était l’année du dragon de bois, et en 2025, nous entrons dans l’ère du serpent de bois. Dans l’astrologie chinoise, il y a 12 animaux qui se succèdent d’année en année: le rat, le bœuf, le tigre, le lapin, le dragon, le serpent, le cheval, la chèvre, le singe, le coq, le chien et le cochon ! Cinq éléments reviennent également par cycle qui dure 2 ans pour chacun d’eux. Il y a: la terre, le métal, l’eau, le bois et le feu.

À la rencontre de la couleuvre rayée ou serpent-jarretière

La fête devient un poil trop bruyante pour moi…et puis j’aimerai te présenter notre héroïne du jour, qui colle plutôt bien avec l’animal célébré pour le Nouvel An chinois de cette année. Pour nous faciliter les choses, faisons un petit bond dans le temps, très court, de quelques mois. Visons le mois de mai. La température devrait être idéale à ce moment là. Allez, c’est parti ! On s’envole, direction l’Amérique du Nord, et plus précisément pour l’Ontario, une province du Canada, dans laquelle on retrouve la grande ville de Toronto, au sud-est. Promenons-nous dans les hautes herbes autour du lac Simcoe, près de la ville de Barrie. La température est douce et la journée est ensoleillée. Nous sommes bien tombés ! Il nous faut un endroit calme, où notre héroïne du jour pourrait prendre son bain de chaleur. Attention à ne pas faire trop de bruit. Les vibrations de nos chaussures sur le sol pourraient la faire déguerpir ! Oh…regarde là bas, tu vois au pied de ces rochers, cette drôle de branche brune ? Et bien c’est elle ! Je te présente la couleuvre rayée. Celle-ci appartient même à une sous-espèce que l’on appelle couleuvre rayée de l’est, de son nom latin Thamnophis sirtalis sirtalis.

Rayée et (presque) de toutes les couleurs

On la surnomme également serpent-jarretière, en français. Pourquoi ? Et bien parce qu’elle possède trois bandes claires, une sur chaque flanc, et une autre au milieu du dos. Ces rayures ont évoqué à ceux qui l’ont baptisée, les motifs des jarretières que les gens portaient beaucoup au début du XXème siècle et qui permettaient aux bas et aux chaussettes de ne pas glisser le long des jambes au cours de la journée. Tiens, prends les jumelles, pour mieux l’observer, sans la déranger. Elle est de belle taille, je dirais qu’elle mesure bien 70 cm de long, à vue de nez. C’est donc très probablement une femelle ! Elles sont toujours plus grandes que les mâles, qui atteignent en moyenne entre 45 et 65 cm de long.

Outre ses bandes claires qui sont d’un beige presque jaune, le reste de son corps tire sur le vert-olive, et on peut voir un damier noir se dessiner sur ses écailles. Mais d’un individu à l’autre, les couleurs changent beaucoup ! Certains sont très clairs, presque beiges et d’autres, sont presque entièrement noirs. En tout cas, on reconnaît bien que c’est une couleuvre. Tu vois ses yeux ? Ils sont bien grands, ronds et orangés. Ses pupilles sont bien rondes également, alors que chez les vipères, la pupille est fine et verticale, un peu comme celle des chats. Et puis, notre couleuvre a de très grosses écailles sur la tête, alors que chez les vipères, elles sont plus petites.

Un serpent très adaptable

La couleuvre rayée est un serpent très répandu. C’est même l’un des plus courants en Amérique du Nord. On la trouve presque partout au Canada et aux États unis et elle peut vivre dans des milieux très différents…des plaines, des forêts, des rochers… On la croise aussi en ville, pas loin des habitations, comme ici. Elle aime bien les zones humides, car elle raffole des amphibiens ! Grenouilles, crapauds et leurs œufs figurent tout en haut de son menu. Notre couleuvre ne fait pas que dormir au soleil, elle nage aussi très bien et s’aventure donc volontiers dans les lacs et rivières à la recherche d’un casse-croûte! Quand elles sont plus jeunes, les petites couleuvres se gavent de vers de terre ! Mais globalement, elles s’adaptent, et mangent un peu tout ce qu’elles trouvent, des œufs, aux insectes en passant par les petits mammifères.

Même si elle a l’air inactive, le printemps est en réalité une période intense pour notre couleuvre. Car c’est une période de reproduction ! Peut-être que notre héroïne du jour attend déjà des petits. Si c’est le cas, elle accouchera de serpenteaux entièrement formés à la fin de l’été. Chez les serpents jarretières, les accouplements ont lieu au sortir de l’hibernation. Et oui, les reptiles, comme les lézards, les serpents et les tortues, dépendent de la température extérieure pour être actifs ! Quand le froid se fait plus mordant, à la fin du mois d’octobre, le plus souvent, les couleuvres rayées se cherchent un hibernaculum, un endroit douillet, bien caché, où passer l’hiver, et dont la température se maintient au-dessus de zéro degrés, pour ne pas geler. Elles y restent jusqu’au mois d’avril environ.

Une saison des amours agitée !

