Africa-Press – Guinee Equatoriale. Tristesse, fatigue, problèmes d’appétit, troubles du sommeil, anxiété, tous ces symptômes peuvent exister séparément, et sont même assez courants dans la vie d’un individu. Pourtant, associés de manière durable, ils définissent la dépression, une maladie souvent mal comprise qui, contrairement à certaines idées reçues, ne disparait pas spontanément après quelques efforts et un peu de sport, et nécessite le plus souvent un traitement long. Mais lequel ?
En effet, les différentes caractéristiques de cette maladie peuvent s’exprimer de manières très hétérogènes en fonction des patients, de leur âge, leur environnement, leur milieu culturel, etc. Si certains types de dépression, comme la dépression post-partum ou la dépression mélancolique, sont souvent bien documentés et traités de manière efficace, une grande partie des patients dépressifs ne répondent pas aux traitements usuels. Un problème qui a poussé Leanne Marie Williams, professeur de psychiatrie et sciences comportementales à l’université de Stanford, à s’intéresser aux différents biotypes, c’est-à-dire aux sous-groupes, de la dépression clinique. Dans une étude publiée dans le JAMA Network Open, son équipe identifie un biotype cognitif, qui pourrait en partie expliquer ce faible taux de réponse aux traitements chez les patients dépressifs.
“Les troubles cognitifs peuvent être une conséquence, mais aussi un moteur de la maladie”
Il y a rarement une seule cause fondamentale à la dépression. “Le biotype cognitif est un sous-groupe de la dépression clinique dans lequel les problèmes cognitifs sont prédominants”, explique Leanne Williams. “Si ces problèmes cognitifs ne sont pas traités, l’individu n’obtiendra pas d’amélioration de son fonctionnement ou de ses autres symptômes, y compris l’humeur dépressive”. On appelle troubles cognitifs “le ralentissement général des fonctions cognitives, se traduisant par des difficultés de concentration, dans la prise de décision, ainsi que des problèmes de mémoire, qui souvent altèrent les fonctions sociales et professionnelles”, précise Jean-Luc Martinot, pédopsychiatre, directeur de recherche Inserm au Centre Borelli (ENS, Paris-Saclay). On retrouve ces troubles dans tous les types de dépression, mais dans le biotype cognitif, ils ne sont plus seulement “une conséquence, mais aussi un moteur de la maladie”, insiste la co-auteure de l’étude.
Pour mesurer l’efficacité des antidépresseurs les plus prescrits (l’escitalopram, la sertraline et la venlafaxine), l’équipe de Leanne Williams a mené des tests sur près de 1.000 patients souffrant de dépression majeure. En mesurant certaines aptitudes cognitives avant, et après deux mois de prise de traitement antidépresseur, les chercheurs montrent que 27% des patients présentent toujours une déficience cognitive globale à la fin de l’essai.
Développer des tests permettant à chaque patient de recevoir un traitement adapté à son biotype
Comment expliquer que plus d’un tiers des participants ne répondent pas au traitement ? Pour Leanne Williams, la réponse est simple. “Il serait surprenant qu’un seul traitement soit efficace pour toutes les personnes souffrant de dépression clinique”. Les antidépresseurs ne ciblent pas directement les troubles cognitifs, mais vont plutôt jouer un rôle sur la régulation de la sérotonine (molécule impliquée notamment dans la régulation de l’humeur). “Ce sont différentes régions du cerveau qui seront touchées en fonction du biotype de dépression”, explique Rocco Marchitelli, ingénieur de recherche au Centre Borelli. Il utilise l’imagerie cérébrale fonctionnelle pour étudier les régions du cerveau impliquées dans les différents symptômes dépressifs. “Par exemple, plus il y a des signes de tristesse profonde ou douleur morale, plus on observe de ralentissements fonctionnels dans la région limbique du cerveau, qui joue un rôle majeur dans la régulation des émotions”. De même, les troubles cognitifs impliquent des altérations fonctionnelles du cortex préfrontal.
En utilisant des mesures neuroscientifiques comme l’imagerie, il serait possible d’identifier directement le biotype de dépression de chaque patient, afin d’adapter le traitement et éviter les prescriptions inefficaces. “Le but de cette étude et de pouvoir mettre à disposition des tests permettant d’administrer des traitements plus efficaces à chaque personne souffrant de dépression plus rapidement que ce n’est le cas actuellement”, confirme la chercheuse.
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