CHRONIQUE. Rétractation D’Un Article Plus de 4 Ans Après Sa Publication !

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CHRONIQUE. Rétractation D’Un Article Plus de 4 Ans Après Sa Publication !
CHRONIQUE. Rétractation D’Un Article Plus de 4 Ans Après Sa Publication !

Africa-Press – Guinee Equatoriale. Un article controversé et signé, entre autres, par le professeur Didier Raoult, a été rétracté le 16 décembre dernier. Paru en mars 2020, au début de la pandémie de Covid-19, il portait sur les prétendus effets curatifs de l’hydroxychloroquine. À une époque où l’on se trouvait tous dans l’expectative d’un traitement efficace, il ouvrait des perspectives salutaires au grand public soucieux de sa santé et peu familier de la démarche scientifique.

Pourtant, très tôt, des chercheurs soulignèrent les multiples infractions aux bonnes pratiques qu’il contenait. Rappelons que l’étude portait sur 26 patients, ce qui à l’évidence était trop faible pour apporter une réponse fiable dans le cas d’une maladie dont le taux de létalité était, à l’époque, de l’ordre de 5 %. En effet, 5 x 26 % = 1,3, ce qui fait un peu plus d’un mort statistique sur l’échantillon… La faute à pas-de-chance !

Qui plus est, 6 des 26 patients traités ont été arbitrairement retirés de l’étude, dont un a succombé et deux sont allés en réanimation. Enfin, le placement des sujets dans le groupe placebo n’était ni aléatoire, ni fait en double aveugle, ce qui signifie que les médecins savaient qui avait été traité. De surcroît, les conflits d’intérêts avec la revue en question, International Journal of Antimicrobial Agents, étaient manifestes puisque deux des coauteurs sont membres de son comité éditorial.

Une incapacité à convaincre le grand public

Compte tenu de ces entorses à l’intégrité scientifique, l’étude aurait dû être récusée très tôt. Soulignons qu’on engage des procédures de rétractation dans trois cas de figure: une erreur de bonne foi, une fraude ou une appropriation indue du travail d’autrui, par exemple un plagiat.

Ici, nous nous trouvons à l’évidence – et, point n’est besoin d’être un spécialiste pour s’en convaincre ! – dans le second cas de figure. Comment se fait-il qu’il ait fallu attendre quatre ans pour s’en rendre compte ? Il faut le déplorer. Mais, il faut plus encore déplorer l’incapacité qu’ont eue les scientifiques invités dans les médias à en convaincre le grand public.

Par Jean-Gabriel Ganascia, professeur à Sorbonne Université, à Paris, chercheur en intelligence artificielle au LIP6 (Sorbonne Université, CNRS), ex-président du comité d’éthique du CNRS. Dernier ouvrage publié: L’I.A. expliquée aux humains, Seuil, 2024.

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