Les mâles sortent souvent d’hibernation en premier, se réchauffent pour être actifs et attendent que les femelles émergent à leur tour. Les mâles produisent alors des phéromones, des odeurs, qui vont attirer les femelles jusqu’à eux. Mais, très vite, le rendez-vous devient très animé. Les femelles se retrouvent encerclées par des dizaines de mâles, et tout ce petit monde forme des boules entremêlées, qu’on appelle « boules d’accouplement » le temps de trouver leurs partenaires ! Des scientifiques ont observé que certains mâles d’une autre espèce, cousine de nos couleuvres rayées émettent des phéromones, qui les font passer pour des femelles. Ainsi, ils attirent leurs concurrents et les écartent des vraies femelles, avant de revenir aussi vite que possible pour s’accoupler avec leurs partenaires en premier ! Cette technique trompeuse fonctionne à merveille, puisque ces mâles tricheurs s’accouplent avec plus de femelles que les autres mâles.

La couleuvre rayée reconnait sa propre odeur

Tu l’auras compris, nos couleuvres, comme les autres serpents, utilisent énormément les odeurs pour communiquer. C’est d’ailleurs ce qu’elles font quand elles tirent la langue, ce n’est pas pour se moquer ou pour nous effrayer. En humant l’air avec leur langue, elles captent les phéromones et les analysent. D’ailleurs, une étude récente, parue en 2024, a montré que nos couleuvres rayées savent reconnaître leur odeur. Cela voudrait dire qu’elles différencient leur parfum de celui de leurs congénères et qu’elles ont conscience de leur corps. Incroyable n’est-ce pas ? Lors de cette étude, les scientifiques ont fait sentir aux couleuvres leur propre odeur, ainsi que leur odeur, modifiée par l’ajout d’huile d’olive. Les serpents sortaient davantage la langue en présence de leur odeur modifiée, ce qui révèle que ces animaux sont curieux et analysent longuement une odeur inhabituelle. Ces études sur les odeurs révèlent que nos couleuvres rayées font attention au parfum et donc à l’identité des autres serpents qu’elles croisent. Plutôt surprenant pour des animaux solitaires, non ? Et si, nous nous étions trompés, et que nos couleuvres étaient finalement bien plus sociales que ce que l’on imaginait ?

Pas si solitaire que ça…

Il existe à l’heure actuelle très peu de recherches sur l’intelligence des serpents, et sur la manière dont ils vivent avec leurs congénères. Sans doute, parce que les humains les ont surtout considérés comme dangereux plutôt que comme dignes d’intérêt. Des découvertes récentes, parues entre 2020 et 2023 montrent que nous nous sommes lourdement trompés ! Alors que nous pensions que les serpents étaient des animaux exclusivement solitaires, qui ne se croisent que brièvement le temps de la reproduction, des données observées chez nos couleuvres rayées prouvent le contraire !

Les scientifiques Morgan Skinner et Noam Miller ont placé des groupes de 10 jeunes couleuvres rayées dans un enclos, avec 4 abris placés à des endroits distincts. Chaque individu était reconnaissable grâce à un ou plusieurs points de couleur peints sur sa tête. Ils ont laissé intéragir les jeunes couleuvres entre elles pendant 8 jours, et ont observé avec attention, qui allait dormir avec qui, et pendant combien de temps. Les chercheurs ont découvert que les jeunes serpents préféraient se réunir dans l’abri qui contenait le plus grand nombre de congénères. Plus on est de fous, plus on rit ! Mais attention, chaque serpent ne s’associe pas avec n’importe quel autre individu. Ils choisissent les serpents avec qui ils passent du temps: en d’autres termes ils ont des amis qu’ils préfèrent, et avec qui ils se retrouvent pour se reposer, mais aussi pour explorer ! Eh oui, les petites couleuvres rayées sortent à plusieurs. Les scientifiques bougeaient parfois les emplacements des abris, et dérangeaient donc les serpents qui étaient forcés de bouger et de sortir. À chaque fois, les groupes d’ami.e.s se reformaient, à l’identique !

À chaque couleuvre, sa personnalité !

Mais ce n’est pas tout. Les scientifiques ont testé certains traits de personnalité des serpents, c’est-à-dire comment chaque individu réagit dans une situation donnée. Ils ont ainsi estimé la socialité des jeunes couleuvres, en regardant le temps qu’elles passaient seules ou avec d’autres serpents, et mesuraient également leur capacité à l’exploration, en chronométrant le temps qu’elles passaient en dehors de leur abri. Et bien, tous nos petits serpents ne réagissent pas pareil: certains sont plus aventureux et explorent leur enclos, alors que d’autres préfèrent largement passer du temps dans leur abri. Tout comme nous, chaque individu est différent et cela se ressent dans leur comportement ! Et leur attitude change selon leur sexe et leur âge. Les femelles ont tendance à passer plus de temps ensemble et les plus âgées d’entre elles, guident les autres. Les mâles, eux, en vieillissant, deviendraient de plus en plus solitaires.

En tout cas, une chose est sûre, ces études bouleversent nos idées préconçues sur les serpents, qu’on imagine vivant seuls et ne croisant jamais leurs congénères.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Guinee Equatoriale, suivez Africa-Press

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