Changement climatique : l’ONU pointe l’aide largement insuffisante des pays riches pour aider les autres

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Changement climatique : l’ONU pointe l’aide largement insuffisante des pays riches pour aider les autres
Changement climatique : l’ONU pointe l’aide largement insuffisante des pays riches pour aider les autres

Africa-Press – Guinee Equatoriale. À quelques semaines de la COP28 qui aura lieu à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre 2023, le programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a choisi ce titre pour son rapport calculant les besoins des pays en voie de développement en matière d’adaptation au changement climatique et les flux réels d’aides en provenance des pays développés. Ce fossé était déjà très large, il devient abyssal. Dans ce document publié le 2 novembre, les besoins sont actuellement dix fois supérieurs aux montants des aides accordées par les pays riches et l’écart devrait s’accroître au cours de la prochaine décennie avec des apports 18 fois plus faibles que les besoins.

L’adaptation, le parent pauvre des politiques climatiques

L’adaptation est le parent pauvre des politiques climatiques. Alors que l’atténuation des gaz à effet de serre par l’abandon des énergies fossiles et le développement des énergies renouvelables s’accélère, les travaux nécessaires pour adapter l’habitat, les infrastructures, les économies, l’agriculture aux canicules, inondations, tempêtes, sécheresses sont sous-dotés et ne progressent pas. Les experts auteurs du rapport du PNUE ont examiné les actions qu’il faudrait entreprendre dans chacun des pays pour diminuer ces impacts. Cette tâche a été d’autant plus facilitée que cinq pays en voie de développement sur six ont élaboré une stratégie ou une planification d’adaptation listant les actions à mener sur leur territoire.

Résultat : les besoins actuels sont estimés à 200 milliards d’euros par an pour cette décennie. Ils devraient grimper à 360 milliards d’euros annuels au-delà de 2030, tout simplement parce que les pertes et dommages vont augmenter avec la hausse des températures et l’exacerbation des phénomènes météorologiques. Par comparaison, les besoins de la France pour ce secteur ont été estimés à 3,2 milliards d’euros par an.

Des circuits financiers mal conçus, des pays donateurs méfiants

En face, l’aide internationale publique est actuellement inférieure à 20 milliards d’euros par an et elle a baissé depuis 2019. Lors de la COP26 à Glasgow en 2021, la communauté internationale s’était engagée à doubler ce montant d’ici à 2025. Or on en est loin et il faudrait que les pays donateurs augmentent leur aide de 16% par an entre 2022 et 2025 pour atteindre cet objectif pourtant bien en dessous des besoins réels. Les causes de cet échec sont bien identifiées : les circuits financiers sont mal conçus pour ces types de projets. Ceux-ci, qu’ils concernent l’ingénierie mais aussi les politiques sociales (aides aux plus démunis, égalité homme/femme, programmes de santé et d’éducation), souffrent d’être peu définis et encadrés, et les donateurs craignent que l’argent soit mal dépensé où n’arrive pas à ceux qui en ont besoin.

C’est pourquoi le rapport du PNUE préconise de revoir les circuits de financement, de cibler plus précisément les flux financiers vers des projets qui réduisent effectivement les émissions de gaz à effet de serre, d’apporter une aide plus conséquente aux petites et moyennes entreprises qui constituent l’essentiel du tissu économique des pays du Sud et enfin de favoriser les apports des populations migrantes vers leur pays d’origine.

Car, souligne le PNUE, ces flux financiers sont extrêmement rentables. Le rapport indique ainsi qu’un milliard d’euros investi dans la protection des littoraux contre les inondations marines génère une réduction de 14 milliards de pertes économiques. 15 milliards d’euros investis tous les ans dans l’adaptation de l’agriculture permettrait d’éviter que 78 millions de personnes souffrent de la faim du fait des impacts climatiques sur les cultures.

Un fonds “pertes et dommages” difficile à mettre en place

Ces préconisations rejoignent les actuelles négociations sur le fonds dédié aux “pertes et dommages” créé en 2022 lors de la COP27 à Charm-el-Cheikh en Egypte. Les pays en voie de développement, principalement situés sur la ceinture tropicale la plus affectée par le changement climatique, ressentent en effet déjà fortement son influence. Selon une étude internationale, les 55 pays les plus sensibles au changement climatique ont d’ores et déjà perdu près de 500 milliards d’euros ces 20 dernières années. Cela représente 1/5ème de PIB détruit, ou, selon une autre façon de montrer les choses, ces pays seraient 20% plus riches s’il n’y avait pas de changement climatique. Or, ces Etats ne sont pas responsables des émissions passées de gaz à effet de serre et ne représentent qu’une infime partie de ceux qui sont émis aujourd’hui.

Le fonds “pertes et dommages” a bien du mal à sortir des limbes. Les dernières réunions internationales pour la création de ce nouveau système d’aides se sont soldées par des échecs sur l’organisation même de ce nouveau guichet avec une nouvelle opposition entre pays pauvres et pays riches. Les pays donateurs veulent en effet que le fonds soit hébergé par la Banque mondiale quand les pays pauvres demandent une structure indépendante dédiée à la réparation des dommages qui ne soit pas noyée dans l’aide internationale existante qui fait d’ailleurs elle-même l’objet de difficiles négociations pour sa réforme en profondeur.

“Les discussions sur l’organisation du fonds «pertes et dommages» piétinent parce que les pays riches dressent trop de lignes rouges et déploient peu de volonté politique d’arriver à un compromis, dénonce ainsi Brandon Wu, directeur des campagnes à Action Aid, une ONG américaine. Au lieu de cela, ils jouent avec les vies et les conditions d’existence des pays vulnérables et des communautés qui subissent les catastrophes.” À Dubaï, la COP28 parlera donc beaucoup d’argent, ce qui a toujours été le cas dans les négociations climat mais qui prend désormais de l’ampleur devant la hauteur des besoins, la difficulté d’y répondre et les mécanismes à mettre en œuvre pour réparer les dégâts et éviter les pertes futures.

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