Découverte sur le sommeil : nous sommes capables de répondre aux sollicitations extérieures tout en dormant

6
Découverte sur le sommeil : nous sommes capables de répondre aux sollicitations extérieures tout en dormant
Découverte sur le sommeil : nous sommes capables de répondre aux sollicitations extérieures tout en dormant

Africa-Press – Guinee Equatoriale. Cela semble assez logique de penser que lorsque nous dormons, nous sommes “déconnectés” de notre environnement extérieur. Or la réalité est plus complexe. C’est ce que met en évidence une étude menée par Delphine Oudiette, chercheuse à l’Inserm (en collaboration avec l’Inserm, le CNRS, la Sorbonne Université et l’AP-HP) et parue le 12 octobre 2023 dans la revue Nature Neuroscience. En effet, il existe des moments où, même endormis, nous sommes parfaitement capables de comprendre et communiquer avec l’extérieur.

Le sommeil, un état d’une grande complexité

“Même s’il nous parait familier car nous nous y abandonnons toutes les nuits, le sommeil est un phénomène très complexe. Nos recherches nous ont appris que la veille et le sommeil ne sont pas des états stables : ils s’apparentent l’un et l’autre à une mosaïque de moments conscients… et de moments qui ne semblent pas l’être”, explique dans un communiqué le Pr Lionel Naccache, neurologue à l’hôpital Pitié-Salpêtrière AP-HP et co-auteur de l’étude.

Les phases du sommeil

Pour des personnes ne souffrant pas de trouble de sommeil particulier (insomnie, parasomnie, etc.), la nuit se déroule en deux grandes phases distinctes qui s’enchainent. La première est appelée “sommeil lent” : elle est elle-même divisée en trois – l’endormissement, suivi du sommeil lent léger et du sommeil lent profond. C’est ce dernier qui est très important pour la récupération, le repos et la régénération cellulaire.

La deuxième phase, tout aussi complexe, est appelée “sommeil paradoxal”. Elle est caractérisée par des muscles complètement relâchés, mais une activité cérébrale très riche. Ce serait dans cette phase que nous rêvons le plus.

Le cas particulier du rêve lucide

Dans une étude précédente, publiée dans la revue Current Biology en 2021, Delphine Oudiette et son équipe étaient parvenues à démontrer qu’il est possible d’interagir avec des rêveurs lucides. Le rêve lucide est un stade très particulier de sommeil paradoxal. Il s’agit d’un état psychologique durant lesquels les dormeurs sont conscients de rêver. Certains parviennent à prendre le contrôle du “scénario” du rêve, un peu à la manière de Dom Cobb, le protagoniste du célèbre film Inception de Christopher Nolan (2010).

De nombreuses fois étudié, il apparait que l’individu faisant un rêve lucide est capable de communiquer avec le monde extérieur, de réagir en fonction des stimuli proposés. “L’une de nos précédentes études avait montré qu’une communication à double sens, de l’expérimentateur vers le rêveur et vice-versa, est possible au cours du sommeil paradoxal lucide, précise Delphine Oudiette dans un communiqué. À présent, nous souhaitions savoir si ces résultats pouvaient être généralisés à d’autres stades de sommeil et chez les individus qui ne font pas de rêves lucides.”

Une expérience aux résultats étonnants

Forte de ces constatations, l’équipe française a voulu vérifier une hypothèse : et si, les dormeurs, ayant un sommeil “classique”, étaient également capables de comprendre des questions posées, et ce, peu importe les stades dans lesquels ils sont plongés ? Les scientifiques ont alors réuni deux cohortes de patients : d’un côté, 22 personnes n’ayant aucun problème de sommeil, et de l’autre, 27 individus narcoleptiques, beaucoup plus à même de réaliser des rêves lucides.

Pour les deux groupes, la consigne était la suivante : ils devaient réagir à l’écoute de vrais mots et de mots inventés, et contracter les muscles du visage en conséquence. Un sourire pour un mot connu et un froncement de sourcils pour un mot inventé. Des capteurs étaient placés sur le visage des patients afin d’enregistrer l’activité musculaire. Les résultats de cette expérience sont édifiants : pour les personnes narcoleptiques, qui s’endorment plus rapidement et tombent facilement dans le sommeil paradoxal, elles distinguent les vrais mots des mots inventés et réagissent correctement… et c’est aussi le cas chez les personnes sans trouble de sommeil !

“Nous étions capables de prédire si la personne allait nous réagir ou pas”

“Quel que soit le groupe de participants, les réponses se notent de temps en temps de manière transitoire”, nous explique Başak Türker, co-autrice de l’étude. Ce phénomène n’apparait pas tout le temps, d’où la qualification de transitoire. “C’est un peu comme s’il y avait des fenêtres d’opportunités pendant lesquelles une personne est plus réceptive à la communication. En étudiant les ondes cérébrales des dormeurs, nous étions capables de prédire si la personne allait nous répondre ou pas. Les participants étaient plus enclins à réagir lorsque leur activité cérébrale était à la fois complexe et rapide”, détaille-t-elle.

Cependant, les personnes narcoleptiques ayant déclenché des rêves lucides (ce qui n’arrive pas à chaque fois) étaient capables, à leur réveil, de se souvenir d’avoir entendu les vrais mots ou les mots inventés et d’avoir réagi, ce qui n’était pas le cas pour les autres participants. Ces derniers ne se rappelaient pas du tout avoir interagi. “Il est possible que les participants non narcoleptiques aient oublié qu’ils avaient répondu pendant leur sommeil. Cela nous arrive parfois de nous réveiller au milieu de la nuit pour répondre à un message mais de nous rendormir aussitôt : nous ne nous rappelons pas forcément le lendemain matin avoir envoyé un message. Nous pouvons imaginer une chose similaire pour ces réponses transitoires dans le sommeil”, précise Başak Türker.

Pour plus d’informations et d’analyses sur la Guinee Equatoriale, suivez Africa-Press

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here